LIV) Un nouveau départ

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-J'y vais mon chéri !

J'attends que Théo soit loin de la porte d'entrée pour tenter un départ à la sauvette, mais...

-Hop, hop, hop ! Un instant, s'il te plaît ! Viens par là deux minutes, il faut qu'on parle !

Départ en trombe = pas maîtrisé du tout.

-Quoi encore ?

En un quart de seconde, il se retrouve derrière moi et appuie sa main sur la porte pour être sûr que je ne file pas en douce, avant d'avoir entendu son énième briefing.

-Tu sais que ce rendez-vous avec ta peste de sœur ne me plaît pas du tout. D'autant plus que tu ignores ce qu'elle te veut.

-J'ai cru comprendre, oui ! Et...

-Et je veux que tu répondes à tous mes messages ou appels, sinon, je rapplique dans ce bar en moins d'une minute. C'est bien clair ?

-Oui papa ! Soupiré-je.

-Paola ! Me reprend-il, d'un ton agacé. Je n'ai aucune confiance en cette femme, donc je m'inquiète. C'est une réaction normale, vu que je tiens à toi.

-Théo, soyons sérieux. Sarah ne va pas m'égorger dans un café,on est d'accord ?

-Heu...

-Pfff... Tu es irrécupérable. Maintenant, tu me laisses sortir et je t'assure que tout va bien se passer.

Il ôte sa main pour libérer le passage, mais je sais qu'il n'est pas rassuré pour autant. Je l'embrasse et lui assure encore une fois d'être très prudente.

***

Sarah ne m'a pas vu pénétrer dans le bar. Je marque un temps d'arrêt et en profite pour l'observer avant de me jeter dans l'arène. La première chose qui m'interpelle, c'est le choix de sa table. Exactement la même qu'avait choisi Flavio lors de notre tête à tête interrompu par la tyrannique Millie, des années auparavant. Décidément, ce coin est vecteur de mauvais moments. La seconde, est le physique amaigri de ma sœur. Son visage est si creux que j'en ai de la peine. Ses yeux sont cernés de noir et surtout, vide de tout espoir. Elle ressemble à une coquille vide, dont même un bernard-l'hermite ne se préoccuperait.

Je sors de ma contemplation et m'oblige à rejoindre cette place aux ondes négatives. Plus je m'approche de Sarah et plus la boule qui obstrue ma gorge, grossit. Arrivée à sa hauteur, aucun son ne sort de ma bouche. Je me présenterais devant le diable, que je ne me comporterais pas autrement.

À ma grande surprise, Sarah se redresse, une bribe de joie passe dans le sombre de ses yeux et elle s'avance vers moi de façon hésitante. Je comprends sans même échanger verbalement, qu'elle souhaite ma permission pour m'embrasser. Je mets fin à sa torture en la serrant machinalement dans mes bras. Sa réaction me perturbe au plus haut point.

Elle plante ses doigts fêles dans mon dos et tout en laissant un petit« bonjour » sortir de sa bouche, elle pleure...

Un instant ! Il me faut rembobiner le film pour comprendre la scène qui est en train de se jouer et dont je suis l'actrice principale. Ma sœur me déteste depuis... (je réfléchis), depuis toujours et là, pour je ne sais quelle raison surnaturelle, elle éprouve de la joie en me voyant. J'ai dû rater un épisode, voir toute une saison, parce que là, j'avoue que cela me dépasse.

Toutefois, je me laisse contaminer par son enthousiasme et l'étreins de plus belle. Puis, sûrement rassasiée de moi, Sarah me libère, essuie maladroitement ses larmes et me fait signe de la main de prendre place face à elle. Je m'exécute sans broncher, de toute façon c'est soit je m'assois, soit je m'écroule, tant mes jambes flageolent.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant