XIX - Une Saint-Valentin à Poudlard.

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Se promener librement dans les couloirs de Poudlard, le jour de la Saint-Valentin, était l'idée la plus stupide que pouvait avoir un élève. Sauf s'il souhaitait se faire bousculer par des Cupidons volants, interpeller par des fantômes furieux, ou pire encore, recevoir une lettre des dit Cupidons en question. Ce qui expliquait la certaine clémence qu'avaient les professeurs lorsque l'un de leurs élèves arrivait en retard en cours, le visage cramoisi la plupart du temps.

Hermione, déambulant difficilement entre les élèves amassés dans le couloir du troisième étage, commençait à regretter de ne pas avoir accompagné Harry et Ron sur le terrain de Quidditch, le rouquin voulant continuer à s'entraîner sur de vrais balais de compétition pour ne pas perdre la main pour l'année prochaine. Mais elle avait refusé la proposition de ses meilleurs amis, voulant à tout prix finir ses devoirs pour être tranquille et passer la soirée avec Fred.

Elle n'avait jamais eu à se soucier des Cupidons avant, les élèves ne lui trouvant aucun intérêt particulier, sauf que, cette année, les choses avaient considérablement changée Oh bien sûr, elle savait que Fred n'était pas l'auteur de la mauvaise plaisanterie qui la suivait depuis son réveil, puisqu'il en était lui-même victime, et il lui prenait à songer qu'elle aurait préféré que leur histoire reste dans l'ombre.

Des ricanements s'élevèrent autour d'elle lorsqu'un énième Cupidon s'arrêta face à elle, la forçant à interrompre sa marche pressée en direction de la bibliothèque. Comme tous ses comparses, il était petit, dodu et simplement habillé d'une toge sur laquelle avait été épinglée un cœur rouge sur la poitrine. Ses cheveux d'un noir de jais faisaient ressortir la pâleur de sa peau. Un soupir de dépit s'échappa des lèvres sèches de la Préfète, qui finit par relever lentement la tête, le visage cramoisi.

Et alors, à sa plus grande honte, et sous les yeux de tous les septième année de Serdaigle, le Cupidon se mit à réciter un poème écrit par un élève de l'école, dans lequel il était question d'un prince de pacotille venu secourir une princesse toute aussi insignifiante. Hermione tenta tant bien que de mal de garder contenance devant les autres, essayant même d'afficher un air blasé, mais ceux qui la connaissaient assez bien n'auraient pas manqué de remarquer que ses yeux s'étaient soudainement mis à briller étrangement.

Elle ne sut combien de temps elle resta ainsi, mortifiée, mais lorsque le Cupidon s'envola pour aller délivrer un nouveau message, elle eut l'impression qu'une éternité venait de s'écouler. Elle qui détestait plus que tout être au centre de l'attention, venait d'être servie, et les ricanements des Serdaigle lui promettaient que cette histoire ferait bientôt le tour du château.

Une unique larme coula le long de sa joue, et par chance, personne ne s'en rendit compte. Ni les élèves riant toujours, ni les tableaux qui se murmuraient des mots entre eux, tout en la regardant avec une certaine pitié. Un instant, elle se demanda si elle n'était pas en train de vivre un cauchemar, espérant sans vraiment y croire qu'elle finirait par se réveiller bientôt, et que cette journée serait aussi ordinaire que les autres...

Mais un bras se glissa soudainement sous le sien, lui confirmant que la situation était bien réelle. Surprise, Hermione se laissa entraîner dans un couloir adjacent par George, qui ne perdit pas une seconde pour remettre ses camarades à leur place, précisant que ceux qui n'étaient pas capables de laisser la Gryffondor et son frère tranquilles seraient les prochaines victimes de leurs farces. Et comme personne ne souhaitait que cela lui arrive, le silence se fit brusquement dans le couloir, les élèves détournant le regard de la cinquième année.

―Quel cours tu as ? demanda le garçon.

―Quoi ? fit Hermione en fronçant les sourcils, reprenant peu à peu la maîtrise de ses émotions.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant