VII) Joyeux anniversaire !

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Voilà... aujourd'hui, je fête mes 28 ans.

Je n'ai pas envie de sortir de mon lit. Je ferme donc mes paupières et comme une enfant, je souhaite très fort que cette journée disparaisse du calendrier. Chaque année qui passe me rappelle à quel point c'est douloureux de passer ce moment soi-disant magique, sans la présence de ma mère. En effet, depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, elle n'a jamais été présente ces jours-là. Parfois, elle prétextait une urgence chez mes grands-parents qui résident dans le Sud et rentrait deux jours plus tard. D'autres fois, mon père m'interdisait d'entrer dans sa chambre, en m'expliquant que ma mère souffrait d'une terrible migraine et qu'il valait mieux la laisser se reposer. Et c'était ainsi à chaque fois que l'on devait célébrer l'année de plus qui s'affichait sur mon compteur de vie. Par contre, elle se faisait une joie de préparer une semaine à l'avance, l'anniversaire de Sarah. Je ne détestais pas ma sœur pour autant, non, bien au contraire, je me réjouissais à chaque fois d'aider ma mère à lui confectionner une fête que moi-même, j'aurais aimé avoir. Je donnais à ma petite Sarah, tout l'amour que je ne pouvais pas exprimer à ma mère. C'était ma façon à moi d'exister et surtout de supporter le rejet dont j'étais victime.

Quand j'y repense aujourd'hui... Maintenant que j'ai vu le véritable visage de ma punaise de sœur, je suis écœurée. La tête enfoncée dans mon oreiller, je revis l'annonce de Flavio devant la mairie et très vite, j'enfouis tout cela au fin fond de ma mémoire. Non, je ne veux surtout pas penser à cet homme, l'enfoncer au plus profond de moi jusqu'à oublier son existence est à mon sens, la plus belle des vengeances. Je vais également enterrer son ignoble compagne de vie avec lui et ainsi les laisser pourrir tous les deux, dans l'oubli.

— Ma chérie ? Ne me dis pas que tu es encore couchée à cette heure-ci ?

Théo...

Je savais qu'il passerait me voir, comme il l'a toujours fait à chacun de mes anniversaires.

Petits, nous étions voisins, donc autonomes pour nous rencontrer quand bon nous semblait.

Il pénètre subitement dans mon antre sans me demander la permission, ôte ses vêtements, pas son caleçon tout de même et se glisse sous mes draps.

— Joyeux anniversaire ma marmotte à moi.

Il m'enveloppe de ses bras et je me remonte le moral en m'enivrant de l'odeur épicée que son cou diffuse.

— Merci toi ! Tu sais toujours comment réchauffer mon cœur.

— Eh oui, je suis l'homme idéal, que veux-tu !

Il ricane tout en goûtant le sel de ma peau. Mon mal-être est si intense, qu'à ce moment précis, j'ai des envies qui me dépassent. Je désire que Théo me console plus, encore plus profondément, mais c'est insensé.

Seulement, à peine ma raison retrouvée, il chahute en me mordillant les épaules. Ma réaction n'est sûrement pas celle qu'il pensait. Non, je ne me mets pas à éclater de rire, à mon plus grand regret, je perds tout contrôle et mes traîtresses de cordes vocales émettent un délicieux gémissement. Pour couronner le tout, mon corps perfide, se cambre afin d'accueillir de nouveau ses dents sur ma peau. Je sens les muscles de Théo se raidir et ses doigts s'agripper dans mes omoplates. Son souffle chaud et accéléré me caresse la nuque, ce qui encourage encore un peu plus mes hanches à se tortiller. Mon esprit et ma chaire sont totalement dissociés. Je veux juste oublier ce jour maudit et comme une idiote, c'est dans les bras de mon meilleur ami que je vais me perdre dans l'oubli. Collée tout contre lui, juste vêtue d'une nuisette en satin, je sens rapidement qu'il est réceptif aux appels de mon corps. Lui aussi doit agir par instincts primitifs, sans réfléchir à la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ses lèvres douces et chaudes à la fois, m'embrassent la mâchoire à plusieurs reprises, en passant d'une extrémité à l'autre avec une irrésistible sensualité. Puis, proche de mon oreille, j'entends mon prénom prononcé dans un souffle. Ces syllabes susurrées avec un ton transpirant d'excitation forment un brasier dans mon bas-ventre qui, en une fraction de seconde, carbonise le peu de retenue que mon cerveau me dicte. N'y tenant plus, je saisis à pleine main le visage de mon partenaire et me jette sur sa bouche fiévreuse. Il répond instantanément à mon baiser comme s'il l'attendait depuis toujours. Dans la foulée, sa langue cherche un passage pour caresser la mienne et m'invite à danser une valse endiablée. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes poumons cherchent de l'oxygène, mes mains explorent frénétiquement le corps de Théo sans réussir à s'en rassasier et je comprends que jamais je n'ai eu autant envie de faire l'amour avec un homme.

C'est lui qui met fin à notre baiser et tout en caressant ma lèvre inférieure de la pulpe de son pouce, il s'adresse sérieusement à moi.

— Mon amour, si tu veux arrêter, dis-le tout de suite, avant...

— Continue Théo. Continue et ne réfléchis pas, s'il te plaît.

Mon épiderme le réclame et mes mots le supplient presque d'apaiser le brasier qui me dévore de l'intérieur. Ma réponse illumine son visage d'un sourire coquin et il ne se fait pas prier plus longtemps pour recouvrir mon corps avec le sien. Un petit doute s'insinue en moi, sur ce que je suis en train de faire, mais à la seconde où il prend place en moi, une tornade de plaisir emmène loin, très loin, cette hésitation.

***

— Théo !

— Oui ma chérie, dit-il en m'embrassant sur le front.

— J'adore ton cadeau d'anniversaire.

Nos rires ricochent contre les murs où quelques minutes auparavant, nos jouissances résonnaient.

— Et moi, j'adore te combler de cadeaux.

Nous aurions pu passer le dimanche entier à apprécier cette merveilleuse journée, dans les bras l'un de l'autre, si, la sonnette de ma porte n'avait pas retenti.

— Tu veux bien aller ouvrir et dire que je viens de disparaître sur une autre planète ?

— Avec joie.

Il enfile juste son jean et se dirige torse nu vers la porte d'entrée.

Son retour quelques minutes plus tard, me glace le sang. Il est livide et la colère se lit dans son regard. Il ramasse nerveusement le reste de ses vêtements, puis me crache froidement qu'il est attendu par une jolie blonde et que je ne dois pas compter sur sa présence ce soir chez mon père. Je ne comprends rien à ce qu'il vient de se passer, mais tout ce que je sais, c'est qu'en une seule et même journée, mon meilleur ami vient de me faire vivre des sentiments diamétralement opposés.

Un bonheur idyllique vient de céder sa place à un poignard planté dans ma poitrine.

Que ce passe-t-il ?

À qui a-t-il bien pu parler, pour entrer dans une telle rage ? Une seule façon d'en avoir le cœur net, me lever. J'enfile un peignoir de peur qu'une personne soit en train de m'attendre sagement sur le pas de la porte et quitte ma chambre. Bizarre, mon appartement semble totalement vide. Seulement, en y regardant de plus près, un magnifique bouquet de roses rouges attend sur ma table de cuisine. J'en déduis donc, que l'intrus devait très certainement être un livreur. Jusque-là, rien qui puisse fâcher mon ami à ce point.

Je poursuis bien évidemment mon enquête, en cherchant une petite carte susceptible de m'éclairer sur l'expéditeur de cette adorable attention. C'est alors, que je découvre une petite enveloppe froissée, abandonnée sur le sol, ainsi qu'une carte toute autant chiffonnée. Cela m'étonne de la part de Théo. Ce n'est pas son genre de se montrer indiscret au point de lire mon courrier. Bref, je ramasse la missive et les quelques mots couchés dessus me redonne le sourire.

Ma jolie journaliste,

Je vous souhaite de passer une magnifique journée d'anniversaire.

J'envie ces fleurs d'être si proches de vous et je me languis de vous revoir.

Tendrement.

Gabriel

Waouh ! Il connaît ma date de naissance, cela signifie qu'il a enquêté sur moi. Mais, jusqu'à quel point ?

Je suis très touchée et le doux parfum que ces roses dégagent me fait oublier quelques instants, l'altercation qui vient de se passer dans ma chambre. Une fois redescendue de mon moelleux nuage, je réalise l'impensable : Théo m'a fait une crise de jalousie.

Je suis bien décidée à tirer les choses au clair et cela dès ce soir.

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Kikoo les filles !

Aïe ! Dérapage incontrôlé entre amis !

Oh... ça va les filles ! Je sais que vous êtes contentes de ce rapprochement !

Oui, mais voilà ! Leurs rapports vont-ils s'améliorer ou au contraire, se détériorer ?

La suite, dans... la suite ! MDR ☺

Biiiiiiiisous !!!! ♥♥♥

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant