XI) Annonce choque

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Quand je pousse la porte de la salle d'exposition, je suis éblouie par une immense pièce aux murs recouverts de plaques rouge vif. Instinctivement, je lève la tête vers le plafond ou devrais-je dire le ciel, tellement il semble inaccessible. Sa blancheur adoucie la couleur sang qui m'entoure et donne une impression de nuages moutonneux.

Vêtue comme une princesse au bras de son beau prince charmant, je me déplace avec élégance en appréciant chaque claquement de mes talons sur le parquet en bois clair. Pour la première fois de ma vie, je me sens femme fatale et sûre de moi. Ce sentiment de toute puissance et de contrôle extrême déclenche une cascade de frissons très agréable le long de mon échine dorsale. De plus, les petites caresses réconfortantes que Gabriel dépose sur mon avant-bras me font fondre.

Perdue dans ma bulle de bonheur, je n'aperçois pas une très jolie femme blonde qui se dirige droit sur nous. Un sourire éclatant illumine son visage de poupée, mais lorsque je croise son regard, sa joie disparaît aussi vite qu'elle est arrivée. D'un signe de tête et d'un agrandissement de ses yeux de biche, elle me fait comprendre que je dois me taire. Les agréables sensations que mon corps ressentait auparavant se transforment en quelques secondes, en sueurs froides. Ce qui n'échappe pas à mon bel Apollon.

— Il y a un problème Paola ? Je vous sens tendue tout à coup.

Mademoiselle diablesse ne me laisse pas le temps d'ouvrir la bouche.

— Oh Gab ! Je suis tellement contente que tu aies pu te libérer. Mais, tu es bien accompagné à ce que je vois. Tu ne me présentes pas ?

Traîtresse !

Cette chipie est une comédienne hors pair et je crains de ne pas être à la hauteur dans ce genre de discipline. Elle se pend au cou de Gabriel tout en lui déposant des tas de bisous avec ses lèvres recouvertes d'un rouge vif qui ne laisse aucune trace. Vous savez, ce fameux rouge baiser que portent toutes les femmes fatales. Cette pétasse est élégante jusqu'au bout des lèvres. Quant à lui, innocent, il sourit joyeusement.

— Millie ! Je suis ravi de te voir, ou pas. Je te présente Paola, ma journaliste particulière et non moins... amie.

Je perçois un pincement sur sa bouche pulpeuse, comme si elle n'appréciait pas que Monsieur Lewis me côtoie. D'ailleurs, pourquoi ne voulait-elle pas que je dise que nous nous étions déjà rencontrées ? Peut-être avait-elle peur du jugement de son meilleur ami. Il est très probable que Gabriel ne se doute pas que sa jolie Millie écarte ses cuisses sur demande pour consoler un homme saoul et malheureux.

Tiens, quand on parle du loup...

— Allô ? Bonjour Théo.

Je fixe la blonde platine et lui assène un sourire de diablesse.

— Excusez-moi, je voudrais sortir deux minutes, mais...

Je suis gênée, car je ne veux pas planter Gabriel seul au milieu de la pièce.

— Pas de soucis Paola, je vais commencer la visite avec Gab.

Je la remercie du bout des dents et me dirige vers l'extérieur pour affronter la conversation téléphonique. J'ai voulu jouer la maligne devant Millie, mais maintenant je stresse à l'idée de parler avec Théo.

— Ma chérie ?

— Arrête de m'appeler comme ça ! Je suis vraiment fâchée contre toi, tu sais ?

— Oui et tu as raison de l'être. Il faut absolument que je te voie ma Paola.

— Là, ce ne va pas être possible. Je suis au musée avec...

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant