[CHAPITRE 16] Le frère mal-aimé.

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—Comment veux-tu que je t'aide si tu refuses de me dire comment faire ?

La voix agacée de Hermione résonna quelques secondes dans l'aube de ce dimanche matin. Le silence revint aussitôt, seulement rompu par les reniflements du garçon aux cheveux blonds assis contre l'immense saule qui faisait face à la surface lisse et scintillante du Lac Noir.

Debout, contemplant l'étendue d'eau sauvage à ses pieds, qui se perdait sur des kilomètres devant elle, la jeune fille commençait à ressentir un certain agacement d'avoir accepter de venir en aide à Drago Malefoy, après qu'il l'eut sauver des demandes un peu trop entreprenantes de Cormac, qui depuis ce jour, faisait profil bas en présence de l'adolescente. Il fallait dire que son exclusion définitive de l'équipe de Gryffondor par Harry l'avait considérablement refroidi. Hermione se demandait parfois si ses amis n'avaient pas eu une petite discussion avec lui et même si Fred n'avait pas été mis au courant de l'affaire, qui avait fait le tour de l'école dès le lendemain, puisqu'un matin, le blond avait franchi le seuil de la Grande Salle recouvert d'ecchymoses. Mais Fred démentait à chaque fois qu'Hermione mettait le sujet sur le tapis et s'empressait de lui parler de leurs dernières inventions.

Cependant, personne ne soupçonnait l'implication de Malefoy dans l'histoire, puisque Cormac n'avait pas eu le temps de le voir avant de s'évanouir, et autant lui que Hermione se réjouissait de ça. Avoir déjà démenti les rumeurs sur une soit disant relation entre eux l'avait beaucoup épuisée et elle n'était pas prête à se relancer là-dedans. Seule Ginny était au courant, uniquement puisque la brune s'était auparavant confier à elle au sujet de Drago. La rouquine ne faisait plus le moindre commentaire néfaste sur lui, même si sa haine se lisait clairement dans son regard.

Il semblait que la jeune fille était la seule à percevoir le masque froid entrain de se fissurer sur le visage de Drago. Il semblait qu'elle était la seule à percevoir la détresse qui s'échappait de lui. Il semblait qu'elle était la seule à le voir s'enfoncer de plus en plus dans ce rôle qu'on exigeait de lui et dont il ne voulait nullement.

Mais pourquoi elle ?

Elle s'était souvent poser la question, sans jamais trouver de réponse cependant. Elle avait eu beau passer de nombreuses heures à réfléchir, à se demander comment les choses avaient put évoluer de cette façon, sans qu'elle ne se rende compte de rien. D'ailleurs, Malefoy avait-il perçut le changement ou était-elle la seule à le voir ? Parce que maintenant, on ne pouvait clairement plus parler de haine. Non, le mépris avait laissé sa place à une entente cordiale. Une entente dont personne ne connaissait encore les limites. Dont personne ne connaissait encore les répercussions, qui ne seraient pas forcément les meilleures qui soit.

Un soupir de frustration lui échappa lorsqu'elle réalisa que Malefoy n'avait toujours pas répondu à sa question. Le garçon était plongé dans son mutisme, lançant des cailloux dans l'eau d'un geste automatique. Les traits de son visage étaient tirés par la fatigue. Des cernes violettes soulignaient son regard gris. Le garçon arrogant et prétentieux avait laissé à la lumière du jour sa véritable nature et c'était un spectacle dont peu d'élèves avait assisté au cours de ses six dernières années. Hermione se demanda, l'espace de quelques secondes, si c'était une chance pour elle de le voir. Puisque, après tout, depuis ce fameux soir où elle avait eu l'audace de s'approcher de lui pour contempler l'horizon, il s'était mêlé à sa vie d'une façon inexpliquée. Il avait jouer un rôle dans la plupart de ses problèmes sans même s'en rendre compte et au lieu d'être en colère après lui, elle lui était redevable. Car elle avait ouvert les yeux sur des choses dont elle ne prêtait que peu d'attention avant.

—J'ai compris, siffla-t-elle en faisant demi-tour.

Elle parcourut une centaine de mètres avant d'entendre l'appel de Drago dans son dos. Ce ne fut qu'un murmure, un murmure un peu froid, qu'elle perçut pourtant avec netteté dans le silence du parc. Un silence reposant dont elle aurait voulu apprécier toutes les saveurs dans une autre situation que celle-ci et avec le garçon qui faisait battre son cœur.

LA LOUTRE ET LE RENARD [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant