19- Vérité

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Kamelya ne supportait plus Tobby, c'était viscérale. Qu'est-ce que sa mère pouvait bien lui trouver ? Tout lui paressait plus limpide. Son beau-père n'était ni beau ni charmant. Depuis peu, sa langue paressait toujours pâteuse lorsqu'il parlait, ses yeux étaient animés de noirceur. Quelque chose de malsain émanait de lui. Sa façon de la regarder quand sa mère avait le dos tourné, il la dévorait des yeux.

— Maman, t'es déjà rentrée ? s'étonna Kamelya assise par terre devant la télé.

— Ma jolie, tu m'as manqué, tu sais, souffla Tobby.

Kamelya resta pétrifiée. Elle se sentit prise au piège comme un animal qu'on mettait en cage. Elle savait qu'elle ne pourrait lui échapper. Encore une fois, il la viola. Encore une fois, il fut bref, mais sans pitié. Tobby lui annonça qu'il allait épouser sa mère. Kamelya vit son cauchemar devenir réalité. Son bourreau devenait son beau-père, c'était donc ça l'enfer !

Les mois passèrent et Tobby profita des absences d'Helena pour abuser de sa fille. Sa violence augmenta en intensité et en perversité. Un soir, elle avait osé le menacer de tout raconter à sa mère, et sa punition fut grande : il la filma faisant des choses dont elle avait jusque-là ignoré l'existence.

— Tu vois, tu la fermeras la prochaine fois ! À moins que t'aimes ça... Hein ? Avoue que t'aimes ça ! Et puis, je pourrais montrer cette vidéo à Helena, elle verra qui tu es. Mets ce haut rouge ! Mets-le !

Il lui répétait sans cesse : «  C'est de ta faute ! Il ne fallait pas être aussi jolie ».

Kamelya n'en pouvait plus, c'était trop dur ! Elle se mit à faire le mur dès que l'occasion se présenter. Elle se réfugiait chez ses amies ou son copain, là où Tobby ne profiterait pas de son corps. Elle commençait à boire pour oublier. Elle fut méconnaissable. Elle respirait la jeunesse à plein nez, mais à l'intérieur, elle se décomposait, son âme était en putréfaction. Pour se convaincre qu'elle était normale, elle faisait des propositions à des hommes, sans désir ni passion. Chaque rapport était un supplice ! Chaque caresse lui brûlait la peau. Chaque baiser lui donnait la nausée. Après, une fois son amant endormi, elle vomissait dans les toilettes, prenait une douche et se frottait la peau toujours plus fort.

Les derniers mois, les abus étaient devenus plus fréquents. Les dernières fois, Tobby venait dans SA chambre, son refuge était souillé. Il n'avait pas le droit de lui prendre ça aussi.

Aujourd'hui, sa décision était prise. Tobby n'était pas encore rentré du travail, Helena faisait la vaisselle. Rassemblant le peu de courage et de dignité qui lui restait, elle dit :

— Maman, je voudrais te parler.

— Pas le temps Kamelya ! Je finis la vaisselle et je file !

— S'il-te-plaît, maman...C'est grave !

— Demain, si tu veux, mais là, j'vais bosser.

— Tobby m'a violée, lâcha t-elle sans la moindre retenue.

Une fois prononcés les mots étaient bien plus que des mots, ils étaient des armes destructrices, des lames de couteau plantées dans le coeur de sa mère. En voyant ses yeux, elle réalisa que la blessure infligée était importante. Kamelya ne serait pas en mesure de la soigner, pas cette-fois. Et la honte coulait de ses yeux, elle ruisselait sur son visage comme du sang qui coulait d'une plaie. Elle venait de briser sa propre maman. Helena sentit le sol se dérober sous ses pieds.

— Qu'est-ce que tu racontes Kamelya ? Dit-elle en s'asseyant sur une chaise.

— La vérité, maman. Tobby m'a violée.

— Arrête Kamelya ! Ça suffit ! J'ai TOUT sacrifié pour toi et voilà comment tu me remercies !

— IL - M'A – VIOLÉE, répétait-elle lentement comme pour mieux faire entendre à sa mère la dure vérité.

— Après toutes ces années de misère, toutes ces nuits à pleurer, j'ai enfin un homme qui m'aime et toi, tout ce que tu trouves à faire, c'est raconter des mensonges odieux à son sujet !

— Je ne mens pas, maman, implora t'elle.

— Je sais ce que tu cherches à faire. Tu veux nous séparer, c'est ça ? Tu m'as fait croire que tu ne le supportais pas, mais en fait, c'est le contraire. Tu le veux pour toi ! Tobby m'a prévenue, il m'a raconté comment tu as essayé de le séduire pour coucher avec lui, dit Helena avec colère.

— Et... tu le crois ?

— Je vois comment tu t'habilles pour sortir, Kamelya. Avec tes décolletés et ta minijupe... Les voisins parlent à ton sujet, ils disent que t'es qu'une petite traînée, toi, ma fille ! Si tu crois qu'une nouvelle fois, je vais te laisser me priver d'amour, tu te trompes !

— Mais... maman ! s'effondra la jeune fille.

— J'ai toujours essayé de te comprendre, j'ai accepté tes caprices et tes sautes d'humeur. Je me disais : la pauvre enfant, son père l'a abandonnée, elle souffre... Et maintenant, tu me plantes ce couteau dans le cœur ! J'en ai assez Kamelya, pleurait Helena.

— C'est lui qui t'a trahie, maman ! C'est lui qui te ment et tu ne vois rien, tu ne comprends rien ! Pourquoi crois-tu qu'il a voulu habiter ici ? Pour vivre avec toi ? Non ! C'est pour abuser de moi, dès que tu n'es pas là !

— Assez ! cria Helena, les mains sur les oreilles. Laisse-moi tranquille. J'ai besoin de lui, sanglota-t-elle. Tu mens ! J'ai retrouvé un préservatif dans tes affaires, parce que tu couches avec ton copain, non ? Si t'avais été violée, tu ne ferais pas ça.

Helena était en état de choc. Son cœur oscillait entre son amour de mère et ses sentiments de femme. Devrait-elle toujours choisir ? Qui devait-elle croire ? Elle n'avait aucune preuve accablante contre son amant, si ce n'est accusations de sa fille. En revanche, la réputation et les ragots sur Kamelya, eux ne mentaient pas.

Deux jours plus tard, Helena trouva ce message sur la table du salon :

Maman,

Je suis partie. Je n'en peux plus de la façon dont tu me regardes. Je lis la honte dans tes yeux, la honte de m'avoir pour fille. Je sais que tu regrettes de m'avoir gardée. Tu aurais dû avorter, en effet. Kamel ne t'aurait pas abandonnée et je n'aurais jamais subi la violence de ton nouvel amour. Je sais que tu as souffert par le passé et je te souhaite un meilleur avenir, mais crois-moi, le bonheur, tu ne le trouveras pas auprès de Tobby.

Tu crois que ce qui s'est passé est de ma faute, alors que je t'ai dit la vérité. Tu dois avoir raison, je suis coupable. Coupable d'exister. Je ne supporte plus de te faire souffrir et préfère partir. Je m'en vais sans regret, je pars dans une autre ville et ne souhaite pas prendre contact avec toi.

Pardonne-moi maman.

Kamelya

Un Goût de Bonheur #wattys2017 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant