XXI) Joli grain de beauté

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— Mademoiselle ! Mademoiselle ! Vous m'entendez ?

Aïe...Aïe et aïe !

Mais il va arrêter de me gifler cet abruti !

J'ai la nausée, une enclume dans la tête et je ne comprends pas pourquoi cet homme déguisé en pompier, s'acharne sur ma joue.

— C'est bon... c'est bon.

Le jeune homme soupir de soulagement en entendant ma voix. J'essaie de me relever du sol, mais il m'en empêche en me priant de rester sage le temps que le médecin m'examine de nouveau. Il me faut quelques minutes pour me remémorer ce qui a bien pu me mettre dans une telle situation. Quand, l'image de Gabriel me traverse l'esprit.

— Gabriel !

Le bruit de son corps qui percute le sol repasse dans ma tête et me glace le sang. Malgré l'interdiction formelle ordonnée par le soldat du feu, je redresse mon buste et explore visuellement la pièce dans l'espoir de me rassurer sur l'état de Gabriel. Non seulement mon geste déraisonné engendre une violente douleur dans ma boîte crânienne, mais en plus, la vue de mon pianiste recouvert de sang ne me tranquillise pas de tout, bien au contraire. Ma respiration s'emballe, des fourmis envahissent l'extrémité de mes membres et je suis en plein désarroi face à la panique qui m'assaille.

  — Allongez-vous. Respirez, c'est de l'oxygène. Voilà... c'est bien.

Je me concentre sur la voix de mon sauveur, inhale l'air concentré en oxygène et tente d'occulter la vision d'horreur impossible à digérer pour moi. Puis, une piqûre au niveau de mon bras me tire un râle. Mon corps me semble tout à coup plus léger, mes paupières peinent à rester ouvertes, je lutte, juste le temps d'entendre :

— Emmenez-la ! Avec ce calmant, elle vous fichera la paix jusqu'au centre hospitalier.

***

Où suis-je ?

Au vu des éléments qui m'entourent, il semblerait que je sois dans une chambre d'hôpital. Décidément, en ce moment, tous les chemins me ramènent ici. Je me sens un peu vaseuse, mais je tente tout de même de m'asseoir sur le bord du lit. La pièce tourne tout à coup autour de moi, j'agrippe fortement les draps et patiente le temps que mon environnement visuel se stabilise.

Voilà qui est mieux...

À la seconde où je m'apprête à poser mes pieds nus sur le sol, la porte s'ouvre et le cri de Théo me stoppe net.

— Pas question Paola. Tu ne bouges pas !

Refroidie par son intonation autoritaire, je reste inerte comme une statue.

Il s'approche alors de moi et empaume mes joues avec douceur. Il capte mon regard et me sentant vaciller, il déplace ses mains pour agripper ma taille.

— Ça va aller ma belle ?

Je hoche la tête pour le rassurer et coince ma lèvre inférieure entre mes dents tout en mangeant sa bouche du regard. Mon désir ne reste pas longtemps inassouvi, car très rapidement, Théo incline sa tête, dessine un sourire coquin sur son visage et se rapproche très lentement de ma bouche jusqu'à la recouvrir. Son baiser est tendre comme la caresse d'une plume, je le savoure, d'autant plus qu'il est agrémenté d'une saveur sucrée et mentholée. Puis, je m'enivre de son after-shave, qui se diffuse de plus belle, à mesure que Théo approfondit notre échange. Je glisse mes bras autour de son cou et saisis sa nuque afin de la plaquer encore plus contre moi. Théo commence à lâcher prise et j'adore effectuer cet effet sur lui. Il dévore mon cou et ses légères morsures me tirent des gémissements de plaisir. J'en veux encore... oui, j'en veux encore plus. Je souhaite que ce moment dure toujours, quand, un flash sanglant surgit devant mes yeux.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant