X) Attirée par l'irritable

1.9K 212 105
                                    

Une odeur de café chaud me tire du pays des rêves. Cependant, il me faut quelques secondes avant de me situer dans le décor. Après une nuit de sommeil réparateur, je me sens encore plus idiote de ne pas avoir appelé mon père au secours. De toute façon, je peux retourner la situation dans tous les sens, je suis là et il va bien falloir que j'assume cette situation. Bref, pour l'instant ma priorité est de regarder l'heure pour ne pas arriver trop tard au travail.

  — Oh putain de merde ! 10 h 30 ! Mon boss va m'étrangler. Mais bon sang Gabriel, pourquoi ne m'avez-vous pas réveillé ? Des vêtements ? Oh zut, je n'ai rien à me mettre. Je suis mal, je suis super mal là !

Je m'agite dans tous les sens en débitant des paroles à la volée, comme si une solution miracle allait tomber toute seule du plafond. Puis, mon regard se pose sur Monsieur Lewis. Il est tranquillement assis au fond d'un fauteuil proche d'une table garnie de pains au chocolat, croissants, jus d'orange et boissons chaudes. Son visage est serein, outrageusement détendu vu les circonstances. Je perçois même un petit rictus aux coins de ses lèvres. En gros, j'en déduis qu'il se moque carrément de moi. Ni une, ni deux, la colère accélère mon métabolisme.

  — Je vous amuse, c'est ça ? On voit que vous ne connaissez pas Georges Truffaud. Et puis cessez de rire, vous m'agacer à la fin !

Il se décide enfin à sortir de son mutisme.

  — Excusez-moi Paola, mais je vous assure que vous êtes comique. Calmez-vous maintenant, tout va bien. J'ai pris soin de contacter votre tortionnaire dés mon réveil et lui ai signalé que je vous avais sollicité pour passer la journée en ma compagnie. Vous imaginez bien que cet assoiffé de scoops était ravi de me louer votre présence.

Je garde le silence.

— Bon, maintenant vous acceptez de me tenir compagnie pour le petit-déjeuner ?

Mes nerfs se relâchent brusquement, mais pour autant je ne suis pas sereine. D'un côté, je me réjouis de ne pas affronter mon patron Lucifer, mais d'un autre, je n'apprécie guère qu'un homme se permette de décider de ma vie et j'entends bien le lui faire savoir. Je remets un peu d'ordre dans mes cheveux très certainement ébouriffés, tire un peu sur le bas du tee-shirt emprunté la veille à Gabriel afin de ne pas trop m'exhiber et m'avance vers l'exquise odeur de viennoiseries qui me chatouille les narines depuis bien trop longtemps.

  — Je vous remercie de prendre soin de moi, mais à l'avenir, je vous prie de me demander mon avis. Je ne suis pas le genre de femme à me soumettre aux volontés des hommes.

Voilà, ça c'est dit, d'un ton sec et autoritaire. Dorénavant il saura à qui il a affaire. C'est vrai quoi, je ne suis pas une de ses groupies. Tout en le remettant à sa place, j'attrape un croissant et le dévore en trois bouchées.

  — Vraiment ? Dommage. Quoique, dominatrice c'est bien aussi.

Quel culot ! En plus, il me répond sur un ton érotique et pensif. Sur ce coup, le silence sera ma plus belle défense. Et puis après réflexion, l'attaque c'est pas mal non plus.

  — Votre femme ne vous trouvait pas à son goût en tant que soumis, alors elle est allée claquer son fouet sur d'autres fessiers ?

Outch ! J'y suis peut-être allée un peu fort, mais il a le don de m'agacer avec son air supérieur.

À peine ma phrase évacuée de ma gorge, Gabriel abandonne son sourire grivois et crispe nerveusement ses mains ainsi que sa mâchoire.

  — Comme nous sommes dans les confidences, parlons donc de votre soirée avec votre ami.

À quel jeu étions-nous en train de jouer ?

Hier soir, il a envoyé son garde du corps voler à mon secours et moi comme remerciement, je suis odieuse. J'abandonne donc la partie et m'approche à pas de velours vers le vainqueur de cette querelle. En guise d'excuse, je pose tendrement ma paume sur sa joue légèrement piquante. Le petit hoquet qui s'échappe de sa bouche me fait prendre conscience qu'il n'a pas senti mon déplacement vers lui. Toutefois, sa main rejoint rapidement la mienne en une douce caresse. Je n'ose plus bouger, ni parler.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant