la créature incomprise

l'enfant de la lune (partie 12)

Lorsque la garde céleste fut entièrement réveillée, le groupe d'ange ne tarda pas à se mettre en route. Il était tard, à peu près 10h. La garde céleste n'avait pas l'habitude d'être aussi tardive, mais leur fainéantise s'expliquait facilement : ils étaient encore fatigué de leur premier combat. Ne pensez pas que les anges soit tellement fainéant, mais un combat n'est jamais facil, surtout ce genre d’entraînement. Un combat tel que celui-ci, habituellement, est accompagné d'une semaine de convalescence amplement méritée.

Le groupe était triste, et ça se voyait. Auror, pourtant tellement rayonnante par habitude était triste et morose. Henry cherchait encore et toujours à rabaisser Nolhan. Alpha et Oméga en tant que cygne perçoivent les humeurs des autres, et Rob était comme d'habitude neutre, sobre, enfin, ne ressentait rien.

Nolhan était à l'avant, à l'écart. Même Auror ne venait pas le retrouver. Alpha et Oméga étaient occupés à tenter, par des moyens angélique bien sûr, de remonter l'humeur générale, et Rob semblait dans ses pensées. Henry était lui aussi tout seul, mais lui était derrière Auror, le regard vague.

« Nolhan, est ce que tu pourrais m'aider ? » demanda Rob , sur un ton tout à fait neutre. Il venait de monter à sa hauteur et semblait être préoccupé par quelque chose.

Nolhan ne voulut pas répondre, mais ne voulait surtout pas paraître encore plus de mauvaise humeur qu'il ne l'était déjà. Il répondit donc d'un simple hochement de tête, bref et discret.

« En réalité, j'ai plusieurs questions. J'aimerai (aimerais?) déjà savoir pourquoi Auror t'évite.

-Comment ça elle m'évite ?

-Tu n'as pas remarqué ? Pourtant c'est flagrant : depuis hier elle ne t'a pratiquement rien dit. Habituellement elle essaie le plus possible d'être avec toi, mais depuis hier ne t'approche plus.

-Tiens c'est vrai... Je n'avais même pas remarqué... Je suis désolé Rob, je ne sais pas du tout.

-Tu n'as pas besoin d'être désolé, ce n'est pas grave du tout, c'est juste que je me demandais.

-Ce n'est pas que pour ça que je suis désolé. J'ai l'impression que je change, comme si je découvrais un nouveau pouvoir, un pouvoir puissant et incontrôlable.

-Explique moi sa.

-J'ai eu hier plusieurs visions, toutes sur Auror. Et avant, j'ai fait un rêve sur un ange noir. Tout cela me fait peur...

-Explique moi un peu plus ce que tu as eu comme vision hier, après nous verrons. »

Nolhan lui raconta donc tout ce qu'il avait vu, la larme de dragon, la bataille, et le comportement plus qu'étrange de la dragon, et finit par lui faire part de ses inquiétudes stupides. Toute la nuit il avait réfléchi à la signification de la larme de dragon blanche tandis que le dragon était de feu. Il en était arrivé à une conclusion plus que désagréable, rien qu'à imaginer, mais qui en plus était impossible : Auror était une démone.

«N'importe quoi, Auror est plus ange que toi ou moi, ou qui que se soit d'autre.

-Tout à fait d'accord. Oublions ce que je viens de dire, c'est tout à fait stupide. Tu voulais me poser une autre question ?

-Ah, oui : j'ai fini le prototype de mon amplificateur, mais il ne marche pas. J'ai refait mes calculs, et ils sont tous justes. Moi je pense qu'il y a un problème de retranscription de la magie, et Auror et Henry pensent qu'il y a un souci de changement de puissance ou de captation de magie. A chaque fois, et pour les trois cas, j'ai tenté d'améliorer mon amplificateur, mais sans succès. Tu n'aurais pas une autre hypothèse que celle que j'ai déjà énoncée ? »

A la fin de cette question, Rob chercha dans sa petite besace une petite bague, très fine. Une simple bague d'or blanc, métal qui, tout le monde le sait, est conducteur à la magie. Il l'a présenta à Nolhan, qui la prit, puis demanda de quoi il s'agissait. Rob parut légèrement offusqué et répondit que c'était son amplificateur, puis se mit à rire et expliqua qu'il avait rétrécie le modèle, qui au début était un bracelet, pour obtenir une bague qui selon lui serait plus pratique.

Nolhan hocha la tête et la mit à son doigt. »

*

« Alors ? qu'est ce que tu en pense ? lance un sort pour voir. »

Nolhan s' exécuta. Il lança un simple sort d'apparition, enfin, simple, il fit apparaître une rose au bout de ses doigts.

« Elle est magnifique... Tu as sentit quelque chose ? »

Nolhan regarda la rose intensément. Elle semblait l'attirer irrésistiblement. Rob s'impatienta quelque peu et reposa sa question. Nolhan sortit de sa torpeur et répondit que rien n'avait changé. Rob semblait déçu, il baissa les yeux, il paraissait triste. Et Nolhan ne fit rien pour le réconforter. En réalité, il ne pouvait rien faire, mais il ne voulait rien faire non plus.

Sa tête se mit à lui faire mal, elle se remplit d'images tristes, déstabilisantes, une image des bleus, le groupe d'anges qu'ils devaient retrouver. Une image qui pouvait bouleverser l'histoire du petit groupe de la garde céleste : un champ de bataille recouvert de sang, d'armes, de morceaux de vêtements, des morceaux de tantes et d'outils, de corps en charpie. Nolhan n'avait jamais ressenti une tel douleur, et il ne pouvait pas lutter contre cette même douleur qui allait sans doute le tuer.

Nolhan s' écroula dans les bras de l'inventeur, puis sa marque se mit à rougir. Auror, les jumeaux, et Henry arrivèrent en courant. Aucun des anges présent ne savait ce qui s'était passé et tous cherchèrent un remède : Rob se mit à confectionner un petit lit mécanique(sort qui ne brisa pas son lien avec la trône), Henry s'entoura d'un rayon de lumière et revêtit son armure et son anneaux. Pour deux raisons : la première est que le pouvoir aquatique de l'anneau est vitalisant, la seconde et qu'il s'agit peut être d'une attaque de démon et qu'il valait mieux être près. Auror se pencha sur son ancien élève malgré sa volonté de s'éloigner de lui, elle lui prit la main et tenta de lui parler.

Alpha et Oméga se mirent à genoux, et tendirent tout deux leurs mains droite au dessus du cœur de l'assassin, et la main gauche au dessus de sa tête. Ensuite il fermèrent les yeux.

Nolhan rouvrit les yeux, des yeux sans iris. Les jumeaux ouvrirent en même temps les leurs, également blanc. Puis Nolhan les referma et les cygnes se mirent à crier de douleur.

« Henry, protège les alentours ! Rob, appelle Oriane en urgence et demande lui de contacter Lero ! »

Les deux anges répondirent tout deux par un oui instinctif. Auror s'entoura de lumière et revêtit son armure, en cas d'attaque, puis elle coucha les jumeaux à côtés de l'assassin. Les trois étaient à présents silencieux, mais gardaient les yeux fermés et un visage crispé de douleur intense.

Auror se pencha a nouveau au dessus du visage de Nolhan et constata que sa marque d'assassin sur sa main était passé du rouge flamboyant au jaune électrique, et quand je dit électrique, la dague et la goutte dégageaient de petits éclairs.

Les jumeaux ne bougèrent plus, comme endormi, tandis que Nolhan restait immobile.

*

Après Auror, Nolhan vit Rob, mais à sa grande joie, le Rob présent dans cette nouvelle vision n'avait pas changé son aura, ni même beaucoup son apparence : il était toujours de la même taille, les cheveux de la même couleurs, les mêmes lunettes... En revanche, il s'était très bien arrangé : il était coiffé, avait une très belle redingote rouge feu et brillante comme le soleil d'un côté, et blanc éclatant de l'autre , avec un pantalon noir et des bottes qui montent jusqu'aux genoux, d'un rouge de la même couleur que sa veste. Il avait une chemise blanche, ainsi qu'une touffe de volcanciel, des gants de cuir magnifique, rouge aussi, des épaulière majestueuses. Il a également une ceinture de cuire très bien décorée et une autre ceinture de l'épaule gauche au flan droit. Il n'avait cependant pas les mêmes pouvoirs que d'habitude vu qu'il contrôlait la foudre.

Également contrairement à Auror, Rob avait gardé son esprit de joyeux intellectuel. Il était accompagné, comme je l'ai dit, d'un volcanciel. Ah, oui désolé : la touffe de volcanciel qu'il portait à son cou lui permet d'utiliser la créature du même nom, un peu comme la larme d'Auror. Un volcanciel est une créature magique qui n'est ni angélique, ni démoniaque, mais est tout aussi rare que les larmes de dragon. En effet, les démons tentèrent de rassembler toutes les touffes existantes sur terre, ainsi que tout leur maître. Et ils y sont parvenus, se fut d' ailleurs le motif de la première grande guerre. Ils ont donc récupéré toutes les touffes des volcanciel, tuèrent la créature qui vivait avec ainsi que son maître, qu'il soit ange ou démon, puis lancèrent un sort sur les touffes afin qu'elles donnent des pouvoirs à son porteur, dont la remise à la vie du volcanciel. Une fois le sortilège accomplie, ils firent des colliers de ces touffes, et les donnèrent à quelques rares démons puissants et célèbre. Malheureusement pour eux, leur puissance acquise leur montant à la tête, la plupart des possesseurs de ces artefacts furent détruit ainsi que les colliers. Quelques rares, mais vraiment très rares touffes furent perdu tout simplement.

Les volcanciels sont des créatures quadrupèdes volantes, constituées de roches volcanique et de feu. L'un de leur bras est muni d'une pince, l'autre d'une simple main.

Rob parlait tranquillement avec son volcanciel, tout en bidouillant quelque chose sur une petite machine très bizarre. Le volcanciel semblait être heureux, et malgré son sourire enflammé et sadique, était lumineux de joie.

A ce moment là apparu un autre ange : Henry. Il était torse nu, avec un pantalon noir et des bottes, cette fois plus courte et noir également, à part ça, il n'avait pas tellement changé, mis à part peut être que sa masse musculaire s'était énormément améliorée. Ils avait en effet beaucoup d'abdominaux, et pas mal de muscles. Lui aussi semblait avoir acquis de nouvelles capacités, vu que plusieurs animaux le suivaient constamment.

Rob et Henry se mirent à parler, et le volcanciel de Rob disparut. Henry était comme d'habitude grave, mais semblait serein.

Soudain, ils se firent attaquer, de toute part, par une multitude de démons. Rob réagit en faisant réapparaître son volcanciel, ouvrit sa main et fit apparaître une balle de foudre. Henry s'enflamma entièrement, sur tout le corps il avait des flammes rouges, mortel pour tout être trop proche. Derrière lui apparut un magnifique Phoenix, lui aussi recouvert de flammes rougeoyantes.

Malgré la puissance du merlin, de son Phoenix, de Rob et de son volcanciel, les deux anges ployaient sous le nombre écrasant d'adversaire, et ne purent se défendre très efficacement. Leur sort était sans aucun doute la mort.

*

Et c'est précisément à ce moment là que Nolhan sortit de sa torpeur. Auror était à côté de lui, endormie, sereine... Les jumeaux étaient encore couchés de l'autre côté. Rob et Henry dormaient eux aussi. Nolhan remarqua à se moment là que la lune venait de passer son zénith.

Il se rapprocha du feu, dans l'envie profonde de lumière et de chaleur. La garde céleste avait fait halte dans une petite forêt enneigée. Nolhan ne put s'empêcher de vérifier ses pouvoirs, aussi fit-il apparaître un simple couteau, qu'il envoya contre un arbre en fasse de lui, à travers le feu, puis le fit disparaître. Soudain, il sentit un vent frais, le vent que la lune dirige, celui qui ne pourra jamais donner froid, jamais donner chaud. Ce vent maternelle qui provient du céleste, le vent du lounar. Une créature mythique, au même titre que le volcanciel ou le Phoenix, le monstre angélique de la lune, le monstre de la nostalgie et des sentiments.

Nolhan disparut tout juste à temps, évitant ainsi le regard perçant de la lune froide et de son enfant. Le lounar qui venait d'apparaître était magnifiquement majestueux. Il était de la couleur de la lune dans une nuit sans étoile : créature merveilleuse, puissante et immortel.

Le lounar ne resta pas longtemps sans réponse à ses appelles belliqueux, Nolhan reparut, et le loup de la nuit lui sauta dessus, les crocs sorties et les griffes aiguisés. Nolhan revêtit son armure à l'épée lourde et au bouclier, et se protégea de ce dernier. Le lounar ne se laissa pas impressionner, et fit disparaître, tout simplement le bouclier.

Nolhan fut immédiatement envoyé par terre. Ne connaissant pas les créatures magiques plus qu'il ne l'avait lu dans la bibliothèque, il connaissait à peine son nom. Malheureusement, un nom ne suffit pas pour combattre une créature, d'autant plus si cette dernière fait disparaître toutes armes lorsqu'elle entre en contacte de cette dernière. L'assassin se retrouvait donc désarmé avant même d'avoir commencé le combat. Il essaya toutes les armes : les dagues, épées, flèches, sabres,... Ne restaient que les armes magiques à tester : le sifflet et l'anneau. Cependant, le lounar ne sembla incommodé par aucune de ces armes, et continua d'attaquer sauvagement.

Nolhan se releva et se remit en garde, cette fois à poings nu. Le lounar ne se fit pas attendre, et bondit sur l'ange dont les yeux venaient subitement de s'illuminer. La seul sort qui avait été efficace jusqu'à présent était la disparition, donc aussi fort qu'il ne l'était, le lounar ne pouvait atteindre une chose inexistante, et, par conclusion, pouvait être attiré dans un piège.

Nolhan évita ce nouvelle assaut de la créature de la nuit, puis se refugia derrière un arbre. Son plan n'était pas de se cacher : il aurait pu simplement disparaître. Non, son plan était d'attirer le lounar sur l'arbre que l'assassin allait faire disparaître, puis de le faire reparaître afin que la créature se le prenne et soit assommée. Plan facile à mettre en œuvre, et qui contre toute attente fut réalisé avec succès.

*