XXII) Ne bougez plus !

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Me voilà chez ma baby-sitter sexy.

Lorsque j'ai rassemblé mes affaires chez mon père, j'ai volontairement omis mon passage par la case hôpital et lui ai juste annoncé que Théo et moi avions dépassé le stade de l'amitié. Sa réponse ne se fit pas attendre, « Vous avez enfin compris que vous étiez faits l'un pour l'autre ! Eh ben... ».

Théo me chouchoutait et n'émettait aucune réserve sur mes passages répétés à l'hôpital. En effet, chaque jour après mon travail, je me rendais au chevet de Gabriel. Je ne sais pas si ce dernier se rendait vraiment compte de ma visite, car son corps transpirait la morphine tellement il en recevait en intraveineuses. Les infirmières m'expliquaient qu'à ce stade de douleur, mieux valait planer que de souffrir. De plus, c'était soit cette méthode ou soit un coma artificiel. À choisir, je préférais apercevoir quelques fois ses membres bouger et entendre le son inaudible de sa voix.

Pour le distraire et aussi pour lui faire sentir ma présence, je lui lisais un roman sur un jeune pianiste qui voyageait à travers le monde avec son piano dans son camion, pour offrir ses dons à des populations pauvres. J'emplissais également sa chambre de musiques douces comme il aimait les écouter.

Ce vendredi soir, je restais près de deux heures en sa compagnie et c'est mon estomac qui me força à le quitter. Je déposais un baiser sur une minuscule parcelle non blessée de son front et lui chuchotais de passer une bonne nuit. Vingt minutes plus tard, j'arrivais devant l'appartement de mon amour, quand un détail m'interpella. La porte était entre-ouverte. Je pousse alors celle-ci avec appréhension et tombe nez à nez avec un fusil à pompe. Le canon fortement appuyé entre mes deux yeux, je suis limite à me faire pipi dessus. Mes yeux sortent de leurs orbites, des sueurs froides envahissent mon front et malgré mon envie de demander ce qui se passe à l'homme en uniforme qui me braque, aucun son ne parvient à franchir mes cordes vocales. Je suis littéralement pétrifiée sur place.

— Elle n'a rien à voir là-dedans. Lâche-la connard !

La voix de Théo rebranche automatiquement mon corps avec mon esprit torturé et je sens progressivement le courage reprendre sa place dans mes tripes.

— Baissez votre arme !

— Présentez-vous ! Hurle-t-il.

Je jette un œil sur Théo et le voyant plaqué à plat ventre sur le sol, les mains dans le dos, maintenues fermement par un gendarme à cheval sur lui, la colère monte en moi. Je serre les poings, grince des dents et fini par cracher ma haine malgré le canon toujours en place sur mon visage.

— Paola Bianco mon commandant. Ça vous va comme réponse, chef ?

À l'évocation de mon nom, son collègue lui intime de baisser son arme.

— C'est bon... c'est la seconde victime.

Enfin une parole sensée.

— Théo Romy, vous êtes en état d'arrestation. Tout ce que vous pourrez dire pourra être retenu contre vous. Vous pouvez garder le silence.

— Mais, qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes fou ! Théo n'a rien à voir dans toute cette histoire ! C'est mon petit ami et il ne ferait pas de mal à une mouche.

Je panique, sanglote, m'agite dans tous les sens sans savoir comment arrêter ce cauchemar.

— Appelle un avocat ma chérie. Appelle.

Il me regarde avec tendresse et tente de me rassurer avec une diction lente et posée, mais sa supercherie ne fonctionne pas. Je ne suis pas dupe, il veut juste me protéger rien d'autre.

— Il a raison mademoiselle. Il va en avoir grand besoin.

— Vous faites une erreur, Théo est innocent. Vous m'entendez ?

Les gendarmes commencent à quitter les lieux en se moquant complètement de mes dires. Je les suis inutilement jusqu'à leur fameux panier à salade et regarde l'homme que j'aime, partir menottes aux poignets. Je me retrouve dans la rue sous le regard malveillant du voisinage et des quelques passants. Des rumeurs fusent d'une bouche, puis d'une autre, car c'est bien connu, il n'y a pas de fumée sans feu.

Saleté de proverbe...

Je réajuste ma veste en jean, remets de l'ordre à mes cheveux, inspire profondément et fusille du regard chaque badaud dans le but de leur faire baisser les yeux. La forte conviction que je mets dans ce geste de femme combattante fonctionne à merveille. Les curieux tournent les talons et regagnent leur tanière. Soulagée, je rentre à mon tour chez Théo et une fois la porte close derrière moi, je me laisse glisser sur le sol et fonds en larmes. Une fois vidée de ce trop-plein de malheur, je me dirige vers la salle de bains, m'effeuille et accueille avec bonheur, l'eau chaude sur mon corps tendu.

Je poursuis ma remise en forme, en déposant un sachet de thé vert dans ma tasse d'eau chaude et tout en le regardant infuser, je réfléchis à l'attitude à adopter pour sortir Théo de cet enfer. Le premier point, appeler un avocat. Oui, mais demain seulement, car à 21 h 00...

Deuxièmement, oser en parler avec mon père, car lui seul saura me guider en toute confiance.

Et pour finir, contacter cette pimbêche de Millie afin qu'elle collecte des informations sur cette affaire auprès de son oncle et ça, ce n'est pas gagné. Autant être fixée tout de suite. Je saisis le portable de Théo sur la table basse et bien que ce ne soit pas convenable de farfouiller dans son répertoire je le fais quand même.

  — Allô, Millie ?

Un blanc à l'autre bout du fil.

  — Oui.

Je ne la sens pas enchantée de m'entendre, toutefois, je dois la jouer fine avec elle si je veux obtenir des explications sur le manège qui vient d'avoir lieu ici.

— Théo vient de se faire embarquer. Il est accusé d'être l'auteur des coups portés à Gabriel, ainsi que d'avoir versé de la drogue dans nos verres.

De nouveau un silence total.

— J'ai besoin de ton aide Millie.

Ma sollicitation m'écorche la bouche et me donne la nausée, mais je n'ai pas le choix.

— Que ce soit bien clair Paola, je vais aider Théo et uniquement Théo. Ne nous cachons pas la vérité, nous n'avons aucun atome crochu entre nous, voir pire.

 — Nous sommes d'accord sur ce point.

Le décor entre nous étant planté, nous allions pouvoir œuvrer ensemble pour sortir mon chéri de ce traquenard. Je ne connaissais pas vraiment les raisons qui la poussaient à faire cela, mais quelque part, je n'avais pas envie de les connaître.

— J'appelle oncle Max dès l'aube et je te fais part dans la foulée, des renseignements qu'il accepte de me livrer.

  — Bien. À demain alors et bonne nuit.

Elle raccroche sans se donner la peine de me saluer. Millie dans toute sa splendeur.

***

Après une nuit horrible où se mêlaient les cris de ma mère me hurlant à quel point je lui pourrissais la vie et les coups de feu tirés sur le corps de Théo déjà pendu à un arbre, le téléphone de mon chéri sonna.

— C'est moi.

— Bonjour Millie.

— Théo est dans une situation très délicate. Honnêtement, je ne vois pas comment il serait possible qu'il s'en sorte. Et pour être honnête avec toi, je doute qu'il soit aussi blanc qu'il souhaite le faire croire. Paola,tout l'incrimine...

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Coucou :)

Je sais que ma fin de chapitre est cruelle, mais que voulez-vous...

Mouhahahah ! :)

Bisous et à bientôt ;)

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant