3- Passé : Notre histoire n'a pas de fin

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2012

Cloîtré dans une chambre de bonne, Tobby ne parvenait pas à oublier Kamelya. Telle une musique obsédante, l'image envoûtait l'homme l'obligeant à se rendre à ses pensées lubriques et charnelles.

Son visage le hantait, voyant constamment ses yeux amande, sa bouche rouge vermeille, la perfection de ses traits, la douceur de sa peau.

Son odeur lui manquait. Il était en manque d'elle ! Un drogué privé de sa dose quotidienne, dépourvu de sa Kamelya. L'absence avait formé un trou béant dans son coeur.

Assis contre le dossier du lit, il renifla le haut rouge, celui qu'elle ne portait que pour lui. Son odeur avait disparu, ne laissant plus rien d'elle. Sur son ordinateur, il appuya sur play, faisant retentir le cri de Tobby, tel un animal en rut tandis que la belle déployait ses charmes à l'écran.

En boucle, il regardait les vidéos qu'il avait conservées d'elle lorsqu'ils faisaient l'amour. Où était-elle à présent ? Son besoin de la retrouver devenait obsésionnel.

La première fois qu'il avait vu Kamelya, il avait su tout de suite qu'ils allaient devenir amants. Comment ne pas succomber à sa beauté ? Ses yeux verts aux longs cils le narguaient, ses longs cheveux bruns, sa peau dorée, ses lèvres rose pâle, tout en elle le faisait vibrer. Ses hanches prononcées, sa poitrine parfaitement dessinée, ses mains, ses jambes élancées, le rendaient fou.

Chaque détail il s'en rappelait. Elle était devenue son oeuvre d'art ! La belle mesurait 1m70, chaussait du 38 et son tour de poitrine était 87 cm. Sa mélodieuse voix s'insinuait encore dans ses pensées. Le souvenir de ses sourires innocents scandait ses journées d'ennui. Elle ressemblait à sa mère Helena, mais en plus « fraîche ». Tobby avait quitté cette dernière peu de temps après le départ de Kamelya, ne supportant plus la présence de la première, et l'absence de la seconde. La bonne femme l'avait supplié de ne pas la laisser, mais il s'en fichait complètement, une seule chose l'obsédait : sa fille Kamelya. Pourquoi se contenter de la mère quand on a pu avoir la fille !

L'homme n'était parvenu à échapper à l'épreuve du temps, ses yeux et son front arboraient des rides. Il avait changé. Son visage abritait un regard lubrique, les sourires donnés aux femmes étaient courroucés. Il se sentait invincible. Il avait ce quelque chose qui attirait les femmes. Une démarche féline, presque désinvolte.

Là, dans cette chambre miteuse, il réfléchissait à la meilleure façon de procéder pour retrouver la belle. Leur histoire n'aurait pas de fin, elle ne faisait que commencer. Sur ce, l'homme dénicha une vieille bouteille de vin et cuva sa boisson avachi dans le lit.

Luke était à la maison pour son jour de repos, tandis que sa femme était sortie faire des courses. Le terme arrivait et celle-ci ne tenait plus en place. Samantha marchait, montait les escaliers deux à deux pour dilater le col. Le téléphone sonna. Il décrocha au bout de quelques secondes. Ses doigts pianotèrent d'impatience en écoutant son interlocutrice, soupirant de temps à autre. Il regarda sa montre, oscillant entre l'inquiétude et la joie. Le portable collé à son oreille, il courut sac à la main jusqu'à sa voiture et fonça jusqu'à l'hôpital. Jamais la route ne lui avait paru aussi longue. En trombe, il entra dans la maternité le cœur battant, un sourire béat sur le visage. Où aller ? Ce n'était pourtant le moment de perdre son sang froid, sa femme et sa fille avaient besoin de lui. S'ébouriffant les cheveux, ses yeux parcouraient la salle. Enfin, il se rua vers la table d'accueil, demanda presqu'en agressant l'hôtesse où se trouvait sa femme. Cette dernière, pas le moins du monde ébranlée, pianota sur son clavier à la recherche de la patiente. Montrant à Luke la porte à double battant, elle lui expliqua où se trouvaient les salles d'accouchement. L'homme appuya nerveusement à plusieurs reprises sur l'interphone, obligeant une dame à lui ouvrir. La sage-femme débita un lot d'informations. Apparemment, le col de son épouse était pratiquement dilatée. Son bébé arriverait rapidement lui expliqua t'elle. Luke, digérant les révélations, se hâta de revêtir la blouse, la charlotte, et entra en trombe dans la salle de travail pour encourager sa femme du mieux qu'il put. La péridurale n'avait pas eu le temps d'être posée. Les traits de son visage étaient déformés par la douleur. Elle se contorsionnait pour tenter d'apaiser le mal qui grandissait.

Un Goût de Bonheur #wattys2017 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant