XXXIII) Réveille-toi

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Les yeux encore clos, j'apprécie la chaleur du soleil sur ma joue. Blottie dans un cocon de muscles, je hume l'odeur épicée délivrée par son torse. Toujours sans mon sens visuel, je goûte du bout des lèvres ma gourmandise préférée. Il frissonne au contact de la pointe de ma langue. J'entreprends alors de compléter mon ressenti en libérant mes pupilles de leur fourreau. Je les balade sur le haut de son corps qui n'est pas recouvert par la couette. Émoustillée par le spectacle, je me plaque contre son flanc et accroche ma jambe droite par-dessus la sienne. Il grogne un peu, se tortille même, mais reste toutefois endormi.

Mon chéri, tu provoques en moi la déesse du désir et saches que jamais elle ne capitulera devant Morphée...

Délicieusement, la chaleur de sa peau vient enflammer la mienne. J'ondule subtilement mes reins de façon incontrôlable contre sa masse musculaire. Le sentir si fragile face à ma soif de le dévorer décuple ma frénésie sexuelle.

La jolie ogresse va te dévorer mon poussin. Bien au chaud dans ma bouche, bientôt tu vas finir...

Toutes ces heures, ces jours sans lui ont exacerbé le manque et aujourd'hui je vais combler ce vide en me rassasiant de lui jusqu'à épuisement. Je rêvasse de l'épisode qui va suivre son réveil si bien que ma respiration devient haletante.

J'ai chaud, très chaud...

Je ne sais si c'est mon être en feu qui lui a ordonné de quitter ce traître de Morphée ou si ce sont les petits gémissements qui se sont couplés à mon souffle saccadé, mais en tout cas :

bienvenu parmi moi mon amour !

  — Ma puce, tu vas bien ?

Oh... son regard désemparé est trop mignon. Afin de le rassurer sur mon état qu'il a mal interprété, je mordille sensuellement la fine peau de son cou.

Ça y'est, ma sucrerie est belle est bien sortie des griffes de Monsieur dodo.

Tous ses membres se tendent sous l'assaut de mes crocs. Ses mains, remisent en service, agrippent mon bassin pour me serrer encore plus fort contre lui.

Toc,toc, toc...

  — Le petit-déjeuner est servi les enfants ! Je peux entrer ?

— Noooon ! Crie-t-on en chœur.

— OK, OK. Bon... je vous attends en bas alors ! Rétorque-t-il désappointé.

Grrr... Papou, quand cesseras-tu de me prendre pour une enfant ?

Je plante mes iris dans ceux de Théo et à la vue de mon embarras, il éclate de rire. Je me laisse rapidement contaminer par son air enjoué.

 — Je suis désolée. Mon père est adorable, mais il faut avouer qu'il a le chic pour tomber toujours au mauvais moment. Toutefois, ne te sens pas libéré de mon désir, car tu n'échapperas pas à ton devoir d'objet sexuel.

Un sourire taquin illumine son visage et augmente au passage mon besoin de lui.

  — Je me soumettrai à ton bon vouloir avec joie. Où tu veux et quand tu veux.

Être obligée de résister à pareille déclaration anime en moi un sentiment de frustration. Celui-ci irrite mes nerfs et m'agace fortement.

— Pas maintenant apparemment ! Grommelé-je.

Mon insatisfaction a au moins le don de faire sourire mon tentateur.

C'est alors, qu'au moment de quitter mes élucubrations intimes, la réalité me revient en tête de plein fouet. Comme si mon cerveau, par son besoin de bien-être, avait occulté la partie sombre vécue quelques heures auparavant. Une boule obstrue alors de nouveau mon gosier. Je me tourne instinctivement vers Théo, qui face à mes yeux embués se précipite pour m'étreindre.

  — Parle-moi Paola. Dis-moi ce qui te tourmente.

  — Quand es-tu sorti ? Comment tu as su ?

Je vide mon chagrin sur son épaule. Ses doigts se glissent dans ma chevelure et leur pression m'affirme sa préoccupation pour mon état.

— Je suis sorti hier en fin de journée et j'ai passé des heures à te téléphoner. Je t'ai laissé des tas de messages, mais tu ne me rappelais pas. Rongé par l'inquiétude, j'ai appelé ton père. Il m'a dit que tu devais voir Gabriel. J'étais fou de rage et... fou de jalousie. Tu sais, je suis au courant pour la demande en mariage dans la loge et un instant j'ai imaginé que tu préférerais passer ta vie auprès d'un artiste plutôt qu'avec un type banal comme moi.

La détresse qui émane de sa voix me brise le cœur. Comment pouvait-il penser une telle chose ?

Je me détache lentement de son emprise et ancre mes yeux dans la tristesse des siens.

  — Tu es loin d'être un homme quelconque. Tu es le seul et unique homme qui réveille en moi un volcan de plaisir et de désir. Quand je suis à tes côtés, je ne souhaite être nulle part ailleurs. Je t'aime Théo et tu n'es pas prêt de te débarrasser de moi. Mais, j'y pense, qui t'as parlé du sujet de mon entrevue avec Gabriel le soir de sa représentation ?

Attends... Ne me dis rien. Émilie...

  — En effet. Par contre, ce qui était étrange de sa part, c'est que cette éventuelle union semblait la combler de joie.

Tu m'étonnes...

— Et toi, que te vaut cette soudaine libération ?

Il s'assoit sur le bord du lit avant de me livrer son explication. Moi, je reste debout devant lui et écoute avec attention.

— Les éléments apportés par un avocat envoyé par une femme qui n'a pas son pareil pour sortir un homme de ses songes.

À l'évocation de mes frasques matinales, je souris.

— Flavio a enquêté sur Émilie de façon, comment dire, profonde ! Puis, il a découvert sa face cachée. Une femme manipulatrice, perverse et surtout éperdument amoureuse de l'ex-compagne de Gabriel. Bref, après avoir récolté ses confidences sur l'oreiller, le témoignage de ses proches, les critiques de son voisinage et par-dessus tout les aveux de Linda, il a obtenu auprès du tribunal, un manque de preuves suffisantes contre moi.

— Mais, qu'ont-ils trouvé chez toi bon sang ?

— Ma chemise d'où avait été arraché mon bouton de manchette gravé à mes initiales.

  — Émilie !

Je comprends tout maintenant. Cette malade avait dissimulé dans la loge de Gabriel, le bouton qu'elle avait savamment subtilisé à Théo. Très certainement lors de ses tentatives de rapprochements corporels avec lui.

— Paola. J'ai tout de même une petite question avant d'aller retrouver ton père dans la cuisine. De quelle façon tu t'y es prise pour convaincre Flavio de me tirer de cette mauvaise passe ?

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Coucou

Comme vous êtes des lecteurs/lectrices adorables, je vous offre un seconde chapitre.

Gros bisous et bonne nuit !

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant