Chapitre 16

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Après une heure de marche, j'arrivais devant la maison de Tyler. J'avais passé le trajet à vacillier entre terreur et excitation extrême. Parfois prise d'une envie de faire demi-tour, je résistais de toutes mes forces, l'envie de me faire pardonner prenant le dessus.

Le quartier était sympathique et familiale. Un arbre cachait LA maison créant ainsi une barrière avec la rue. La devanture était grise. Pas très grande, elle paraissait confortable et chaleureuse. Trois petites marches devançaient la maison et la porte d'entrée. Je commençais à faire le tour du périmètre afin de trouver un moyen d'entrer. Je n'allais tout de même pas sonner pour entrer, risquant de me faire claquer la porte au nez. Je vis une fenêtre à l'étage, de laquelle émanait de la lumière. « Plus qu'a prier pour que ce soit la chambre de Tyler » pensais-je. En effet, si c'était celle de son père, j'étais très mal. Aucune voiture n'était garée dans l'allée, j'en déduisait donc qu'il devait être absent ou du moins je l'espérais vraiment. Il me restait cependant un problème à régler. Comment monter là-haut ? Je regardais rapidement dans les environs à la recherche d'un escabeau. Les maisons voisines ne disposaient pas de l'objet. Cependant, en regardant la maison d'en face, je crus distinguer ce dont j'avais besoin. En effet, un garage était à demi-ouvert laissant apparaitre des pieds métalliques semblables à ceux d'un escabeau. Je n'étais plus à un délit près et voler un escabeau après s'être introduit dans une propriété privée n'était plus un problème. Je ne suis même pas sûre que le vol d'escabeau soit puni par la loi. Je demanderai à Thomas en rentrant.

Je couru donc jusqu'au garage. Je me baissais pour vérifier j'avais vu juste. Un escabeau trônait en effet au milieu de la pièce. C'était presque trop beau pour être vrai. Avant de commencer mon braquage, je vérifiais la présence de témoins. Il n'y avait pas un chat. Les propriétaires semblaient également absents puisqu'aucune voiture ne répondait à l'appel que ce soit dans la rue ou dans le garage. Bingo ! J'entreprit de soulever le lourd rideau métallique à la seule force de mes bras. Je m'étais un peu surestimer puisqu'après ma première tentative, le rideau ne s'était pas soulever d'un millimètre. L'embouchure s'élevait à 25cm du sol, pile assez pour que je roule en dessous. Une fois à l'intérieur, je n'aurais plus qu'à appuyer sur le bouton pour soulever le rideau. J'étais un génie. Je commençai donc mon entreprise. Après m'être glisser sous le rideau, non sans difficulté, j'étai enfin dans le garage. L'escabeau m'attendais. Je cherchai le bouton que je trouvai rapidement. Le rideau s'éleva, ouvrant le garage dans sa totalité. Je sortis rapidement, soulevant l'escabeau à bout de bras, aidée par une décharge d'adrénaline. Sans même réfléchir, je traverse la rue, armée de mon outil d'effraction. Je le place sous la fenêtre de Tyler et commence mon ascension. Une fois arrivée en haut, je distingue vaguement la chambre derrière le rideau. Un lit se trouve à quelques centimètres de la chambre. A côté, le bureau et ses étagères sont emplis de livre et de cahiers. Des posters de matchs de football ainsi que de musique sont accrochés aux murs. Miracle, c'est bien sa chambre. Je peux donc entrer. Je soulève la fenêtre qui, par bonheur, s'ouvre immédiatement. Il n'avait pas mis la sécurité ! Je la pousse assez pour pouvoir passer. J'entre une jambe et tandis que je suis allongée sous la fenêtre, un pied sur la moquette au sol, l'autre dehors sur l'escabeau, une voix se met à crier.

« Arrêtez ou j'appelle la police ! » Tyler est en panique. J'hésite entre éclater de rire ou faire demi-tour immédiatement. Je respire un grand coup et roule sous la fenêtre pour tomber par terre. Je m'assieds en tailleur, avant de répondre à mon interlocuteur toujours debout à l'entrée de la chambre.

« - Salut ! » lançais-je en essayant de prendre une voix sexy.

« - Putain, Lindsay, tu m'as fait une de ses peurs ! Qu'est ce qui va pas chez toi ??

- Excellente question, vraiment, je ne saurais te dire . » Ma tentative d'humour échoua. Tyler semblait énerver et je réalisai soudain ce que j'avais fait. Quelle mouche avait bien pu me piquer ?

« - J'aurais pu te blesser ou pire te tuer ! » me lança Tyler désespéré. Tiens j'avais déjà entendu ça quelque part ... Entrer par effraction chez les gens devait être de famille.

« - Heureusement que ce n'est pas le cas ahah sinon je me saurais donné tout ce mal pour rien ! répliquais-je sur un ton que je voulais enjouer et serein. En vérité, j'étais pétrifiée par le stress ce qui explique que j'étais toujours assise entre la fenêtre et le lit de Tyler.

- Tu as vraiment un grain ! Qu'est ce que tu fais là de toute façon ? » Il était définitivement sur la défensive. Cette phrase lança un froid. Je ne savais quoi répondre et j'hésitais vraiment à repartir immédiatement. Il me restait encore un minimum de fierté à sauver.

« - Excuse-moi, je ne voulais pas être dur. C'est juste que tu m'as vraiment fait peur, déclara Tyler avant de s'installer sur son lit, de façon à être en face de moi.

- C'est rien , je comprends, j'aurais réagis de la même façon je pense. En réalité je suis venue pour m'excuser

- Je croyais que s'était pour me cambrioler, me répondit-il en réprimant un rire. C'est quoi cette tenue ?

- Une tenue spéciale effraction ? » répondis-je souriante. L'atmosphère s'était détendue. Je rayonnais et j'étais finalement contente de mon initiative suicidaire. Tyler m'invitât à m'asseoir sur son lit, à côté de lui.

« - C'est pas toi qui devrait t'excuser, c'est moi. J'ai agi comme un con à t'ignorer toute la semaine. C'est juste que répondre à la violence par la violence, ce n'est pas ma tasse de thé et te voir le faire m'a fait un choc car tu es victime de violence, enfin pas victime, victime hein, mais ...

Je rêve où Tyler s'emmêle les pinceaux en me parlant ?

- Et tu as eu raison. Pas la peine de t'embêter avec un milliard d'explications, surtout qu'il semblerait que je t'ai contaminé avec mon toc de jenesaisplusparler dis-je en riant. Tyler esquissa un sourire qui me rechauffa le cœur. Nous sommes tous les deux fautifs et moi la première. Cependant, je tiens à notre amitié et je n'ai pas envie de la voir s'envoler...

- Moi aussi, Lindsay. Par contre, la prochaine fois, passe par la porte se sera plus facile, me conseilla-t-il sur un ton moqueur.

- C'est noté. » répondis-je en riant.

Tyler m'informa que son père était absent car il travaillait de nuit. Il me fit visiter la maison qui n'était pas spacieuse mais bien agencée et confortable. Arrivés dans la cuisine, il fit chauffer des pop-corn avant que nous nous installions dans le salon devant un film. Ma soirée effraction-excuse prenait un tournant très plaisant que je comptais bien savourer pleinement.

Lindsay, la vie et elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant