[CHAPITRE 11] Prunes dirigeables.

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Assise au bord du ruisseau, écoutant la douce mélodie de l'eau qui coule, Hermione triturait nerveusement le morceau de papier qu'elle avait en main. Le bout de parchemin, abîmé par ses nombres lectures de la missive, semblait sur le point de se désintégrer. Froissé, il ressemblait à un mouchoir en tissu que son père avait l'habitude d'utiliser. Pourtant, il était bien plus important que ça et à ses yeux, il s'agissait, à l'heure actuelle, de son bien le plus précieux.

Quelques mètres derrière elle, les garçons s'occupaient de ranger la tente dans son petit sac brodé de perles. Dans quelques minutes, ils se trouveraient face à Xenophilius Lovegood et ils avaient convenu de ne pas revenir passer la nuit dans cette forêt, dans le cas où les choses tourneraient mal. Ron assurait que tout irait bien, le père de Luna étant plutôt du genre pacifique, mais la jeune femme restait néanmoins sur ses gardes. Elle pensait la même chose lors de leur expédition à Godric's Hollow, pourtant, les choses avaient mal tourné... très mal, songea-t-elle. 

Les doigts tremblants, elle déplia le morceau de papier et son regard se posa une nouvelle fois sur l'écriture raffinée de Fred. Elle ne savait comment, pourtant, le garçon lui avait écrit une lettre. Un message qu'il semblait avoir pris le temps de combler au fil des mois et qui ne formait qu'un amas de pensées confuses, emplies de désespoir et de peur. Lorsque Ron avait annoncé son souhait de rejoindre ses amis, Fred lui avait fait promettre de remettre ce parchemin à Hermione. Le plus jeune avait obéi et la jeune femme se souvenait encore des battements frénétiques de son cœur lorsque son ami lui avait remis la lettre. De ses yeux embrouillés lorsqu'elle avait constaté qu'il s'agissait d'un mot de Fred. 

Hermione,

Exactement deux semaines ont passé depuis que tu es partie... Deux interminables semaines durant lesquelles je n'ai pas arrêté de tourner, tel un lion en cage, entre les quatre murs du Terrier. Si tu savais à quel point j'ai réussi à faire tourner mes parents en bourrique ! Je crois que même tous mes frères et sœur réunis n'étaient jamais arrivés à un tel résultat...

Un mois, c'est si long et si court à la fois. J'ai fini par ne plus croire que tu allais franchir le seuil de l'entrée d'une seconde à l'autre, ton sourire rayonnant au coin des lèvres. Je crois que... je crois que j'ai fini par me faire une raison. Et même si ça me fait un mal de chien, je sais et je comprends tes raisons. Mais putain, qu'est-ce que ça fait mal !

Deux mois... putain de décompte à la noix ! Où es-tu ? Que fais-tu ? Es-tu en sécurité ? Ces questions me tournent autour, tels des vautours autour de leur proie et me suivent à chaque seconde de la journée. Et j'aimerai obtenir une réponse, ne serait-ce qu'un infime indice sur l'endroit où tu te trouves. Et... est-ce que tu penses à moi ?

Trois mois... Ma mère continue de pleurer le départ de Ron, quand elle croit que personne ne fait attention à elle. J'aimerais tellement pouvoir lui rendre son sourire, parce que ça me bouffe de la voir dans cet état, mais le seul qui en soit vraiment capable, c'est Ronnie... et Merlin sait où vous vous trouvez à l'heure qu'il est...

Je ne sais pas trop pourquoi, mais j'ai été faire un tour au cimetière de tes parents. Peut-être espérais-je y trouver un signe de ton passage, un signe que tu es toujours en vie... mais... Si tu savais combien l'idée de te savoir près d'eux un jour, me ronge littéralement. Il m'est impensable que tu puisses mourir... que tu ne puisses pas faire ta vie, te marier, fonder une famille, avoir le métier de tes rêves. Te souviens-tu de ton angoisse le jour où tu as eu cet entretien avec McGonagall au sujet de ton avenir ? Qu'est-ce que j'aimerai revenir à cet instant pour savoir combien les moments à venir seraient précieux et qu'il nous fallait en profiter comme si c'était les derniers.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant