26- Vérités

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« La vérité est si obscurcie en ces temps et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître » Pascal

Le soir même, alors qu'elle fait ses valises, Kamelya aperçoit une enveloppe près de la fenêtre. C'est une lettre. Elle déchire le papier kraft et la feuille dans les mains, elle reconnait l'écriture. Elle est en proie à une autre crise. Comme si toute la noirceur du passé refait surface. Son passé l'envahit. Les ténèbres l'engluent.

La jeune femme croit voir son agresseur dans le jardin. Natalie qui est là, juge bon de l'emmener derechef chez elle. Là-bas, Kamelya se sent plus en sécurité. Elle trouve le réconfort d'une mère et celui d'une femme, autrefois victime.

Ensemble, ils portent plainte contre Tobby pour viol et harcèlement. Chose qu'elle aurait dû faire depuis longtemps.

— Ma chérie, tu n'as pas à te sentir coupable. Tu n'es pas responsable. Tu es une victime, lui explique Natalie.

Dans la voiture, Kamelya écoute les paroles de la femme, des mots qui lui font du bien.

— Mais je n'ai rien fait, je n'ai pas crier, je me suis laissée faire à chaque fois.

— NON !!! C'est faux ! Écoute, je vais t'expliquer ce que le psychologue m'a dit. Le corps humain est bien fait. Face à un danger, on réagit. Notre cerveau enregistre par exemple que le feu brûle, on sait qu'il ne faut plus le toucher. Et quand on est soumis à un stress énorme, comme un viol ou une agression, on se met à produire des hormones. Nous ne sommes pas faits pour subir de genre de violence. Pour nous protéger de celles-ci sécrétées en trop grande quantité, notre cerveau se met à disjoncter en quelque sorte afin d'éviter la mort subite, un risque cardio-vasculaire. D'où ton incapacité à bouger, la paralysie, le fait de te sentir morte ou indifférente face au danger imminent. C'est normal ! Je l'ai vécu également. C'est pourquoi, tu as emmagasiné des souvenirs dans ta tête et la moindre odeur, la moindre action liée à ton viol réveille ta mémoire traumatique.

— Je ne savais pas, avoue Kamelya.

— Il est important que tu ailles consulter un psychologue ma douce. Pour que tu lui exposes tous ces détails qui déclenchent des peurs irrationnelles. Pour que tu sois enfin libre. Pour aller de l'avant.

— Merci Natalie.

Le lieutenant Walter est chargé de l'enquête. Il fait dresser un portrait robot de Tobby et remonte son parcours depuis qu'il a quitté la mère de Kamelya. Il fait le recoupement avec une vieille affaire sur laquelle il a travaillé quelques temps auparavant à Port Elizabeth. Une femme a été retrouvée morte après l'incendie de son appartement. On a conclu à un accident, mais Walter est resté jusqu'au bout persuadé que son ancienne petite amie a été assassinée. Le serveur d'un bar avait signalé qu'elle y avait pris un verre la veille avec un homme, mais on ne l'avait pas pris au sérieux car le même soir, il avait fait une cuite. Walter s'en souvient comme si c'était hier, car cette affaire a pour lui un goût d'inachevé. N'ayant pu suivre son instinct faute d'éléments, il a préféré demander sa mutation. Ainsi à Durban et là, des années après, surgit cet homme dont le portrait robot lui rappelle étrangement celui réalisé sur les indications du serveur soit-disant trop ivre. Et un élément qui n'a pas une coïncidence, Kamelya ressemble presque trait pour trait à Ashley. Toutes deux brunes aux yeux clairs, grandes et minces, dans la même tranche d'âge.

Walter soupçonne le violeur de Kamelya d'être aussi le meurtrier de Ashley. Mais comment va t-il le prouver ? Après toutes ses années de métier, il sait démasquer les menteurs. Il connait trop bien la vérité, et même sous un tas d'artifices, le mensonge ne le bluffe plus. En voyant Kamelya, il a la conviction qu'elle ne raconte pas d'histoires. Elle a bel et bien été violée par ce Tobby.

Un Goût de Bonheur #wattys2017 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant