XVIII - Les craintes de la loutre.

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Le retour à Poudlard fut un soulagement pour tout le monde. Janvier balaya l'année éprouvante qu'ils venaient de vivre, ponctuée de la perte de nombreux proches. Le souvenir de Cedric Diggory planait encore dans les couloirs du château, mais les élèves avaient fini par faire leur deuil. Ses plus proches camarades vivaient à présent pour lui, ne cessant d'avoir une pensée pour lui à chaque sourire, rire ou mot échangés. Personne ne l'oublierait jamais. Personne, pas même Poudlard.

Hermione comprit à quel point il était important pour elle d'en faire autant si elle voulait avoir une chance d'être heureuse. Ses parents n'accepteraient jamais qu'elle passe le restant de sa vie à se morfondre sur elle-même, alors que l'amitié et l'amour se trouvaient à sa portée. La présence de ses amis auprès d'elle lui était bénéfique. Ils se relayaient tous pour qu'elle ne se retrouve jamais seule, elle s'en était rendue compte quelques jours après le départ du Square Grimmaurd. Même les jumeaux passaient le plus clair de leur temps libre avec le Trio, racontant des blagues, faisant des farces, inventant sans cesse de nouvelles inventions. Ginny se joignait parfois à eux, et les enfants Weasley se mettaient alors à raconter leurs plus beaux souvenirs d'enfance.

Evidemment, Fred était celui dont elle avait le plus besoin. Si elle avait refusé de le voir pendant quelques temps après le réveillon, elle s'était rendue compte que s'éloigner de lui ne faisait que raviver la douleur enfouie au fond de son être. Par sa simple présence, il l'aidait à oublier la tristesse et la souffrance. Ils n'avaient jamais parler de ce qu'il s'était passé le soir du réveillon, Hermione n'en ayant pas la force, ce que le garçon comprenait parfaitement. Il acceptait sa décision sans rechigner, mais espérait néanmoins que la jeune fille trouverait un jour le courage de se confier à lui. Comme elle l'avait fait avec son jumeau. Il n'était pas jaloux de ça, non, plutôt reconnaissant envers George d'avoir été là pour elle alors que lui n'y était pas parvenu.

Chaque soir, après le repas, ils se réfugiaient dans une salle de classe vide que le garçon avait découvert une nuit avec son frère, et discutaient de tout et de rien. De leur histoire. De leurs espoirs. De leurs rêves. De l'invention grandiose que les jumeaux mettaient au point pour laisser une trace de leur passage entre les murs du château. Hermione ne savait pas trop quoi penser de cette histoire, mais avait néanmoins juré de n'en parler à personne, les jumeaux souhaitant que la surprise soit totale pour tous.

Les semaines passèrent, et arriva finalement le mois de février. Peu à peu, Hermione reprenait goût à tout ce qui l'entourait. N'éprouvant plus le besoin de se forcer à rire, à sourire et à aimer. Cela revenait naturellement, pas à pas. Le processus de guérison était long, éreintant, mais aucun d'entre eux ne perdait espoir. La Hermione Granger qu'ils connaissaient revenait vers eux. C'était le plus important.

―Je meurs de faim ! s'exclama Ron en franchissant le seuil de la salle commune des lions, couvert de boue de la tête aux pieds.

Hermione releva lentement la tête de son livre et jeta un regard amusé à son meilleur ami, dont le visage était constellé de tâches marrons. La nuit était tombée depuis longtemps, pourtant, Angelina avait tenu à continuer l'entraînement, estimant qu'il leur fallait être prêts pour le match du lendemain, durant lequel Gryffondor allait affronter Serdaigle pour la finale de la coupe. Tout le monde savait qu'elle espérait quitter Poudlard avec une victoire en tête, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps.

―Je monte me doucher et on va manger ensuite ? lui lança le rouquin.

La jeune fille acquiesça avant de croiser le regard brillant de Fred, assis avec ses camarades de classe, près de la cheminée. Elle lui adressa un faible sourire et se replongea dans sa lecture, avant de sentir une main se poser doucement sur son épaule, la poussant à lever les yeux vers l'inconnu. Son cœur s'emballa lorsqu'elle rencontra le sourire taquin qu'elle aimait tant.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant