CHAPITRE I

3.5K 161 13
                                    

 « These wounds won't seem to heal

This pain is just too real
There's just too much that time cannot erase »



Cela faisait maintenant deux jours que je n'avais pas fermés l'œil de la nuit. Mes yeux étaient gonflés et rouges, à force d'avoir autant pleuré.

J'étais allongée sur mon lit, la tête fourrée dans mon oreiller. Je pleurais encore et encore, rien ne pouvait m'arrêter. Je venais de perdre la seule personne en qui j'avais une entière confiance, celui qui était mon pilier et mon seul repère.

Mon père.

Il venait de succomber à une crise cardiaque à seulement peine 42 ans. Il lui restait pourtant de longues et belles années devant lui, alors pourquoi la vie me l'avait-elle arrachée comme ça ? Après ma mère c'était lui. Je ne dois sûrement pas être faite pour vivre heureuse. Sûrement pas.

J'ouvris mes grands yeux marrons, examinant chaque partie de ma chambre, que je connaissais pourtant par cœur. Je repoussai doucement ma grosse couverture et m'asseye sur le rebord du lit. Je ramenai mes mains jusqu'à mon visage, essuyant les quelques larmes qui logeaient encore mes joues.

Après quelques secondes la tête ailleurs, je me levai laissant mes pieds nus toucher le sol glacé. Un frisson parcourut aussitôt mon corps, puis je me dirigeais vers ma salle de bain, refermant la porte derrière moi.

**

Après une courte douche, je ressortis enfin de la pièce, encore en sous vêtement. J'ouvris mon placard regardant les vêtements, puis je tournais la tête vers ma fenêtre.

Le temps était couvert donnant à cette journée une autre raison d'être sombre et froide.

Je reposais mes yeux sur le placard et en ressortis une robe noire. Je soupirais en passant une main dans mes longs cheveux blonds. Je décrochai le cintre une fois la robe décrochée de celui-ci. Mes doigts attrapèrent la fermeture éclair, la faisant glisser jusqu'en bas. J'enfilai vite ma robe avant de remonter la fermeture.

Je me baissais ensuite attrapant une paire de ballerine et des collants noirs qui feraient l'affaire. Je me dirigeai à nouveau vers la salle de bain pour coiffer mes cheveux, pour au moins avoir l'air présentable.

Je sortis de ma chambre marchant tranquillement dans le couloir, rejoignant les escaliers qui me mèneront dans le hall d'entrée.

- Bonjour Mademoiselle Heartfilia. Dit une voix fine qui attira mon attention.

Je posais mes yeux sur elle qui me lançait un léger sourire.

- Bonjour Christie. Répondis-je m'efforçant de lui sourire.
- Je peux vous faire quelques choses à manger ? Dit-elle me souriant toujours.
- Non merci je n'ai pas faim. Elle me regarda un peu inquiète. Je vais bien ne vous inquiétez pas. Dis-je lui en adressant un petit sourire. De toute façon c'est l'heure, je dois partir. Regardant ma montre.
- Toutes mes pensées sont avec vous.
- Merci. Je descendis les quelques marches qui me restait.

J'attrapai ma veste sur le porte-manteau et l'enfilai sans plus attendre. J'ouvris la porte d'entrée et sortis sur le perron, attendant que mon chauffeur vienne me chercher.

Je tournais à nouveau la tête vers l'intérieur, ayant sentis quelqu'un tapoter mon épaule. C'était Christie, qui me tendait gentiment un parapluie pensant que je pourrais surement en avoir besoin. Je la remerciais et m'avançais vers la voiture qui venait d'arriver pour me prendre.

Le chauffeur descendit et m'ouvrit la portière arrière, je grimpai à l'intérieur de la voiture et nous voilà partit. Je bouclais ma ceinture et reposais ma tête contre la vitre, appréhendant déjà mon arrivée vers l'endroit le plus morbide du monde.

**

Lorsque nous arrivâmes enfin, le chauffeur descendit vite de la voiture encore en marche et m'ouvrit la portière. Je lui souris légèrement pour le remercier et m'aventurais hors de la voiture. Je soufflais un grand coup m'efforçant de ne pas craquer, lorsque je fis face aux grandes grilles noires.

Les larmes commençaient déjà à perler aux coins de mes yeux, me rendant compte que c'était le moment de lui dire un dernier au revoir.

Je me décidais enfin à entrer sachant à l'avance ce qui m'attendait. Des minutes interminables où toutes les personnes présentes, s'avancerons vers moi me souhaitant les condoléances. Je savais qu'un jour cela aller m'arriver, seulement je n'avais pas idée que ça le serait aussi tôt.

J'avançais le long de ces grandes allées marchant tête baissée à travers les pierres tombales. Ça me faisait froid dans le dos.

- Lucy ! Criant au loin.

Je me retournai à l'entente de mon prénom et je vis Hibiki qui s'avançait vers moi d'un pas rapide.

Il travaillait depuis quelques temps avec mon père, presque 3 ans pour être exacte. Il était un peu plus âgé que moi, mais d'après mon père il se débrouillait très bien malgré son jeune âge. Il était très content de son travail et ne cessait de lui faire des éloges.

Il arriva enfin à ma hauteur ou plutôt il me surplomba de sa hauteur, car je n'étais vraiment pas très grande ou alors c'est eux qui l'étaient beaucoup trop. Il s'abaissa jusqu'à ma joue et y déposa un tendre baiser.

- Toutes mes condoléances. Dit-il d'un air compatissant
- Merci.
- Je t'accompagne ? Me tendant son bras.
- Si tu veux. M'accrochant à celui-ci.

Hibiki semblait s'intéresser à moi depuis un certain moment. Toutes ses invitations à sortir ou aller manger m'avait légèrement mis la puce à l'oreille. Malheureusement il ne m'intéressait pas vraiment, certes il était vraiment gentil mais ce n'était pas mon genre. Et malgré mes refus à ses invitations, ça ne le décourageait pas, il continua d'insister gardant l'espoir que j'accepte un jour.

Nous arrivâmes enfin à l'endroit où le corps reposait, je lâchai le bras de Hibiki et m'approchais du cercueil. Je déposais une belle rose rouge dessus puis une de mes mains.

Une cascade de larmes dévalait mes joues roses sans que je ne m'en aperçoive. Je relavais mon autre main et en un seul coup balayai les perles salées. Je finis par venir poser ma tête contre le bois froid et brillant du cercueil, laissant mes larmes se déversaient sur celui-ci. J'avais besoin d'évacuer toute cette peine, comme si je ne l'avais pas assez fait pendant ces deux jours.

Je sentis une main douce venir caresser ma joue humide et quand mes yeux se rouvrirent j'aperçus les grands yeux marrons de Yukino, ma cousine, la seule qui me restait.

Elle m'attrapa par les épaules et me ramena contre elle. Je la serrais fort dans mes bras, pleurant toutes les larmes de mon corps. Elle posa doucement sa tête contre la mienne, tout en caressant mes cheveux pour me calmer.

Mais rien ne pouvait me calmer, je n'avais plus rien, j'étais en quelques sortes devenue orpheline. Dix-huit ans c'est beaucoup trop jeune pour devenir une adulte, pourtant j'allais devoir m'y faire.

Yukino me tira avec elle sur une chaise au premier rang réservé à la famille.

Une fois tous les invités en place, la cérémonie pouvait commencer. Le prêtre commença ses discours sur la vie et la mort, qui ne m'intéresser pas vraiment. Mon regard était posé dans le vide, alors que mes yeux étaient noyés par les larmes. Yukino me tendit gentiment un mouchoir que je pris, m'essuyant un peu le visage.

Je pouvais sentir les regards des gens sur moi, certains compatissants et d'autre de pitié. Ils devaient tous se demander, qu'est-ce j'allais faire maintenant. J'étais seule et abandonnée à mon propre sort.

J'étais devenue vulnérable.

- Mademoiselle Heartfilia ? Dit le prêtre me sortant de mes songes.

Je le regardais ne sachant pas ce qu'il voulait, j'étais bien trop perdu dans mes pensées et n'avais pratiquement rien écouté à ce qu'il disait. Ça ne servait à rien, je savais que je l'avais perdu et qu'il ne reviendra jamais.

- C'est maintenant. Murmura Yukino à mon oreille.

Je reposai mes yeux sur le cercueil qui commençait à descendre doucement, dans le trou creusé dans la terre, jusqu'à qu'il disparaisse complètement.

Je me levais et m'avançais vers la fosse tout en soufflant légèrement, me donnant du courage pour ce qui allait suivre. J'attrapai une poignée de terre et sans bouger je regardais vers le bas ou désormais était couché mon père. Je relevais ensuite la tête vers le ciel et inspirais un bon coup.

- Je t'aime. Soufflais-je dans un sanglot.

Je tendis ma main au-dessus de lui tout en répétant combien je pouvais l'aimer. Mes doigts se desserrent lassant doucement glisser la terre qui s'écrasa sur son cercueil.

C'était le moment de lui dire adieu.

**

Cela devait faire une bonne vingtaine de minutes que la cérémonie était terminée et j'étais encore assise sur ma chaise. J'étais seule, complètement seule. Mon regard était fixé sur l'épaisse couche de terre, qui maintenant recouvrait entièrement le corps de mon père.

C'est maintenant que je réalisais qu'il ne serait plus jamais près de moi. Il ne serait plus là pour me protéger, alors qui le ferait à sa place ?

J'avais encore tellement besoin de lui, j'avais besoin qu'il m'apprenne les choses que je ne savais pas encore. Qu'il me surprotège comme il savait si bien le faire, qu'il râle quand je rentre dans son bureau sans frapper et qu'il me fasse rire quand je suis triste.

Je sursautai quand je sentis une main attraper mon épaule doucement.

- Tu devrais rentrer maintenant, Dit-il en posant sa veste sur mes épaules. Tu vas attraper froid.
- Je sais...
- Viens je te raccompagne chez toi.

Il m'attrapa par les bras et me força à me lever, il replaça sa veste correctement sur mes épaules et s'arrêta un instant pour caresser ma joue.

- Merci Hibiki Soufflais-je en levant les yeux vers lui.
- Y'à pas de quoi, aller viens.

Je jetais un dernier coup d'œil derrière moi et partis avec Hibiki. Je sentis son bras venir se déposer délicatement sur mon épaule et il me resserra contre lui, frottant mon bras pour me réchauffer un peu. J'étais contente qu'il soit là, j'avais grand besoin de soutien et sa présence me faisait du bien.

**

La voiture s'arrêta devant cette grande maison qui était le mienne. Hibiki sortit le premier, il fit le tour de la voiture et ouvrit la portière, il me tendit gentiment sa main m'aidant à sortir. Je me plaçais face à lui, le regard complètement dans le vide.

- Tu veux que je reste un peu avec toi ? Dit-il d'une voix douce.
- Non merci. Répondis-je en levant le regard vers lui et je lui adressais un faible sourire.
- Comme tu veux, Un léger silence s'installa avant qu'il ne reprenne. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler.
- C'est gentil, mais je veux juste être un peu seule.
- Je comprends, Dit-il avant de venir déposer sur lèvres sur mon front. Je repasserais te voir bientôt.

Je hochais la tête et marchais d'un pas nonchalant vers ma maison, je montais les marches du perron et j'insérai la clé dans la serrure. Une fois ouverte, je me tournai vers Hibiki, je lui fis un dernier signe de la main, qu'il me rendit.

Je refermais la porte après être entrée et je collais mon dos à celle-ci. La maison était envahie d'un lourd silence devenant insupportable. J'étais seule et cette idée me faisais peur.

Je me laissais tomber sur mes jambes, mes mains étaient venues se plaquer contre mon visage. Il n'y avait pas un bruit, à part celui de mes sanglots, qui très vite raisonnèrent à travers la maison.

Je pensais alors que c'était le jour le plus abominable que j'avais pu vivre après la mort de ma mère...

« Fight for this love »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant