XLV) Rien n'est éternel

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Après tout, il est peut-être préférable que Théo se calme en allant faire un tour avant de poursuivre notre discussion. Parfois, échanger à chaud sur un sujet houleux n'est pas toujours une bonne idée.

Toutefois, ce dimanche va me paraître bien long sans lui.

J'opte pour picorer quelques chips pour le déjeuner puis décide de tuer le temps en me noyant dans mes dossiers professionnels.

Super-jour de repos en perspective...

Un concert de grenouilles dans mon estomac m'oblige à lever les yeux de mes feuilles largement éparpillées sur la table.

21 h 30, quand même !

Qui ose dire que les heures ne tournent pas lorsque l'on travaille ?

Aussi motivée pour cuisiner qu'au repas précédent, je finis les rondelles de pommes de terre déshydratées et engloutis un pot de mousse au chocolat dans le but de gonfler mon moral en berne.

Mais, que fait-il ?

N'y tenant plus, j'empoigne mon téléphone et appuie sur « mon amour ».

Vous êtes bien sur la messagerie de : Théo...

Un mauvais pressentiment me pousse à penser que la soirée va être mouvementée, c'est pourquoi j'envoie un SMS à Sabrina pour lui demander de garder Gaëlle pour la nuit. Sa réponse ne se fait pas attendre. Elle accepte sans poser de question et ajoute qu'ils sont sur le chemin du retour après avoir passé une excellente journée au zoo. Je la remercie et lui indique que je l'appellerai le lendemain pour convenir d'une heure pour récupérer ma fille.

Bon, à nous deux mon chéri.

J'insiste.

Encore et encore...

Mais, rien à faire, il ne décroche pas. Je vois bien qu'il cherche à me faire payer la nuit où je l'ai laissé sans nouvelle, seulement est-ce la solution pour régler le problème ?

23 h 00...

Cette fois-ci, je suis vraiment inquiète. D'accord il souffre, mais maintenant qu'il est tard et que la nuit amplifie mon angoisse, il pourrait au moins me donner signe de vie.

J'hésite quelques minutes entre appeler des amis pour savoir s'il se trouve chez eux ou sillonner les rues de Rennes en voiture pour tenter de mettre la main sur lui.

Choix numéro 2 : j'enfile un blouson, une paire de baskets et saisis les clés de l'Audi.

Une heure que je parcours la ville sans l'ombre de mon mari, quand, le nom de sa société qui recouvre sa voiture de fonction attire mon attention. J'effectue un tour de pâtés de maisons afin de me garer sur une place de parking proche de ma découverte. Je vide l'air de mes poumons d'un coup sec, puis prends mon courage à deux mains pour aller l'affronter. Je suppose qu'il est dans le bar à l'enseigne encore allumée malgré l'heure tardive, qui se trouve juste à quelques pas d'où sa voiture est arrêtée. Je traverse donc la route éclairée mais déserte, longe le trottoir, passe à côté de son auto et...

Mon cœur s'arrête.

Mon sang se glace.

Des hurlements de douleur me brûlent de l'intérieur sans qu'ils parviennent à trouver le chemin de ma bouche.

Je suis figée devant cette boîte à roues qui renferme la plus horrible des choses que mes yeux puissent supporter.

J'ai la nausée, j'ai mal, j'ai froid, je ne veux pas... non, je ne veux pas.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant