XXXI) A perdre la raison

1.1K 138 108
                                    


  — Mais, explique-moi donc pourquoi es-tu restée ma pseudo-amie après le départ de Linda ?

Un rictus illumine alors le regard de Millie. Son visage est machiavélique. Chaque trait qui le compose reflète la noirceur de son âme. J'en ai des frissons dans le dos et me contente donc de rester assise à même le sol durant leur confrontation.

— Mais mon cher, ne sais-tu pas que pour vaincre son adversaire, il est toujours préférable d'être ami avec lui ? Plus tu es proche et plus tu collectes d'informations sur lui, qui te serviront par la suite à lui asséner le coup de grâce. De plus Gabriel, c'est en partageant ta vie que j'ai gagné ta confiance. Ainsi, tu as été docile et tu as bien suivi mon conseil d'ordonner à ton garde du corps d'interdire toute approche de Linda. Cette sollicitation est une de mes plus grandes victoires, car jamais elle n'a pu t'avouer mon rôle dans votre séparation et encore moins te dire à quel point elle tenait à toi.

Son rire diabolique clôture à nouveau sa tirade. Elle glousse à s'en étouffer. Sa folie m'angoisse de plus en plus et je commence à perdre l'infime espoir qu'il me reste, de sortir vivante de cet hôtel.

— Millie, tu as complètement détruit ma vie. Tu as pris ma femme, ma douleur m'a fait perdre la vue et en plus, tu m'as utilisé comme un pantin. Je te maudis pour tout ce que tu as fait et je te jure solennellement que tu ne sortiras pas de ces lieux sans payer pour tout ça ! Mais avant, laisse Paola en dehors de cette histoire. Elle n'a rien à voir là-dedans.

Des mouvements de tête répétés de gauche à droite par notre tortionnaire m'éclairent sur le fait que ma présence lui tient à cœur.Je déglutis et tente de plaider ma cause, mais aucun son ne sort de ma bouche.

— Paola va rester avec nous, car elle est comme dirait-on au mauvais endroit au mauvais moment. D'ailleurs, la suite la concerne. Parlons un peu du mariage. Quand tu me l'as annoncé, j'étais on ne peut plus ravie. Je me suis empressée de l'annoncer à Linda, mais contrairement à ce que je pensais, cela ne l'a pas rapproché de moi. Après cette annonce, elle a repris du poil de la bête et s'est juré qu'elle se battrait pour te reconquérir d'une façon ou d'une autre. La colère trop longtemps contenue en moi devait alors sortir et quitte à la libérer, j'optais pour le faire intelligemment.C'est alors que tu m'as gentiment proposé de t'aider à préparer ta loge avec pétales de roses, champagne et tout le reste.

Ta demande officielle en mariage... Quel meilleur moment que celui-ci pour te faire souffrir autant que ta simple existence me faisait souffrir !

Gabriel fait un pas vers elle.

— C'est toi qui m'as agressé avec une batte de base-ball ?

Elle applaudit d'une main, en la frappant sur son avant-bras. En effet, son autre main est déjà bien occupée à maintenir l'arme qui va nous ôter la vie.

— Tu as été long à la détente Gabriel. Oui et malheureusement pour moi, du bruit à l'extérieur m'a obligé à interrompre ce délicieux moment. Oh Gab ! Quelle jouissance d'entendre le craquement de tes os sous mes coups répétés. Quelques secondes de plus à te molester auraient suffi à me décrocher un orgasme. Quant à toi jolie belle au bois dormant, jusqu'alors ton sommeil aidé par une coupe de champagne t'épargnait, or maintenant que je t'ai confié mes petits secrets, tu comprends bien que je ne peux pas te laisser partir d'ici sur tes deux jambes.

Un fluide glacial se répand dans mes veines. J'ai peur. Pas juste une crainte, non, une trouille viscérale totalement incontrôlable. Je suffoque, je roule mes yeux afin de trouver une issue de secours, je geins et la supplie même de m'épargner.

Envolé le courage.

Envolé l'amour-propre.

Seul compte le droit de vivre.

— Ça suffit maintenant ! Je vais me débarrasser de vous avant d'être à nouveau dérangée par une personne extérieure.

Sa voix est tout à coup ferme et déterminée, comme un soldat prêt pour accomplir sa mission. Toutefois, Gabriel tente de gagner la partie en misant ce qu'il lui reste.

— Linda ne t'aime pas et elle ne t'aimera jamais. Tu peux te débarrasser de moi, mais jamais elle ne te pardonnera de m'avoir assassiné.

Millie affiche un sourire éclatant avant d'abattre sa dernière carte.

— Pauvre Gabriel... J'ai oublié de te préciser que ce n'est pas mon arme. Tu peux remercier cette chère Paola qui m'a fait rencontrer son charmant avocat. Après avoir quitté ses draps, j'ai entrepris une petite fouille de son appartement. Quel naïf cet homme de loi !Le tiroir du bureau, quelle minable cachette pour son arme à feu. Tu vois mon chéri, ta meilleure amie a pensé à tout ! Une scène de jalousie qui a mal tourné, voilà le futur gros titre des journaux. En même temps, pour une star comme toi, la Une du quotidien est la moindre des choses.

Pas son rire ! Non, pas son rire, pitié...

— Eh bien vas-y tire ! Tire qu'on en finisse !

Gabriel se place devant moi et la provoque en écartant les bras en signe d'offrande. Je suis incapable de quitter le sol tant mes jambes tremblent. Je vais mourir en pleurnichant, mais cela n'a plus d'importance. Je ferme les yeux. Imagine le visage de Théo. Caresse mentalement sa peau, embrasse ses lèvres charnues avant de lui dire à quel point je l'aime.

— Je ne vais pas t'accorder ce plaisir. Tu vas d'abord la regarder mourir et une fois que je me serai nourri de ta douleur, je te délivrerai d'une balle entre les deux yeux.

— Ne fais pas ça Millie. Je t'en supplie, ne fais pas ça...

Je me force à ouvrir les yeux pour une dernière fois tenter de déceler de la compassion dans le regard de Millie, mais j'y vois juste les flammes de l'enfer.

Gabriel quant à lui, marche droit vers elle.

— Ne fais plus un pas !

Elle hurle. Lui, profite sûrement du son de sa voix pour situer l'endroit précis de sa cible. Il se jette alors brusquement sur elle.

Le bruit...

Le silence...

Le sang, oh mon Dieu, le sang...

- - - - - - - - - -

Coucou

Avec une fin de chapitre pareille, je vais encore me faire tirer les oreilles...

Pff... je suis vilaine, mais je ne contrôle pas.

Bisous et à très vite pour une suite douloureuse.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant