Chapitre 6.

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La tête contre la vitre et les yeux fermés, je ne remarquai que plus tard que le chauffeur, ce fameux Jack me parlait. Avec beaucoup de difficultés, j'ouvris les yeux et essayai tant bien que mal de le comprendre.

Plusieurs fils étaient déconnectés dans ma tête et mon cerveau ne répondait plus. Alors il me fallu plus d'une minute pour simplement comprendre que nous étions arrivés.

Je tournais la tête vers la vitre dans un effort couteux avant de remarquer que nous étions bloqués au portail du quartier.

- Ils m'interdisent d'aller plus loin sans invitation. M'informa le chauffeur.

Quand je disais que c'était l'un des quartiers les plus sécurisés de New York.

- Oh ! Ce n'est pas grave, je vais continuer à pieds. L'informai-je en déposant ma main sur la poignée dans le but d'ouvrir la portière.

Elle est condamnée.

- Désolé mais Mr Parker m'a donné des instructions précises. J'ai pour ordre de vous déposer devant chez vous et de m'assurer que vous y êtes entrez, saine et sauve. Me dit Jack d'un ton professionnel.

Surprise, je le regardai sans un mot.

J'attardai mon regard sur lui et je le découvris un peu plus vieux. La quarantaine peut être ? Il avait les cheveux blonds foncé et les yeux gris, les traits tout aussi durs que ceux de son patron. Moins imposant que ce dernier, mais tout aussi présent.

La carrure idéale d'un garde du corps et ancien homme de guerre.

Son sourire inexistant traduisait son professionnalisme exemplaire, dévoué à son maître, il suivait les ordres de ce dernier aveuglement.

Mieux valait ne pas me mettre entre l'amour d'un garde du corps et son maître.

Je détournai mon regard de Jack qui m'avait lui aussi fixé sans ciller et le posai sur la vitre que je baissai grâce à un bouton. D'un signe de main, j'interpellai l'un des gardes du quartier.

- Bonjour je suis Mlle Afandé. Jack est mon chauffeur vous pouvez nous laisser entrer. Demandai-je poliment.

Le garde jeta un regard de travers à Jack avant de porter sur moi, un regard beaucoup plus doux. Il s'éloigna ensuite et alla parler à l'un de ses supérieurs, je crois.

Décidemment cette histoire de sécurité commence déjà à me taper sur les nerfs.

Le garde revient accompagné de son supérieur.

- Mlle Afandé...

J'hochai la tête et il poursuivit.

- Votre frère, Jason Afandé nous a donné des directives avant son départ. Il nous a interdit de laisser entrer dans la cité tout homme vous accompagnant.

Je levai un sourcil et le regardai interdite.

Il n'est pas sérieux ?

Je suis sure que Jason leur a promis des billets pour des matches.

- C'est une blague ! Vous n'avez pas le droit de m'interdit de recevoir qui je veux chez moi. Lui dis-je d'un ton qui se voulait menaçant.

- Si ! La maison est au nom de Jason Afandé, seul les propriétaires des résidences ont le droit d'inviter des visiteurs. Et sur la liste de votre frère, vous êtes la seule invitée et toutes autres femmes que vous inviteriez, les hommes non. M'informa l'agent de sécurité.

Jason ! Jason ! Jason ! Il n'a pas osé, dites-moi que je rêve !

Cherchant mon téléphone pour lui remonter les bretelles, je m'affaissai lourdement sur le siège arrière me rappelant qu'on me l'avait volé.

Je soufflai bruyamment faisant sortir ainsi toute mon irritation.

- S'il vous plaît, laissez-moi sortir. Commençai-je à supplier mon chauffeur.

- Tout comme eux, je suis des ordres mademoiselle.

Mais qu'est qu'ils ont tous à suivre les ordres ?

Garé sur le côté pour ne pas gêner la circulation. Je réfléchissais à une solution avant que Jack me ramène à son boss comme il me l'avait dit.

Une idée, une idée folle me traversa l'esprit.

Je regardai Jack d'un œil espion. Il avait le regard sur les grandes grilles de ma cité.

D'un geste fin et insoupçonné, je pris le verre de café posé dans son globe non loin de mon siège avant de le lui renverser dans un geste voulu.

- Oh Jack ! Désolé ! Désolé ! M'écriai-je dans une comédie parfaite.

- Non ce n'est rien, je vous assure. Me répondit-il en se concentrant sur sa chemise pour essuyer la tache.

Profitant de son inattention, j'appuyai les boutons de sa potière, déverrouillant enfin la mienne pour m'échapper comme une voleuse, ne faisant attention à ses cris.

Je me faufilai entre les grilles à peine ouverte tandis que les gardiens enclenchèrent le mécanisme pour l'un des résidants.

Pieds nus, poussiéreuse et les cheveux en bataille, je courrai dans la cité jusqu'à chez moi maudissant intérieurement tous les hommes que je connaissais.

Stupide. Oui, les hommes sont tous stupides.

Juste Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant