[CHAPITRE 4] Désartibulé.

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« Si Merlin m'entend, alors prie avec moi. Prie de toutes tes forces, Fred, je t'en supplie. Mes mains tremblent si fort que mes mots ne ressemblent qu'à un tas informe de gribouillis. Mon cœur bat si fort que j'ai peur qu'il me lâche. Et bon sang, qu'est-ce que j'ai peur ! L'expédition au Ministère s'est si mal passée... Comment est-ce possible ? Je n'arrive pas à réaliser, mais les gémissements de douleur de Ron qui me parviennent, me confirment que cette horrible journée a bien eu lieue... Fred, où es-tu ? J'ai besoin de toi. Là, tout de suite, j'ai besoin de tes bras. Pour me rassurer, rassurer les autres et trouver le courage nécessaire pour continuer... »


Le vent faisait virevolter les feuilles mortes du jardin. Un tourbillon de marron, orange et rouge l'entourait, alors que, assit sur un vieux banc en bois, il observait le paysage qu'il avait toujours connu. Les étendues de plaine, la forêt, les champs dans lesquels les gnomes pouvaient proliférer sans le moindre dérangement et plus loin, les collines. Des collines qui séparaient le Terrier du village moldu. Des collines derrière lesquelles se trouvait la demeure des Lovegood, la petite chapelle qui avait servi à leur apprentissage avant Poudlard.

Des collines, où quelque part, il y avait Hermione.

Hermione qui revenait sans cesse dans ses pensées. Hermione qui faisait battre son cœur un peu plus fort à chaque fois que les journaux annonçaient de nouvelles arrestations. Chaque jour, il craignait de voir son nom apparaître. Chaque jour, il craignait d'apprendre qu'elle s'était fait prendre, qu'elle avait été kidnappée ou bien qu'elle était...

Fred secoua la tête à cette idée et serra de toutes ses forces l'accoudoir du banc. Ses phalanges blanchirent et il ignora la douleur que lui prodiguait cette contraction. Douleur qui lui rappelait un peu plus chaque jour combien le monde était devenu fou. Combien de personnes périssaient chaque jour. Combien il était important de profiter des gens que l'on aimait.

Des nuages noirs commencèrent à noircir le ciel de cette fin de journée. Septembre s'en était allé, emportant dans son sillage les derniers souvenirs doucereux de l'été. Emportant avec lui la joie et l'euphorie qu'apportait autrefois le retour à Poudlard. Mais depuis la nomination de Severus Rogue au poste de directeur, les choses avaient bien changé... La terreur s'était emparée du château et les lettres d'inquiétude de Ginny ne cessaient d'augmenter. Fred entendait parfois ses parents se demander s'il ne serait pas plus judiciable de la faire partir et de la mettre en sécurité.

Mais étaient-ils seulement en sécurité ici ? Dès que le monde entier avait réalisé que Harry Potter et ses amis n'avaient pas pris le train pour Poudlard, une chasse à l'homme s'était mise en place pour traquer le trio. Des sommes considérables d'or étaient offertes au premier qui mettrait la main sur eux. Voldemort lui-même avait promis sécurité et richesse à celui qui parviendrait à lui amener Potter vivant. Depuis, des centaines de Rafleurs patrouillaient dans chaque centimètre carré du pays. En vain.

L'Ordre se réunissait plusieurs fois par semaine pour tenter de trouver le moyen de contrer les attaques de Mangemorts, mais leur si petit nombre ne valait rien face aux centaine de milliers de partisans du Seigneur des Ténèbres. Les gens préféraient fuir ou se terrer chez eux plutôt que se battre et affronter avec courage la noirceur qui les retenait prisonnier. Leur résignation, cette façon de baisser les bras, de se soumettre sans réfléchir... tout ça, ça le rendait fou de rage.

Lui qui était à peine âgé de vingt ans, il lui semblait qu'il possédait déjà bien plus de courage que tous ces sorciers qui avaient pourtant déjà vécus les ravages de la première guerre. Cela ne devrait-il pas être un prétexte de se battre, justement ? Ne plus avoir envie de revivre de tels événements tragiques ? Vouloir construire un futur serein pour les générations suivantes ? Mettre un terme définitif au monstre qui brisait tant de vie sur son passage ? Qui prenait les moldus pour une race inférieure et qui appelait à leur extermination, alors que sans eux, ils ne seraient pas ce qu'ils étaient aujourd'hui.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant