IX) Suite N° 7

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A la vue de la Suite N° 7, mon cœur se serre et subitement, je me sens honteuse, idiote même d'avoir eu la bêtise d'appeler cet homme en pleine nuit. Je ne suis plus très sûre de vouloir entrer dans cette chambre et devoir affronter Monsieur Lewis.

La fatigue, le relâchement de mes nerfs, la tristesse, la peur, le désarroi, tout cela mélangé, me pèse sur les épaules au point de me voûter et d'avoir envie de me rouler en boule, en position fœtale sur le sol. Seulement, une caresse affectueuse sur mon omoplate me ramène à la réalité.

  — Ne craignez rien Mademoiselle Bianco. Vous avez fait le bon choix en téléphonant à mon patron.

Sa voix se veut rassurante. Il ouvre la porte et d'un geste lent du bras, me signifie de pénétrer. Je camoufle alors mes mains tremblantes dans les poches de mon blouson, puis aspire une goulée d'air afin de m'insuffler le courage nécessaire pour rejoindre Gabriel. Il se tient debout au pied de son lit et en le voyant triturer ses doigts au point de les arracher, je devine son inquiétude à mon égard.

  —Paola. Enfin vous voilà !

Il se précipite vers moi, enfin vers le bruit de mes pas je suppose et ouvre ses bras pour m'y accueillir. Sans prendre la moindre seconde de réflexion, je m'élance vers lui comme une femme perdue dans le désert apercevant une oasis.

Le visage blotti contre son torse, je m'enivre de son odeur épicée. Ses bras vissés autour de moi m'envoient des signaux rassurant. Sa force, sa protection, me permettent de déposer le terrible fardeau que je traîne.

  — Merci Marcus.Je vais m'occuper seul de Paola maintenant.

  — Bien Monsieur. Bonne nuit et appelez-moi si besoin.

Je ne réponds pas et ne me retourne pas plus, pour le voir sortir. Mon cocon est bien trop apaisant pour que je souhaite le quitter.

Les minutes passent sans que notre duo ne se brise, puis la question fatidique tombe.

  — Que s'est-il passé ?

Je sens la contraction de ses muscles sur ma peau et je perçois une pointe d'agacement dans sa voix grave.

  — Théo, c'est...Il... Je ne veux plus jamais le voir.

L'horrible scène défile sous mes yeux et des salves de sanglots m'empêchent d'expliquer quoi que ce soit à mon adorable garde du corps.

  — Chut...doucement... calmez-vous, tout va bien maintenant. Vous allez prendre une douche bien chaude et vous reposer ensuite. Demain, vous me raconterez si vous le souhaitez.

En pansant mes maux avec ses mots, il saisit mon visage entre ses mains et avec une douceur infinie, explore chaque millimètre de ma peau. En caressant ma lèvre et mon menton, il sort brutalement de ses gonds.

  — Putain ! Le connard ! Il a osé vous frapper ?

Ses doigts ont perçu le gonflement de ma lippe et sûrement senti le sang séché sur mon menton.

  — Non, non. Il a perdu l'équilibre... S'il vous plaît, pas ce soir...

  — Bien sûr Paola. Pardonnez-moi. Je vais vous chercher un de mes tee-shirts et un caleçon pour la nuit. Allez vous détendre sous l'eau, cela vous fera le plus grand bien.

  — Oui, mais...

Je me sens idiote, seulement je suis très angoissée à l'idée de me retrouver seule.

  — Il y a un problème ? Ce sont les vêtements ? Je suis navré, mais je ne porte jamais de robe ou de dessous en dentelle.

Son sourire, mon Dieu, son sourire.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant