Chapitre 52

51 7 2
                                    

La cloche sonna et j'entrai dans la salle. Le cours de SVT était le seule que j'avais en commun avec Cassey. Je m'étais forcée d'arrivée en retard pour m'asseoir à ses côtés, bien que le pari fût risqué si quelqu'un prenait ma place. À mon soulagement, elle n'avait encore aucun voisin.

Lorsque je m'assis à ses côtés, sa tête pivota vers moi, ses grands yeux écarquillés.

« -Qu'est-ce que tu crois faire là ? cracha-t-elle, encore hargneuse.

- J'occupe la dernière place libre ? répondis-je innocemment. Elle souffla avant de détourner la tête vers sa feuille blanche. La professeure Kaith nous délivra de ce malaise.

- Bonjour à tous ! Aujourd'hui expérimentation en duo. Associez-vous à votre voisin et je viendrais vous donner les énoncés.

- Super ! » murmura Cassey.

Je fis mine de ne rien entendre tandis qu'elle déplaçait sa feuille blanche entre nous deux. La professeure arriva rapidement et nous distribua l'énoncé qui portait sur l'étude des roches. Nous allions passez deux heures à passer au peigne fin des cailloux. Habituellement, cela m'aurait déplu mais il s'agissait aujourd'hui de l'occasion parfaite pour parler à Cassey. De plus, elle ne pourrait pas fuir.

Je pris ainsi le parti de commencer le TP. Après une lecture attentive de la feuille, je me lançais dans l'observation suivit par Cassey.

« - On va vraiment faire ça pendant deux heures ? » lançais-je comme si de rien était. Son regard noir me fit comprendre qu'elle ne voulait pas me parler ou tout du moins, que je devais être direct et arrêter de tourner autour du pot.

« - J'en peux plus Cass, il faut qu'on règle ça ... lui avouais-je sur un ton désespérer qui la fit me regarder mais cette fois, d'une manière plus docile. En confiance, je continuais. Je suis tellement désolée si tu savais. Je ne dors plus, je n'arrête pas de penser à ce que j'ai fait et ça me dégoûte. Si je pouvais tout retirer ...

- Mais tu ne peux pas. » me coupa-t-elle sur un ton froid et sec qui me surpris. La confiance que je venais de gagner s'effondra comme un château de carte. Le caillou devant moi me semblait soudainement très intéressant. Je le fixais, sentant le regard plein de reproche de ma voisine qui m'assommais. À ma grande surprise, elle reprit

« - Ce qui me dépasse, c'est que même quand tu t'excuses, tu ne parles que de toi. Je ne dors plus, je m'en veux ... Et moi dans tout ça ? Tu crois sincèrement que ça ne me fait rien d'avoir perdu ma meilleure amie ? Tu crois que je le vis bien ? Je vais te dire Lind', dès que je te vois, j'ai envie de venir vers toi, de venir te parler et que tout soit comme avant, mais je ne peux pas. Et ça me tue. » Sa sincérité me brisa le cœur. Elle avait les larmes aux yeux. Sans réfléchir, je la pris dans mes bras. Elle éclate en sanglots, les mains sur les yeux.

« - Un problème ? me questionna Madame Kaith, légèrement inquiète.

- Pourrait-on sortir s'il vous plaît ? lui demandais-je poliment.

- Oui, allez-y mais revenez vite. » m'autorisa-t-elle. Nous quittâmes ainsi la classe, Cassey devant moi. Une fois dans le couloir, nous nous dirigeâmes vers les toilettes où elle pourrait se rafraîchir. Elle se passa de l'eau sur le visage, tandis que je me mordillais la lèvre anxieuse. Elle releva la tête et me fixa à travers le miroir. Je ne savais quoi dire, mais elle attendait que je m'exprime. Les mots ne venaient pas. Je pris une grande inspiration. Elle se retourna vers moi, s'appuyant contre le lavabo. Son regard trahissait sa douleur mais aussi son anxiété. Elle était dans le même état que moi finalement. Je m'approchais d'elle pour la serrer dans mes bras une fois de plus. C'était tellement plus symbolique que des mots, des phrases vide de sens et de profondeur. Je lui signifiant par mon geste que j'étais là pour elle et ça pour toujours.

Je sentis ses bras passer autour de moi et je fus immédiatement soulagée. Elle se détacha de moi avant de lancer :

« - Je ne te pardonne pas, je te tolère juste, me précisa-t-elle tout en essayant de ne pas sourire. Je ne pus m'empêcher de lui lancer un sourire radieux.

- ça me va très bien ! répliquais-je. Elle pouffa et nous sortîmes des toilettes.

« - J'ai tellement de choses à te dire, déclarais-je tandis que nous nous dirigions vers la classe.

- On déjeune ensemble alors ? me proposa-t-elle, un sourire aux lèvres.

- Totalement d'accord ! » lui répondis-je avant de sourire à mon tour. Notre amitié repartait sur des bases neuves et solides, un vent nouveau soufflait et j'étais heureuse que ma meilleure amie soit de retour. Son absence m'avait montré à quel point elle comptait pour moi et je ne voulais plus jamais la perdre. Désormais, plus de coups fourrés ou de cachotteries, je serais comme un livre ouvert pour elle. Le déjeuner qui suivait nos deux heures de SVT m'enthousiasmais déjà. La vie semblait reprendre un cours à peu près normal. Quoi que ...

Lindsay, la vie et elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant