[CHAPITRE 14] Se souvenir.

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Le temps passe, la douleur s'apaise mais les souvenirs restent.

C'était tout ce qu'il restait. Des souvenirs. Par milliers. Par millions. Pour toujours ancrés au plus profond de son esprit. Pour toujours enfouis dans son cœur ; dans cette partie que personne ne pourrait jamais prendre. Car c'était celle qu'ils avaient occupés toutes ces années. Depuis l'instant où elle était née. Depuis l'instant où elle avait appris à vivre à leurs côtés.

Le temps passe, la douleur s'apaise mais les souvenirs restent.

Il pleuvait. Il pleuvait dans son cœur, dans chaque parcelle de son corps, dans son esprit. Il pleuvait sur son cœur, sur son corps et son esprit. Il pleuvait et la froideur de l'eau lui rappelait qu'elle était encore vivante, à déambuler entre les allées verdoyantes du cimetière. Il pleuvait mais la chaleur de la peau de Fred contre la sienne maintenait les ténèbres à distance, agglutinés à cette grille en fer derrière elle. Il pleuvait, et pourtant, aucune larme ne coulait le long de ses joues. Parce qu'elle avait trop pleurer, parce qu'elle n'était plus capable de pleurer, malgré sa gorge nouée et cette boule qu'elle avait à l'estomac depuis son réveil.

Seul le bruit des gouttes d'eau tombant sur les stèles et les cailloux osait rompre le silence oppressant du cimetière, encore vide de tous visiteurs à une heure aussi matinale. Mais l'aube, était le moment de la journée qu'elle préférait. Pour sa douceur, son spectacle multicolore et pour son calme. L'aube était le prémisse d'une longue et éprouvante journée. L'aube était le commencement de tout. De la vie, de l'amour, du bonheur. Car, n'y a-t-il pas un commencement à tout ? A la vie, aux souvenirs, au réveil ? Si, et Hermione l'avait appris ce jour de novembre.

Fred était silencieux à ses côtés, la suivant sans rien dire à travers les allées du cimetière, jetant parfois un coup d'œil aux noms gravés à jamais dans le marbre. La plupart des personnes qui reposaient ici étaient des moldus, mais il savait que le cimetière de Londres accueillait aussi des sorciers. Car la mort n'avait aucune limite et qu'une fois entre ses bras, tout un chacun était égal à son prochain.

Les oiseaux s'étaient réfugiés dans le feuillage des arbres pour échapper à l'averse qui recouvrait la capitale anglaise d'un épais manteau de nuages sombres. Un instant, Hermione aurait voulut faire comme eux, se réfugier loin d'ici, pourtant, cette visite, elle en avait besoin. Elle en éprouvait le besoin depuis son retour de Poudlard. Parce que les murs du château ne pouvaient pas tenir éternellement la vie réelle à distance et qu'il fallait savoir faire face à la réalité avec courage. N'était-elle pas une Gryffondor après tout ? Et puis, même si elle ne savait pas si c'était possible ou non, elle voulait croire que ses parents la guidaient toujours et qu'ils étaient heureux de voir qu'elle pensait toujours à eux. Peut-être même les regardaient-ils en cet instant, et elle aurait tout donner pour savoir ce qu'ils pensaient du garçon qui marchait à ses côtés.

Ils finirent par arriver devant la tombe des Granger et Hermione sentit son cœur se serrer en posant son regard sur les lettres en or qui formaient le nom de ses parents. Fred l'enlaça et elle s'appuya de toutes ses forces contre lui, cherchant soutien et réconfort dans son étreinte, pour autant incapable de détourner les yeux de la stèle blanche devant elle. Quelques pots de fleurs recouvraient la plaque, ainsi que quelques inscriptions qu'elle avait déjà remarqué lors de sa précédente visite. Les amis et collègues de ses parents venaient toujours les voir et cette constatation lui fit beaucoup de bien.

—J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'ils sont partis... lâcha-t-elle d'une petite voix.

Elle sentit la main du rouquin descendre le long de son dos pour la rapprocher encore plus de torse, sur lequel elle posa sa tête en poussant un profond soupir, la gorge encore plus nouée.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant