Chapitre 73.

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- Bien. Maintenant nous pouvons parler.

Je baissais mon regard sur mes doigts que je torturais entre elles, gênée. Je n'avais pas envie de parler de cette partie sombre de ma vie et encore moins à James. Mais l'intensité de son regard traduisait la force de sa détermination.

- J'ai une seule question à te poser, rien qu'une seule. Dit-il en relevant ma tête de sa main pour m'obliger à croiser son regard.

Et quand nos regards furent à nouveau soudés, je sentis mon cœur se tordre douloureusement à chacun des mots qui sortaient de sa bouche.

- Tom a-t-il abusé sexuellement de toi ?

Mais au lieu qu'une parole ne sorte de ma bouche, c'est un torrent de larmes qui coulèrent de mes yeux. Le regard embué de larmes, je vis les poings de James se serrer si fort à s'en blanchir les phalanges et son regard s'obscurcir si vite en en devenir vide.

- Réponds-moi Ebiéreyma. M'ordonna-t-il d'une voix qui m'effraya.

Je secouai la tête de gauche à droite. Il ne pouvait pas me demander de dire à haute voix ce qu'il savait déjà.

- Ebiéreyma, regarde-moi. M'ordonna-t-il d'une voix dure.

Mes larmes continuèrent de couler quand mon regard rencontra le sien.

- Ta peur nourrit tes démons. Si tu ne les affrontes pas, ils ne disparaitront pas. Alors réponds-moi, est-ce que Tom a abusé sexuellement de toi ? Me redemanda-t-il posément.

Je fermai mes paupières fortement espérant ainsi faire disparaître les horribles images de mon viol qui tournaient en boucle dans mon esprit.

- Regarde-moi Ebiéreyma...

- Non ! Ne m'appelle comme ça. S'il te plaît, ne m'appelle pas comme lui...

Je l'entendis respirer fortement avant qu'il ne s'approche de moi et qu'il ne me prenne dans ses bras. Mais au lieu que sa présence ne me répugne comme celle des hommes lors de mes crises d'angoisse, elle me réconforta comme aucune autre ne l'avait fait auparavant.

- J'ai rencontré Adriana à l'âge de dix-sept ans et depuis lors, nous fûmes inséparables. Elle était la lumière dans le monde obscur qui m'entourait...

Adriana ?! Me répétai-je intérieurement. Oui ! Adriana, la seule fille qu'il n'ait jamais aimée...

- A l'âge de dix-huit ans, elle s'est faite kidnappée et violée...

Je fermai les yeux fortement, n'osant imaginer ce qu'elle avait vécu. Il se tût un instant, difficile pour lui d'en parler.

- ... quand je l'ai retrouvé, trois jours plus tard. Elle n'était plus la même... sa lumière s'était éteinte... elle se laissait mourir de l'intérieur... J'ai tout essayé pour l'aider... tout.

Il raffermi sa prise autour de mon corps, et je ressenti sa peine à travers son câlin.

- Mais un soir, quand j'allai la voir... je la retrouvai dans sa salle de bain, baignée dans son propre sang... Elle s'était suicidée.

Son souffle et le mien se coupèrent au même instant. Il se détacha de mon corps et encra son regard blessé dans le mien.

- Je m'en suis voulue et je m'en veux encore de pas avoir pu l'aider... Je me suis promis de ne plus jamais me sentir impuissant dans cette situation... s'il te plaît, laisse-moi t'aider. M'implora-t-il en me tenant le visage entre ses mains.

J'inspirai longuement sans détacher mon regard du sien.

- Quelques mois après mon accident, je me suis faite kidnappée une nuit d'automne alors que je rentrai chez moi. Je me suis réveillé à moitié nue dans un entrepôt attachée aux barreaux d'un lit...

Je baissai les regards ne pouvant continuer sans qu'il ne me voie pleurer. Mais pas du même avis que moi, il me remonta le menton encrant à nouveau son regard dans le mien. La gorge douloureuse, je poursuivis.

- Je me suis mise à pleurer et à crier à l'aide, et au moment où je perdis l'espoir que quelqu'un ne vienne m'aider, la porte de l'entrepôt s'ouvrit sur Tom. Je ne l'avais pas revu depuis sa disparition soudaine dans ma vie après mon accident. A travers mes larmes, j'avais retrouvé le sourire et mes yeux s'étaient illuminés d'espoir.

Je fermai les yeux un instant et une larme coula le long de ma joue.

- Mais quand il s'était approché de moi la mine sombre et le regard rouge, mon espoir s'était transformé en désespoir. J'avais compris que ce ne serait pas lui mon sauveur. Je...

- Je le tuerai. Entendis James prononcer froidement.

Je ressentis mon cœur battre un battement plus fort, mais gardai le silence ne sachant quoi répondre.

- Je le tuerai Ebiéreyma... mais avant je te reconstruirai... avec mon amour...

J'écarquillai les yeux, croyant ayant mal entendu.

- Laisse-moi t'aider... laisse-moi t'aimer... laisse-moi faire battre à nouveau ton cœur, au rythme du mien...

Il se mit à hoqueter d'un rire gêné, tout en se grattant l'arrière de la tête sans oser croiser mon regard. Tandis que moi, je restai sans voix.

- Je ne pensais pas que c'était aussi difficile d'avouer ses sentiments à quelqu'un.

Il échappa un rire nerveux à nouveau avant d'oser lever la tête et encrer son regard au mien.

- Je t'aime Ebiéreyma... Tu m'as intrigué du premier regard, tu m'as attiré la première fois que tu m'as tenue tête et je suis tombé amoureux de toi au premier baiser... 

Juste Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant