L) Un Banana Split !

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Mélissa est transie de froid. Elle est recroquevillée sur elle-même, le dos collé à la porte de l'école de musique. Lorsqu'elle pose sur moi son regard dévasté, ma colère contre elle s'évanouit aussitôt. Sa détresse, si profondément ancrée sur son visage, me ramène brutalement à ma propre enfance.

Comme je peux ressentir la douleur occasionnée par une mère défaillante...

À bien y regarder, cette jolie jeune fille me ressemble bien plus que je ne l'imaginais. Elle subit, tout comme moi, cette malédiction familiale, qui veut que l'enfant souffre des choix ou non-choix de ses parents et cela pour toujours. Moi-même, pourtant adulte aujourd'hui, je rêve encore que ma mère sonne un jour à ma porte et m'affirme vouloir rattraper le temps perdu. Mais, ces chimères ne sont et resteront à jamais, des chimères.

Sans dire le moindre mot, je m'accroupis devant ma nièce, l'enveloppe de mes bras, enfouis mon visage dans sa chevelure ébouriffée et respire un instant l'innocence de ses quinze ans. Quelques larmes m'échappent, mais très vite je me ressaisis afin de lui insuffler de la force, plus que de la peine. Mélissa agrippe mes hanches comme si elle avait peur que je m'envole. Son bateau coule et je deviens son seul salut.

-Tout va s'arranger ma chérie. Je te le promets, lui susurré-je avec conviction.

Je sens alors la pression de la main de Théo sur mon épaule et sans même qu'il ait besoin de le verbaliser, je sais qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert. Il connaît mon histoire. Il connaît la plaie de ces années qui peine à se refermer.

Cette petite fille que je serre si fort dans mes bras, c'est tout bonnement moi...

Mélissa évacue sa douleur dans mon cocon protecteur et moi, je la berce comme je le ferais avec ma propre fille. Comme j'aurais voulu qu'on le fasse pour moi jadis. À bout de force, je sens ses muscles se relâcher et elle libère un long soupir. C'est à ce moment précis que Flavio arrive en trombe. Je lui fais un signe négatif de la tête afin de lui conseiller de ne pas la gronder à chaud. Il comprend et l'étreint tout en psalmodiant des « mercis mon Dieu de me la rendre saine et sauve ». Leur communion me touche et je continue à les observer tout en me blottissant dans les bras du seul homme capable de m'aimer malgré mes cassures et mes travers, mis à part mon Papou d'amour.

-Merci Paola et... merci à toi également Théo, dit Flavio, épuisé par cette aventure de papa rongé par la peur de perdre la chaire de sa chaire.

On lui répond d'un sourire et d'un geste amical de la main, nous les saluons lorsqu'ils s'apprêtent à regagner leur voiture.

-Et toi, mère Teresa, comment te sens-tu ? M'interroge mon protecteur.

-J'ai une affreuse migraine, rétorqué-je en effleurant la grosse bosse qui trône sur ma tête.

-Je t'offre un verre et quelques baisers pansements si tu le souhaites ?

Son bras autour de ma taille, ses yeux brillants de bonheur, son charme hypnotique, ses lèvres addictives et son parfum envoûtant, comment résister à pareille proposition ?

-Et plus si affinité ? Quémandé-je, le doigt posé de façon provocante, sur mon menton.

-Et beaucoup plus si affinité, répond-il du tac au tac, avant de fondre sur ma bouche.

-Je n'ai pas soif et toi ?

-Pas de cette manière-là, chuchote-t-il d'une voix prometteuse. Et ta migraine alors ? Ricane-t-il.

-Elle attendra, répondis-je en le tirant vers la voiture.

***

Je dessine du bout de mon index, des arabesques sur le torse de Théo. J'insiste avec plaisir sur ses pectoraux, ses abdominaux et malicieusement, sur le flèche de pilosité qui m'indique le chemin à suivre. Il sourit et apprécie, les paupières fermées, ces moments de pur bonheur.

La vérité est bien là ! Les choses les plus simples, sont les meilleures...

-Je suis désolé d'interrompre cet instant de délicieuses caresses, mais Marcus a stipulé, avant de partir, que tu devais aller déposer plainte dans la matinée. Donc, si tu continues à jouer avec l'élastique de mon boxer, ma chérie, je crains de te séquestrer pour bien plus d'une heure !

-Ne me demande pas de choisir entre la peste et un Banana Split !Je suis gourmande, tu le sais bien !

-Et un Banana Split pour la 2 ! Crie-t-il en levant la main vers un serveur invisible.

-Avec un supplément chantilly, s'il vous plaît !

-Coquine !

***

Midi moins cinq.

-Excusez-moi Monsieur l'agent. Un contretemps m'a retardée !

Théo ne peut s'empêcher de pouffer de rire, ce qui me monte le feu aux joues. J'explique succinctement à l'officier, mon aventure sur le parking. Il n'y a pas grand-chose à en dire, à part un coup derrière la tête. Avant de quitter les lieux, je m'assure que Marcus ne sera pas inquiété pour son intervention musclée auprès de Millie et le policier m'assure qu'il n'y aura aucune poursuite contre lui. Celui-ci me rétorque que Marcus a fait son devoir de citoyen en me venant en aide. Je suis rassurée et une fois sur le trottoir, j'explique à Théo combien je suis restée sur ma faim, cette fin de matinée. Il me propose de bon cœur, une seconde coupe de glaces, ce que j'accepte volontiers.

***

-Je passerais bien la journée à te servir des sucreries, mais peut-être serait-il utile de parler de ce qu'il s'est passé hier soir, n'est-ce-pas ?

-Marcus a dû tout te raconter en détail, pas vrai ?

Il acquiesce de la tête.

-Et puis, si tu avais répondu à mes appels, j'aurais pu t'expliquer en temps voulu, rétorqué-je à peine vexée.

-J'y crois pas ! T'es fâchée contre moi ? Tu ne penses quand même pas que j'ai ignoré tes appels ?

Je ne lui réponds pas, mais mon air renfrogné parle pour moi.

-Ma puce... J'avais tout simplement oublié mon portable dans ma voiture. Tu sais, juste après que tu m'aies rembarré à la terrasse du bar ! Me pique-t-il. Comme je n'arrivais pas à trouver le sommeil, j'ai voulu surfer sur le net et c'est à ce moment-là que je suis retourné prendre mon téléphone. Je t'assure qu'à la lecture du premier message de ta part, mes fesses étaient dans ma bagnole !

-Parc'que t'es fou amoureux de moi ? Le taquiné-je, à présent rassurée.

-Oui ma puce et toi, je sens qu'aujourd'hui, tu vas faire une overdose de crème glacée. Une autre pour la petite dame ! Hèle-t-il la main levée, avant de me recouvrir de son corps.

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Coucou ☺

Pfff... je deviens trop guimauve !

Mes fins de chapitres sont de plus en plus angéliques.

Je dois remédier à cela et rapidement !

Gros bisous mes Loulous !!!

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant