Chapitre 49

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Le regard mélancolique, les pieds dans le vide, nous fumions de l'herbe sur le toit de sa maison. 00h10. Vendredi soir. L'album de Drake en fond. Le blouson de Peter me réchauffait tandis que la lune brillait de tout son éclat. Le froid polaire ne nous avait pas empêcher de nous hisser en haut de son immense demeure. Ses parents absents, nous pouvions sans problèmes utiliser leur étage pour accéder au point culminant de l'habitation.

La semaine s'était déroulée à une vitesse folle mais le sentiment d'être hors du temps me tenaillait. J'étais en vie mais mon âme se mourrait. Mon esprit semblait flotter au-dessus de mon corps. Cassey ne m'avait pas adressé la parole, de même pour Tyler, qui m'ignorait royalement. Ashley avait disparu de la surface de la terre, préparant sûrement un come-back mémorable. Seule Peter et ses amis m'acceptaient. J'avais d'ailleurs sympathisé avec ces derniers qui étaient drôles et attachants.

Néanmoins, mes pensées me torturaient et galopaient systématiquement vers Tyler. Son regard. Sa peau dorée. Ses lèvres. Ses mains. Son corps aussi. Son rire. Sa voix. Son odeur. Tout me manquait chez lui. Je ne dormais plus, incapable de le faire sortir de ma tête. J'avais envie de l'avoir à mes côtés, de le serrer fort dans mes bras et de ne jamais le laisser partir. J'avais probablement commis la plus grosse erreur de ma vie. Je l'avais trahi et sa confiance semblait à jamais perdue. Inventive, je cherchais tous les moyens à ma disposition pour qu'il me pardonne. Je ne trouvais cependant rien. Je l'imaginais, à la place, avec une autre que moi, heureux et souriant, épanoui et vivant. Mon cœur se serre à chaque fois que cette pensée survient. Je ne veux pas qu'il aille ailleurs, je le veux auprès de moi.

La main de Peter sur ma joue me fit sursauter. Il essuyait une larme qui avait commencer à rouler le long de mon visage, sans que je m'en aperçoive.

« - On rentre ? » me demanda-t-il tout en esquissant un sourire rassurant. Je me levais en guise de réponse et il éteignit la musique. Nous nous installâmes dans le bureau, sur les coussins qui n'attendaient que nous.

« - Tu veux qu'on regarde un film ?

   - Oui, j'ai envie de rester éveiller encore un peu, répondis-je tandis que je posais le manteau de Peter à mes côtés.

    - Choisit pendant que je vais nous chercher des plaids. » Il se leva et sorti en direction de la pièce stockant le linge située à son étage. Je m'installais devant l'ordinateur, à la recherche d'un film qui me changerait les idées. Mon choix se porta sur « Catch me if you can » avec Leonardo DiCaprio qui me réconfortait en toute circonstances.

Peter revint rapidement et fit une grimace en voyant le titre du film projeté au mur.

« - Un problème ? demandais-je en mimant un air hautain.

   - Combien de fois as-tu vu ce film ?

   - Chut, pas de discussion, viens t'asseoir et tais-toi. Tu n'avais qu'à pas me demander de choisir ! » rétorquais-je en esquissant un léger sourire. Peter s'exécuta, fier de m'avoir fait ressentir une autre émotion que la douleur. Je lançais donc le film et me glissa sous un des plaids que mon hôte avait apporté.

« - Tu en vends ? l'interrogeais-je soudain.

   - Des plaids ?

   - Non, idiot, répondis-je en pouffant. De la drogue.

   - Je sais pas si je peux te le dire ... répliqua-t-il sur un ton qu'il voulait mystérieux. Pourquoi ? Tu veux en acheter ?

   - Peut-être bien, rétorquais-je faussement ironique

   - Je te l'interdis.

   - Très drôle.

   - Je suis sérieux Lindsay, je t'interdis d'en acheter. À moi ou à quiconque. Surtout vu ton état en ce moment, me sermonna Peter.

   - Oui, papa. » répondis-je en grimaçant avant de me prendre un coussin dans la tête. Mon meilleur ami rit et je fis de même face à sa réaction puérile. J'avais l'impression d'être sur de vrais montagnes russes. Je passais des rires aux larmes, de la joie à la tristesse, de la mélancolie à la rage de vivre en une fraction de seconde. Tout s'embrouillait et j'avais l'impression de m'être étrangère, de découvrir une nouvelle facette de moi chaque jour. Sans Thomas et Peter, j'ignore dans quel état je serais. Ma mère est au courant de la situation mais ne s'implique pas trop, de peur d'aggraver les choses et surtout, elle n'a pas envie de prendre une quelconque responsabilité.

Mon frère avait ainsi compris la nécessité pour moi de me changer les idées et de passer du temps avec mon meilleur ami. Il me laissait ainsi aller et venir à ma guise entre notre appartement et la maison de Peter. Du moment que Thomas savait où j'étais, je pouvais faire ce que je voulais.

Le film touchait déjà à sa fin quand je revins sur Terre. J'avais divaguer trop longtemps et n'avait rien suivi, bien que je connaisse l'histoire par cœur.

« - Tu as aimé ? questionnais-je Peter tandis que le générique se déroulait.

   - Pour un film avec Leonardo, c'est potable, déclara-t-il comme si ses mots lui arrachaient la bouche.

   - Puisque tu l'appelles Leonardo, c'est que tu as adoré ! Tu peux me remercier ! le narguais-je tandis qu'il éclatait de rire.

   - Ok, c'était sympa. Avant que tu ne prennes trop la confiance, on va se changer pour dormir d'accord ? lança-t-il sarcastiquement. Je ris à sa réponse avant de saisir mon sac et de me diriger vers la salle de bain. J'enfilais mon pyjama avant de rejoindre Peter dans sa chambre. Il avait attaché ses cheveux en chignon et portait un simple t-shirt noir avec un pantalon de pyjama semblable à un jogging noir également.

Je me jetais sur son lit avant de me glisser sous la couette ce qui le fit rire. Il s'allongea à côtés de moi et je me retournais vers lui avant de me confier.

« - Tu sais, j'ai l'impression de vivre dans un monde parallèle. Comme si, tout ce qui s'était passé depuis lundi n'existait pas. J'ai souvent l'impression que Tyler va resurgir de nulle part, me dire que tout va bien et que ce n'était qu'un rêve. Ça fait presque une semaine et il me manque tellement. Chaque fois que je pense à lui, une partie de moi se déchire et rien n'a de sens. Je me sens vidée et perdue.

   - Je suis désolé Lindsay, m'avoua Peter tout en me serrant dans ses bras.

   - Désolé pour ? demandais-je interloquée

   - De t'avoir embarqué là-dedans, d'avoir pensé à ce projet et de mettre associé à toi. Je t'ai en partie détruite et je m'en veux. Je me dégageai de ses bras pour le regarder dans les yeux.

   - Alors, écoutes moi bien. Tu n'es en aucun cas responsable de tout cela. Tu ne m'as jamais forcé à faire quoi que ce soit et à partir de là, je suis entièrement fautive. Tu as proposé quelque chose, j'ai accepté. Je suis tout aussi responsable que toi. Je refuse que tu te blâmes pour ça, tu n'y es pour rien. Et si tu ne m'avais pas proposé, on ne serait jamais devenu amis ... lui rappelais-je tout en souriant, reconnaissante de l'avoir à mes côtés. Il esquissa un sourire, la vague de tristesse dans ses yeux s'étant estompée.

   - Bonne nuit partenaire, déclara-t-il en m'embrassa sur le front.

    - Bonne nuit mon petit Peter, lui répondis-je sachant qu'il détestait que je l'appelle ainsi.

   - Arrêtes de m'appeler comme ça. » me rappela-t-il tout en éteignant la lumière ce qui me fit rire.

Mes paupières étaient lourdes mais ne se fermaient pas. Mes pensées galopaient encore et toujours vers la personne que je ne pourrais peut-être plus jamais sentir contre moi. Mon cœur se brisa une nouvelle fois et des larmes coulèrent dans le silence de la nuit.

Lindsay, la vie et elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant