Chapitre 11

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Nous venions de mettre pied à terre et je restais sous le choc de ce que j'avais aperçu du haut de la barrière. Devant nous, un terrain vague était surplombé d'une colline. Tyler me prit la main et m'entraîna vers le haut de la colline sur lequel se trouvait un arbre. Seul, au milieu de ce terrain sans vie, ce paysage était stupéfiant. Arrivés au pied de l'arbre, nous montâmes dans la cabane en bois qui se situait au niveau de la cime. En moins d'un quart d'heure nous étions passé d'un bar vintage à une cabane en bois surprenante. Cette habitation cachée, à peine plus grande que ma chambre, offrait une vue imprenable sur la ville grâce à une fenêtre située en face de l'entrée. Le toit était absent, laissant ainsi place au ciel et à ses étoiles. Deux petits fauteuils à billes étaient à disposition, l'un était taupe, l'autre blanc. Un tapis en synthétique blanc était allongé devant les fauteuils, les liant ainsi à la fenêtre. Cette cabane était le genre d'endroit dans lequel on pouvait venir se réfugier n'importe quand. Tyler se dirigea vers un tourne disque sur lequel il plaça un vinyle de Beethoven. La musique classique n'était pas spécialement mon domaine mais Beethoven était définitivement un de mes compositeurs favoris. La mélodie emplie l'air et je fus immédiatement détendue. En haut de cet arbre, rien ne pouvait plus m'atteindre. Tyler m'invita à m'asseoir sur le pouf blanc. Il ne dit rien d'autre car parler était futile. Nous étions tous les deux pris par la musique et l'instant. Cet endroit dégageait une énergie particulière qui hypnotisait tout personne qui le pénétrait.

Tandis que, assis face à la fenêtre, nous contemplions la ville illuminée, Tyler se leva et s'allongea sur le tapis blanc. Il me fit signe de venir le rejoindre et je vins à côté de lui. Le ciel nous offrait un spectacle à couper le souffler. De sa teinte prune, il dévoilait ses plus belles étoiles. Et tandis qu'elles dansaient, la musique m'emportait loin des tourments de ma vie. Une étoile filant fit même irruption. Je fis immédiatement un vœu, comme le vœu la tradition. Le temps était figé et seul le bruit de nos respirations m'indiquait que je ne rêvais pas. Beethoven me berçait de ses notes divines. Je fermais les yeux afin de vivre l'instant pleinement. Cette soirée était définitivement parfaite. Alors qu'elle avait vraiment très mal commençait, elle se finissait à la perfection. J'étais sur un nuage, complètement relaxée et loin, très loin, des sentiments négatifs qui m'animait il a de cela deux heures.

La terre s'était arrêtée de tourner tout comme le disque. La musique se tût et le silence nous ramena à la réalité.

« - Magique non ? me dit Tyler. Nous étions restés allongés une quarantaine de minute, silencieux et rêveurs.

- Wahou Tyler, c'est ... bluffant.

- Je viens souvent ici quand rien ne vas. Cet endroit c'est mon petit havre de paix.

- Merci de me l'avoir fait découvrir, le remercias-je sincèrement. J'étais encore sous abasourdit par cet instant hors du temps.

- Tu es la seule que j'ai amené ici, je compte sur toi pour garder le secret !

- Motus et bouche cousue, lançais-je sur un ton malicieux. Ce moment de complicité était à jamais gravé dans ma mémoire et personne n'en saurais rien. Je voulais le garder pour moi.

Nous discutâmes ensuite une bonne partie de la nuit ce qui me permis d'en connaitre plus sur Tyler. Sans tout me révéler sur lui, il m'apprit qu'il vivait seul avec son père après que sa mère les ais quittés quand il avait dix ans afin de refaire sa vie avec un autre. Il se rappelait encore d'elle et c'était le plus dur car il ressentait un manque. Le football américain lui permettait de se défouler et d'oublier ses problèmes. Sa passion pour les autres lui venait de cette absence car il voulait que personne ne souffre comme il avait eu à le faire. Cet endroit appartenait à un ami de son père, qui l'avait construit pour ses enfants mais aujourd'hui à l'université, ils ne venaient jamais. Tyler lui offrait une seconde vie et ce qu'il avait fait de l'endroit était tout simplement incroyable. Plus il parlait, plus je disais que j'avais juste. Tyler était en quelque sorte le garçon parfait. Mais j'avais cependant une intuition, une petite voix qui me disait que cela n'était pas possible. Le prince charmant n'existe tout bonnement pas et pourtant Tyler s'en approchait fortement. Était-ce réellement possible ?

Les premières lueurs du jour firent leur apparition, colorant le ciel de rose et d'orange. Tyler me guida jusqu'au pied de l'arbre pour assister à un spectacle inouï. La vue était imprenable sur le soleil qui montait dans le ciel. Sa naissance annonçait un jour nouveau, chargé de nouvelles promesses et possibilités. Nous assistions à un événement unique et pourtant si commun.

Je consultais mon portable, afin de connaître l'heure car j'avais perdue toute notion du temps. Il était 5h45 et j'avais 25 appels manqués de mon frère, 25 autres de Cassey. 70 SMS et une tonne de notifications Facebook. Le monde m'avait déclarée la guerre. La réalité reprenait le dessus et j'étais déjà nostalgique de cette soirée.

Une foi le spectacle finit, nous prîmes la direction de la sortie. Tyler avait décidé de me raccompagner chez moi, ce qui n'était pas pour me déplaire. Passer encore quelques instants avec lui n'avait pas de prix.

« - Ton père ne va rien dire que tu rentres aussi tard ? Ou tôt, je sais pas trop ce qu'il faut dire, dis-je maladroitement.

- Non, il sait que tout va bien. Il doit surement penser que j'ai dormi chez un ami après la soirée. » J'étais soulagée qu'il ne parle pas à son père de l'expérience sauce tomate. Je voulais l'effacer à jamais de ma mémoire et pour cela, moins il y aura de personne au courant, mieux se sera.

Le reste du chemin se fit en silence. Ce n'était pas gênant, juste confortable. Nous étions tout deux dans nos pensées, encore chamboulés par cette nuit extraordinaire.

Arrivée devant la porte de mon immeuble, le malaise tant redouté des au revoir arriva. Tyler me salua maladroitement, ne sachant pas s'il devait m'embrasser ou partir sans rien faire. Il choisit l'option deux sans oublier de récupérer sa veste que j'avais monopolisée toute la soirée. C'était gênant mais il fallait bien une fausse note.

Dès qu'il eut tourné les talons, j'entra dans l'immeuble. Tout en montant les escaliers, je consultais mon téléphone. Les notifications Facebook m'intriguaient car d'habitude, c'était l'application la plus silencieuse de mon téléphone. Je cliquai sur le logo bleu et ce que je vis me laissa sans voix. Incapable de monter les marches restantes jusqu'à chez moi, je m'assis pour vérifier ce que je croyais avoir vu.

Oui, la vidéo de moi me prenant un seau de sauce tomate était en ligne, sur une page publique gentiment créée par Ashley, ayant pour titre : « la vengeance est un plat qui se mange froid (comme la sauce). » Cette garce, en plus de m'humiliée publiquement, avait l'audace de faire de l'humour. Je lâchais mon téléphone, les larmes aux yeux. La soirée parfaite que je venais de passée s'envola en un instant pour laisser place au cauchemar qu'allait être la prochaine journée.

Lindsay, la vie et elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant