Chapitre 48

59 5 0
                                    

Plus je me rapprochais du lycée, plus mon estomac se tordait. Tyler ne m'avait pas parler du week-end et ce premier jour au lycée depuis l'incident de samedi m'angoissais. Les grilles était déjà ouverte et j'entrais sans que personne ne me regarde de façon condescendante. Pour le moment, aucuns autres lycéens ne semblaient savoir que c'était moi, l'auteure de la vidéo. J'arrivais devant mon casier et entrepris de l'ouvrir quand Cassey me salua, son casier étant situé à coter du mien.

« - Tu étais passée où ce week-end ? m'interrogea-t-elle sur un ton que je n'arrivai pas à identifier.

- J'ai fait la loutre dans mon lit et toi ? lui demandais-je l'air de rien, tout en fixant mes cahiers rangés de façon ordonnée comme s'ils étaient la chose la plus intéressante de la planète.

- J'ai passé mon dimanche à me demander pourquoi ma meilleure amie était en réalité une garce, cracha-t-elle le plus naturellement du monde. Je faillis m'étouffer à sa remarque et je tournais la tête vers elle, choquée et déstabilisée. Son regard était noir et le mépris se lisait sur ses traits.

- Cass, je ...

- T'embêtes pas, la prochaine fois que tu planifies de détruire quelqu'un fait moi signe, que je me mette à l'abris ! lança-t-elle amère. Et au fait, merci de m'avoir inclus dans votre petit plan, c'était très sympas. J'aurais bien participé mais ... ah oui c'est vrai tu ne m'as rien dit ! Tu es allé trop loin Lindsay, beaucoup trop loin. Ne t'en fais pas je ne te dénoncerais pas, ça te fera beaucoup trop de bien de tout avouer et de nettoyer ta conscience. Non, non, j'espère que tu souffres autant qu'Ashley. Ne me cherche pas à la cafet' ce midi, je déjeune avec des humains et non des monstres. » Sur ce, elle tourna les talons, me laissant planté là, bouche bée et honteuse. Je pris mes livres et partis en classe, tel un zombie sans émotions. En plus d'avoir perdu mon petit ami, j'avais perdu ma meilleure amie. Tout s'écroulait.

A l'heure du déjeuner, Peter me proposa de le rejoindre, lui et sa bande composée de quelques membres de l'équipe de Lacrosse et de leurs copines, à leur table particulière située au fond du self. Cette position stratégique permettait de tout voir sans être vu, ce qui m'arrangea bien. Aucuns signes d'Ashley. Cependant, Tyler était bel et bien là, entourée de ses coéquipiers, se félicitant pour leur victoire de samedi. Son regard était vide et je pouvais lire la tristesse et la frustration sur son visage. J'avais envie de le serrer dans mes bras, de le supplier de me pardonner. Il ne me vit pas et entama son déjeuner, me tournant le dos, m'obligeant à prendre part à la conversation qui animait ma table, à savoir, la vidéo de samedi. Josh et Marco, trouvaient que cette vidéo était une idée de génie et qu'Ashley méritait cela. Leurs copines, Emma et Dona, pensaient que c'était pathétique et que personne ne devrait subir une humiliation publique, me gratifiant alors d'un regard compatissant, en mémoire du sceau de sauce tomate. Je me sentais mal à l'aise devant cette gentillesse. Si elles découvraient que Peter et moi étions les instigateurs de ce coup monté, elles ne me considéreraient pas de la même façon. Mon meilleur ami n'arrêtait d'ailleurs pas de me lancer des regards complices, fier de notre effet et d'en savoir plus que les autres.

Le déjeuner fini, nous repartîmes en cours. La journée défila plus vite que prévu et je me retrouvais déjà dans la salle de maths, mon dernier cours de la journée. Je m'assis au fond de la salle, à la table que Tyler et moi partageons. Le stress montait en moi en attendant son arrivée. Sa réaction risquait de me donner le coup de grâce de cette journée mouvementée.

Son regard croisa le mien. Un océan d'émeraude livide et sans éclat. Un frisson parcouru mon échine et je détournais les yeux, incapable de soutenir cette tension. Il s'assit au second rang, à mon ancienne place. Celle que j'occupais avant que tout ne commence. J'eu un pincement au cœur. Rien ne serait plus comme avant. Mr Rasoski fit son entrée et commença son cours. Mon esprit divagua tandis que je regardais par la fenêtre. La sonnerie me ramena à la réalité et je sursautais. Je pris soudain conscience que si je voulais parler à Tyler, il fallait le faire maintenant. Je m'empressais de ranger mes affaires tandis qu'il quittait déjà la classe. Je sortis deux minutes après lui et eu le temps de le voir tourner dans le couloir donnant sur le parking. Je couru, bousculant, au passage, quelques élèves qui ne manquèrent pas de me faire connaître leur mécontentement. Mon cœur battait à tout rompre et je n'entendais pas ses voix qui me disaient sûrement de faire attention.

Le froid me frappa. Tyler se dirigeait à grandes enjambées vers sa moto comme s'il savait que je le suivais. Je lui criais d'attendre mais il ne fit qu'accélérer. Je couru encore plus vite et le rejoignis enfin, attrapant son bras, à bout de souffle et déboussolée.

« - Tyler, je ... Je marquais une pause pour reprendre mon souffle tandis qu'il se retournais, son regard noir me glaçant le sang. Je peux tout t'expliquer, déclarais-je désespérer et franchement pathétique.

- Non, Lindsay, il n'y a rien à ajouter. Tu m'as montré qui tu étais vraiment et je n'aime pas cette personne-là. Je ne peux même plus te regarder sans entendre ce rire diabolique que tu as fait si bien connaître samedi soir, rétorqua-t-il méprisant.

- Écoutes Ty, je m'en veux terriblement, si tu savais, je ne peux pas m'arrêter de penser à ce que j'ai fait. Je n'aurais jamais dû aller au bout du projet, je suis tellement désolée ... murmurais-je, au bord des larmes. Son regard était lointain. Il me considérait à peine.

- Tu aurais dû y penser avant. Ashley est chez elle, au bord du gouffre tandis que toi, tu tentes désespérément de me récupérer. Je ne suis pas un jouet, Lindsay. Il plongea alors son regard dans le mien, hypotonique et terrifiant. Alors que ce soit clair entre nous, oublie-moi car je l'ai déjà fait. Depuis samedi soir, tu n'existes plus pour moi. » Il enfila son casque et enjamba sa moto avant de filer à toute allure sans même un dernier regard.

Il me laissait donc là, seule sur le parking, les jambes flageolantes, incapable de bouger, avec la seule envie de disparaître sous terre, le sol se dérobant sous mes pieds.

Lindsay, la vie et elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant