La Bête de la Castille | OOC

Vérité éclatée

Cette nuit, je n'ai pas réussi à dormir. Pas une seule seconde. Mon esprit était avec Freya, dans je ne sais quel lieu. Je me faisais un sang d'encre pour elle, je ne tenais plus en place. Dès que j'avais entendu mes frères s'affairer en cuisine, j'étais allé les rejoindre.
Moi: Alors on va la chercher?
Klaus: Nous y allons mon frère. Calme-toi.
Moi: Je ne pourrai être calme que lorsque je la verrai ici dans sa chambre.
Kol: C'est sans moi.
Klaus et moi le regardons, intrigués.
Moi: Pourquoi cela?
Kol: Tu n'as pas vu ce qu'elle nous a fait? Elle a failli tous nous tuer! Deux Originels et un hybride à elle seule! Je suis navré mes frères, mais ce sera sans moi cette fois.
Klaus: Alors comme ça tu nous abandonnes?
Kol: Non jamais je ne ferais ça, je prends simplement mes distances. Pour un temps au moins.
Moi: Dois-je te rappeler que tu es le frère qui rit lorsque la mort sonne à notre porte? Dois-je te rappeler que tu  es celui qui détourne toujours les règles et qui n'a peur de rien?
Kol: Je le suis toujours Elijah, mais pas avec elle.
Moi: Regarde-moi Kol, elle m'a également bien amoché et pourtant je suis passé au-dessus. Pourquoi n'en ferais-tu pas autant?
Kol: Contrairement à toi, je n'ai pas de sentiments pour elle. Je ne l'aime pas, Elijah.
Je me tais. Comment peut-il faire ça? Un grand silence règne dans toute la maison.
Kol: Je suis désolé mes frères. Au revoir.
Il part dans sa chambre chercher sa valise. Je suis désemparé même si je sais qu'il finit toujours par revenir. Voyant que je suis totalement à côté, Klaus me prend par l'épaule et m'adresse un sourire bienveillant.
Klaus: Aller viens cher frère, allons chercher ta belle.

Cela fait une heure et demie que nous cherchons, sans résultat. Plus le temps passe plus monte en moi une tension insoutenable.
Moi: Mais bon sang où est-elle?
Je lance une grosse branche contre un arbre qui se brise en deux.
Klaus: Du calme Elijah! Je comprends ta frustration mais nous allons la retrouver. Fais-moi confiance.
Moi: Je suis calme mon frère. Je perds juste un peu patience.

Après encore un moment de recherche, je ne peux m'empêcher de crier une seconde fois.
Moi: Ah! Comment la trouver parmi tous ces arbres?!
Klaus: Je réfléchis Elijah, je réfléchis.
Moi: Tu n'as pas pu sentir son odeur?
Klaus: Malheureusement non, j'ai déjà essayé. Elle doit pouvoir la camoufler.

Soudain, mon petit-frère a un véritable déclic.
Klaus: Mais bien sûr c'est évident!
Moi: Quoi? Dis-moi!
Klaus: Où est-ce qu'un animal apeuré irait se cacher selon toi?
Moi: Dans un terrier...?
Klaus: Pour nous les loups lorsque nous avons peur, nous nous réfugions dans un endroit qui nous est familier...
Moi: Chez elle?
Klaus: C'est exact! Je n'en suis pas sûr mais il y a de grandes chances.

Sans attendre une minute de plus, je pars à vitesse vampirique rejoindre la maison citée.

Nous arrivons devant la porte de chêne ciselé.
Klaus: La porte est ouverte...
J'y jette à mon tour un coup d'œil. Le verrou a été arraché très proprement. Je pousse la porte et pénétrons dans le hall d'entrée. Nous gravissons les marches qui passent du rez au premier et du premier au deuxième. Klaus se penche pour écouter.
Klaus: J'entends un souffle.
Il cède sa place et me laisse entrer: une fille aux cheveux foncés dort paisiblement. Je m'agenouille à son chevet.
Moi: Freya... Freya tu m'entends?
Freya: Mmh...
Elle fronce les sourcils.
Moi: Aller viens ma belle, je te ramène chez nous.
Me rendant compte qu'il n'y a aucun habit sur elle, je la porte recouverte du drap qui bordait son lit.

Nous attendons patiemment que l'adolescente se réveille.
Moi: Je n'en reviens pas que Kol soit parti...
Klaus: Tu ne peux pas lui en vouloir. Toi mieux que quiconque connais cette sensation. Je me trompe?
Moi: Non mais je dis ça pour Freya. C'était son meilleur ami. Cela la fera souffrir.
Klaus: Tu sais qu'il reviendra. Il revient toujours.
Moi: Oui.
Je soupire. Espérons-le.

Nous sommes là, mon frère et moi, deux hommes millénaires dans un salon au milieu de livres tous aussi vieux. Nous attendons le réveil de la Belle au bois dormant, désespérément.
...: Où est Kol?
Mon frère et moi sursautons. Je me retourne.
Moi: Freya!
Je me lève et la prend dans mes bras. Elle me rend mon étreinte.
Klaus: Contente de te revoir parmi nous Freya. Comment te sens-tu?
Freya: Bien mieux que hier. Où est passé Kol, pourquoi n'est-il pas avec vous?
J'incline la tête en signe d'excuse et fait un mouvement négatif.
Moi: Écoute, Kol ne reviendra pas avant un moment.
Freya: Pourquoi est-il parti?
Moi: Il...
Klaus: Il avait besoin de prendre de la distance.
Freya: Avec... moi?
Klaus: Oui avec toi. Tu lui as fait peur lorsque tu t'es attaquée à lui.
Freya: Mais ce n'était pas intentionnel!
Moi: Nous le lui avons dit. Mais il a préféré ne pas revenir sur sa décision.
Freya: C'est mon meilleur ami...
Je sens dans sa voix des petits cailloux rouler.
Klaus: Parfois même les plus fidèles alliés se retrouvent à être de parfaits inconnus.
Freya monte dans sa chambre, désemparée.
Moi: Freya attends...
Freya: Non Elijah. Je veux être seule.
Je la regarde s'éloigner, perplexe.
Klaus: Laisse-lui le temps de digérer Elijah. Elle a beaucoup.

Le soir venu, Klaus part en ville pour aller voir une vieille connaissance. Je suis installé au salon et lis un livre lorsque j'entends une porte grincer. Freya descend me rejoindre. Étrangement, je me sens mal à l'aise.
Moi: Klaus est sorti... nous sommes seuls.
Freya: D'accord.
Elle a le regard noir.
Moi: Qu'est-ce qui te tracasse Freya? Je te sens préoccupée.
Freya: Non non ce n'est rien.
Moi: Parle-moi. Tu peux me faire confiance.
Freya: Comme je peux faire confiance à ton frère...
Moi: Il est juste parti Freya... il reviendra. Je t'en fais la promesse.
Freya: À quoi bon faire des promesses si on ne les tient pas?
Moi: Que veux-tu dire par là?
Je me lève et me poste face à elle.
Freya: Tu sais Elijah, même si je paraissais complètement déstabilisée lors de ma transformation, j'ai quand même gardé ma lucidité. Dans chacun de vous j'ai vu ce que vous aviez fait durant votre longue existence. J'ai vu ce qu'a fait ton petit frère. Décimer un pays tout entier tu te rends compte? Des milliers de gens, mélangeant hommes, femmes, et enfants! J'ai ressenti tout ce qu'il avait ressenti à l'époque. Et tu veux que je te dise? J'ai ressenti du plaisir. Du pouvoir. De la satisfaction.
Moi: Il n'était pas lui même Freya...
Freya: Et moi non plus je n'étais pas moi-même! J'ai vu clair dans son passé, comme dans celui de Klaus qui a détruit sa lignée entière pour avoir le pouvoir suprême! C'est un malade égoïste! Un maniaque du pouvoir! Et sans parler de toi...
Elle marque une pause.
Freya: Et tu vois Elijah, malgré toute la souffrance que vous avez fait subir à des innocents au fil des siècles, j'ai senti votre mal. J'ai senti votre martyr. La soif qui vous prend dès qu'un humain s'approche de vous, résister, ne pas se laisser tenter... Au début vous n'étiez pas comme ça, mais aujourd'hui... vous avez changé. Comme j'ai changé. Et pour cela je vous respecte. J'ai vu la tristesse dans vos regards maintes et maintes fois au cours de vos vies, j'ai vu vos cœurs se déchirer sous le poids des remords. Te souviens-tu des fantômes qui me hantaient?
Moi: Comment les oublier...
Freya: J'ai découvert qui ils étaient. C'étaient des versions antérieures de moi-même, tourmentées par le mal qu'elles avaient commis. Je les ai pardonnées, comme je me suis pardonné ma nature. J'ai fait le deuil Elijah, je me suis promis que plus jamais je ne prendrais de vies. Plus jamais. J'ai été méchante et je l'ai encore été hier avec vous. Comme vous l'avez été auparavant. Je vous respecte car vous avez renoncé à me mordre lorsque mon sang coulait, je vous respecte car vous m'avez accordé une deuxième chance. Vous avez tous les trois bons été bons envers moi, c'est pourquoi je vous pardonne. J'ai dit au revoir à mes démons, comme vous l'avez fait il y a des années. Ce que je ne comprends juste pas, c'est que Kol aussi est passé par cette phase où il n'était pas "lui-même". Et pourtant, au lieu de m'aider, à jouer son rôle de meilleur ami qui m'épaule, il a fait le choix de prendre ses affaires et de s'en aller.
Sur ces dernières paroles elle quitte la pièce et laisse une atmosphère glaciale.