[CHAPITRE 8] L'anniversaire.

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à écouter sur la musique : Chopin - Spring Waltz.


« Lorsque la mer représentait ma tristesse,

tu m'as appris à nager »

La tristesse est un sentiment perfide, sournois. Manipulateur à souhait. Elle vous prend aux tripes, d'abord doucement, si finement que vous ne comprenez rien à ce qu'il se passe, puis de plus en plus violemment. Sa puissance se décuple. Elle monte, elle monte, elle monte. Jusqu'à atteindre un point de non-retour. Et une fois que vous en êtes arrivés-là, alors c'est trop tard.

Vous êtes déjà perdus.

Du moins, c'est ce que je croyais. C'est ce que j'ai cru durant de nombreux mois après avoir perdu mes parents, en ce triste Halloween. C'est ce que j'ai cru alors que les pleurs, la douleur et la tristesse dans mon cœur étaient devenus mes plus fidèles alliés. Ils étaient devenus mon quotidien. Le pire quotidien que l'on puisse espérer à cet âge. Je m'étais tant habitué à eux, que, lorsque le moment est venu de leur dire au revoir, cela n'a pas été facile. Ils avaient été mon soutien tout ce temps, et les perdre comme ça, me paraissait terrible. Comme si j'allais sombré. Plus profondément. Dans cette aura de noirceur qui m'entourait à longueur de journée. J'étais entrain de sombrer... inexorablement.

Et puis, soudainement, aussi lumineux que le soleil, tu as fais irruption dans ma vie, comme une comète dans un ciel étoilé. Ta chaleur, ton rire et tes sourires chaleureux ont balayés ces nuages noirs dans mon cœur. Petit à petit, tu as fais ton chemin dans mon âme. Petit à petit, tu es parvenu à éveiller l'espoir qui s'était endormi en moi. Petit à petit, tu m'as ouvert au monde. Petit à petit, tu as tracé une ligne dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. Petit à petit, tu es devenu vital. Petit à petit, tu as compté. Petit à petit, tu es devenu le garçon qui faisait battre mon cœur. Petit à petit, tu m'as aimé.

Petit à petit, d'une façon incontrôlable, je t'ai aimé.

Ta joie de vivre a fait disparaître les ténèbres et je suis remonté à la surface. L'océan dans lequel j'étais entrain de me noyer est devenu un fleuve, une rivière puis un ruisseau. Avec le temps, il s'est desséché, et l'amour a tout remplacé. Mes sourires sont revenus. La flamme qui animait ma vie s'est rallumée. Tes bras ont formés un rempart autour d'elle, autour de moi et tu as réussi à me préserver de tout.

D'une comète, tu es passé à une étoile. La plus brillante de mon univers. D'une étoile tu es devenu une constellation. Et à partir de ce jour, j'ai su que je ne pourrais plus jamais me passer de ta présence à mes côtés. Que je ne pourrais plus jamais me passer de ton sourire, de ton odeur, de ta voix. De tout ce qui faisait que tu es le garçon exceptionnel que tu es.

Je suis tombée amoureuse comme on s'endort : doucement, puis tout d'un coup. 

On pourrait croire que cette histoire est digne d'un conte de fées. Tout y semble parfait que songer que la fin ne puisse pas l'être est impensable. Impossible. La princesse et son prince vivent forcément heureux lorsque les derniers mots sont inscrits. Oui, c'est comme ça que nous connaissons tous les contes.

Et pourtant, il y a toujours cette ombre noire au tableau. Cet instant d'égarement qui remet tout en question. La joie, le bonheur, l'amour. Ces questions existentielles qui sèment le doute. Qui laisse une porte d'entrée aux ténèbres, qui, tapies dans l'ombre, attendent patiemment le moment opportun pour revenir. Pour s'enrouler autour de nous comme un serpent autour de sa proie. Et on en revient à cette sournoise tristesse, et tout recommence.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant