Chapitre 4.

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Petite idiote.

Coincée dans les embouteillages de New York, je me maudis de ne pas m'être réveillée plutôt.

De plus qu'attendais-je après avoir passé toute la nuit à regarder la télé.

Je ne suis qu'une idiote.

Ils doivent avoir débuté la réunion depuis un quart d'heure maintenant.

Idiote ! Idiote ! Idiote ! Me répétai-je en me cognant la tête contre le volant. Je vais me faire virer sans même avoir commencé quoi que se soit.

La tête posée contre le volant, j'expire bruyamment. Que vais-je faire ? Me murmurai-je.

Tout à coup une idée géniale me vient à l'esprit. Aller à pieds.

J'arriverai plus vite à pieds qu'à voiture vu que l'embouteillage ne concerne que les voitures. Génial !

Deux, trois petites manœuvres et je me gare sur un trottoir. Je descends de la voiture et grâce au GPS de mon téléphone, je me guide.

Dans cette vallée de monde, je risque à plus de deux fois de me cogner soit contre une personne soit contre un poteau tant je suis plongée dans mon téléphone.

Comme une vraie New Yorkaise, je marche à pas pressés dans les rues de Manhattan ne faisant attention à ce qui m'entoure.

Tournez à droite.

Le téléphone en main, je suis mon GPS aveuglement. Que l'on bénisse celui qui a conçu ce logiciel.

Une bousculade, deux bousculades...non !

Mon téléphone ! Mon sac !

Pas moi ! Non pas moi !

Oh mon Dieu, quelle poisse !

En moins de cinq secondes, je viens de me faire voler mon sac à main et mon téléphone. Choquée par les faits récents, je regarde stoïque la foule autour de moi vaquer à ses occupations.

La main sur le front, je marche sans savoir où aller. Il n'y a plus aucun doute, je vais non seulement me faire renvoyer de mon travail mais aussi me faire expulser du pays pour résidents sans papier.

Empruntant une ruelle par très nette, je songe à faire demi-tour avant que des sanglots étouffés me parviennent. Les suivant, je ne fais que m'engouffrer dans cette ruelle sombre même de jour.

Une fillette. Une petite fille aux cheveux aussi sombre que cette ruelle est assise à même le sol contre le mur. La tête contre ses genoux remontés, j'entends plus clairement ses pleurs.

M'accroupissant à son niveau, je lui caresse tendrement ses cheveux dans un geste qui la fit sursauter.

Plongeant son regard d'un noir pareil à ses cheveux dans le mien, j'y vois la peur traverser ses pupilles avant qu'elle ne la remplace par de l'interrogation.

De mon pouce, je lui essuie les joues mouillée de larmes avant de lui demander ce qu'elle fait là.

- Je suis perdue. Me répond-t-elle en sanglotant.

Comment est-ce possible ? N'y-a-t-il personne qui s'occupe d'elle ? Elle est tellement si jeune, ce n'est qu'une enfant. Pas plus de cinq ans a-t-elle, je dirai.

Elle est magnifique.

Me mettant debout, je lui tends ma main.

- Suis-moi on va retrouver ta mère. Lui dis-je.

- Ma mère ne m'aime pas. Me répondit-t-elle sèchement.

Surprise par une telle phrase de sa part, je m'assois à ses côtés laissant le silence plané. Je sais qu'elle ne me fait pas confiance et c'est compréhensible. Après tout je ne suis qu'une simple étrangère qui ne connait même pas son chemin.

- Tu es belle. Tu es marron. Dans mon ancien pays ma meilleure amie était elle aussi marron. Commence à parler la petite fille me faisant sortir de mes pensées.

Marron. J'imagine que s'est sa manière à elle de qualifier mon teint métissé.

- Je n'aime pas ce nouveau pays. Je n'ai pas d'amis. Papa travaille beaucoup. Papa travaille dans les grands miroirs qui touchent le ciel. Continue-t-elle le regard dans le vide.

Cela m'étonne que cette fillette se confie ainsi à moi. Elle doit se sentir si seule, sans amis, avec une mère qui selon elle ne l'aime pas et un père...

Un père qui travaille dans les grands miroirs qui touchent le ciel...

Les grands miroirs qui touchent le ciel...

Mais oui ! Les buildings.

- Comment tu t'appelles ? Demandai-je à la fillette.

- Patricia.

Patricia. Me répétai-je. Quel beau prénom !

Je lui encercle les joues de mes mains et lui sourie de mon plus beau sourire.

- Suis-moi Patricia. Je sais où trouver ton père.

Une étincelle jaillit dans son regard.

- Vraiment ? Me demande-t-elle de sa petite voix habillée d'un accent que je viens à peine de remarquer.

Vraiment ? Non ! Car je suis moi aussi perdue. Mais pour ne pas l'inquiéter davantage, j'hoche simplement la tête avant de lui prendre la main.

Et ensemble nous sortons de cette ruelle, la tête dans le ciel pour ne pas perdre de vue les grands miroirs qui touchent le ciel.

Juste Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant