XV) La boîte de Pandore

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Après deux jours de suivi psychologique, le médecin accepte que je quitte l'hôpital. En accord avec ce dernier, ma convalescence se déroulera chez mon père, dans la maison de mon enfance.

  — Tes papiers de sortie sont prêts ma chérie.

Mon papa est un homme formidable, toujours présent pour moi, quoi qu'il arrive. Je sais qu'il a dû batailler ferme pour obtenir une journée de congé pour venir me chercher. En effet, à la SNCF, il est difficile pour lui de quitter son poste de contrôleur, au pied levé.

  — Merci mon Papou !

Je lui offre un sourire et reçois en retour, une tendre caresse sur la joue. Malgré la rudesse de sa paume, je l'accueille avec bonheur.

Je ne trouve pas le temps long sur le trajet en voiture, car je m'assoupis très rapidement.

— Eh ! Réveille-toi ma princesse. Ton carrosse est arrivé.

C'est avec les yeux emplis de fatigue et la bouche pâteuse, que je pénètre dans ma chambre d'adolescente. Ce retour aux sources m'annonce à la fois, innocence, mais également douloureux souvenirs. Je n'ai même pas à déballer une quelconque valise, car mon amour de paternel s'est déjà chargé de tout cela. Durant mon séjour au CHU, il a collecté un maximum de mes affaires dans mon appartement, afin que je ne manque de rien chez lui. À bien y réfléchir, c'est lui l'homme idéal de ma vie. Toujours présent pour moi, que je sois docile ou hystérique, il m'aime sans condition. Cette réflexion me ramène à son opposé, ma mère. Comment vais-je cohabiter avec elle ? D'ailleurs, où est-elle ? Je rejoins le chef de famille dans la cuisine.

— Je prendrais bien un café. Je t'en sers un ?

— Volontiers ma puce.

Assis face à face, notre tasse fumante entre les mains, on ne se parle pas. Puis, il décide de briser la glace.

— Quelque chose te chagrine ma fille ?

— On ne peut rien te cacher.

J'esquisse un sourire, mais je me rends bien compte que je ne réussis pas à le duper. Il fronce les sourcils et attend que j'étoffe ma réponse.

— Je dois t'avouer que j'appréhende un peu, non, énormément, le face-à-face avec maman. Tu n'es pas sans savoir que je ne l'ai pas revu depuis mon mariage avorté. Je lui en veux tellement de ne pas être une mère avec moi.

Un poids douloureux se loge alors dans mon estomac, comme si j'avais avalé une enclume.

Quant à lui, sa ride du lion se creuse, il soupire et me lâche avec lassitude que je ne risque pas de la croiser dans aucune des pièces de la demeure.

— Que c'est-il passé entre vous ?

  — Je l'ai tout simplement fichue à la porte, le jour de ton... enfin tu vois !Ta sœur m'a accusé de prendre parti pour toi et depuis, elle ne veut plus me parler. Elle vit avec ta mère dans un petit appartement situé dans la banlieue rennaise.

Papa a quitté maman pour moi. Non, à cause de moi ! J'ai l'impression de détruire tous les êtres qui m'approchent de trop près. Je suis néfaste pour mon entourage, voilà ce que je suis !Je suis attristée par sa révélation et j'aimerais tellement réparer ce que j'ai involontairement brisé.

  — Mais papa, tu es fou amoureux de maman et cela depuis toujours ! Pour quelle raison as-tu agi ainsi ?

  — Carla a dépassé les bornes un point c'est tout !

La colère vient de supplanter le chagrin et son ton ferme m'avertit que la discussion sur ce sujet est bel et bien close pour aujourd'hui.

  — Je vais faire quelques courses, le frigo est vide. Veux-tu m'accompagner ?

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant