Chapitre 18

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J'attendais sur mon lit. J'attendais quelque chose, un signe de vie. Ma bouche pâteuse me donna l'envie de sortir de ma chambre, et de manger un morceau de reste du frigo.

Je songeai à me lever de mon lit, posant mes pieds sur ce sol froid et rugueux de la pièce. Je regardai la clé de sa chambre, à lui, posée sur mon coussin. Akaashi.

Je sortis de ma chambre en glissant cette clé dans la poche de mon sweat à capuche, et me dirigeais vers l'ascenseur afin de manger, au moins quelques biscuits. Je ne vis personne à la grande pièce principale, sûrement parce qu'ils étaient dans le même état que moi. Hinata et Kageyama.

Je mangeais une tomate, et ma langue ne semblait capter aucun goût de ce fruit rouge considéré comme un légume. Je m'arrêtai un instant, prenant le temps de regarder autour de moi. Rien. Il n'y avait strictement rien.

Mon cœur se serra à l'entente des portes de l'ascenseur qui descendit quelqu'un. Mes yeux s'humidifièrent à la vue du rouquin métamorphosé par la fatigue. Ses yeux éteints se posèrent sur moi, puis sur mon assiette. Son corps s'approcha de la table, et cette poche qui renfermait son âme absente depuis quelques semaines déjà s'assise sur le banc.

- Tu manges ? Demanda-t-il d'une voix livide.

Je lui tendis mon assiette avec quelques tranches de tomates sans un mot, sans un regard. Sa bouche dédaigna un sourire de sa part et sa main, tremblante du manque d'apports énergétiques, lui mena tant bien que mal chaque petits morceaux de l'aliment.

Je plongeai ma tête dans mes bras croisés sur la table, face au roux silencieux. Combien de temps ? Avons-nous bien compté les jours ? Peut-être étions nous devenus fous. Pensais-je.

Je pleurais sans bruits, et seuls mes reniflements attirèrent l'attention du garçon. Je ne l'entendis plus pendant quelques secondes, avant que son front ne heurte la table.

- Hinata. Soufflais-je en levant la tête.

Le garçon se crispa et releva les yeux vers moi. Ces yeux si distants et pourtant si chaleureux auparavant. Hinata laissa quelques larmes couler le long de ses joues pâles avant de s'écraser et d'être bu par le bois de la table.

- Combien de temps ? Demanda-t-il d'un chuchotement.
- Je ne sais pas. Peut-être deux mois. Dis-je en fuyant son regard fou.

Shoyo serra les poings et je crus que ses ongles rentreraient dans le bois. Ses cheveux avaient poussés et ses mèches rousses cachaient ses yeux vengeurs même lorsqu'il levé la tête, mais son roux était si ternes. Aussi ternes que nos yeux et que nos humeurs.

- Je n'en peux plus... Personne n'est au courant de notre existence ? Dit-il sans émotions distinctes.
- Hinata... On en a déjà parlé... Soufflais-je.
- Hm.

Je me levai en laissant le roux réfléchir seul. Réfléchir était la dernière chose que je voulais faire. Nous avions réfléchis pendant des jours, lorsque nous avions compris que leur retour tardait.

Bien sûr que nous savons que quelque chose ne va pas, et Kageyama avait plusieurs fois réfléchis à comment sortir de cet endroit. Depuis quelques semaines, peut-être quatre, nous avions compris que nous étions piégés.

Hinata resta à table, seul. Nous étions seuls. Je montai à l'étage le plus haut, au garage. L'endroit où nous les avions tous laissé partir, un à un, sans même imaginer ce qu'il allait se passer. Je rejoignis Tobio un peu plus loin.

Le brun cachait son visage creux de ses longues mèches. Son regard ténébreux se posa sur moi, puis sur le sol. Tobio était recroquevillé sur lui-même vers la sortie du quartier général. Combien de fois avions nous essayé de hacker le système afin de s'échapper de cet endroit maudit ? Nous sommes condamnés à mourir ici. Pensais-je.

- Parles à voix basse, merde...
- Désolé. Je ne pensais pas que-
- Plus personne n'est lucide, de toutes façons. Dit-il en grinçant des dents.

Voilà comment se résumaient nos échanges. La relation avec Kageyama s'était détériorée rapidement, puisque nous savions pertinemment l'impuissance que nous avions face à cette situation. Quant à Hinata, c'était différent. Le rouquin semblait plus innocent et moins apte à encaisser le fait que nous allions périr ici. Nous en avions conclu, avec Tobio, qu'il avait besoin nous. Le problème est que nous avions besoin de quelqu'un tous les trois, pas seulement le plus fébrile d'entre nous.

- Désolé. S'excusa soudainement Tobio.
- Tu as encore dormi ici ? Demandais-je en savant pertinemment la réponse.
- Je ne dors plus depuis deux jours. Je crois avoir trouver une erreur dans le système de verrouillage.
- Vraiment ? Demandais-je d'une voix mal assurée.
- Mais cela échouera, comme toutes les autres tentatives d'évasion.
- Je ne cherche plus vraiment à m'évader...
- Hinata ? Tu l'as fait manger aujourd'hui ?
- Oui, il mange encore maintenant.
- Toi ? Tu manges ?
- Je mange toujours plus que toi... Soufflais-je doucement.
- Je n'ai pas faim.
- Personne n'a faim, ici.

En vérité, il était préférable que nous gardions cet appétit anorexique. Kageyama et moi le savions très bien. Comme m'avait prévenu Kozume, les garçons avaient prévus des rations alimentaires largement suffisantes pour les attendre. Évidement, le jour où nous avions commencé à devoir faire attention à nos parts, nous nous sommes demandés dans combien d'heures, ou combien de petits jours, ils allaient rentrés. Mais voilà un mois de trop que nous les attendons encore. Tobio avait alors laissé ses rations à Hinata sans broncher, sachant pertinemment qu'il serait le premier de nous trois à tomber.

- Dans quelques jours, il n'y aura vraiment plus aucune nourriture. Lâcha Kageyama.
- Tu as laissé ta part pour protéger Hinata, je lui laisse la mienne dès aujourd'hui. Dis-je en m'asseyant à ses côtés.
- Bois beaucoup... Souffla-t-il en posant sa main sur ma cuisse amaigrie.

Quelques minutes s'étaient écoulés, mais pas assez à mon goût. Hinata avait déboulé à l'étage sur ses jambes tremblantes, et son visage m'avait arraché mes derniers battements de cœur. Son visage si enfantin était tordu par l'horreur. Kageyama s'était levé pour le soutenir mais le rouquin se débattu.

- En bas ! La télé ! Pleura-t-il.
- Calmes-toi Hinata. Essaya de le rassurer Tobio.
- Putain quelqu'un a piraté l'écran du salon !

Tobio porta Hinata et nous descendions jusqu'à l'écran gris. Il n'y avait aucun signal malgré le fait qu'elle était allumée. Hinata était devenu fou.

- Hinata, ce n'est rien... Souffla Kageyama d'un air désolé.
- Ce n'est pas moi ! Elle s'est allumée toute seule ! Croyez moi ! Supplia-t-il.
- Hinata... Tu n'as pas du faire exprès et tu as-

J'aurais aimé dire que tout c'était arrêté. J'aurais aimé savoir que tout allait s'arranger.

- Que ?

L'écran plat afficha un fond noir, et quelques bruits de fonds percèrent nos oreilles trop sensibles aux bruits depuis notre cohabitation silencieuse. Puis une vision d'horreur frappa nos visage de plein fouet. Je ne pouvais retenir mes larmes de savoir qu'ils n'étaient sûrement pas morts, mais nous avions malheureusement raison. Les garçons étaient en danger.

- Maintenant, vous allez nous écouter attentivement. Vous êtes pris au piège. Ria une voix inconnue.

Nos cœurs battaient sûrement à en rompre nos côtes. Puis le personnage se présenta. Il avait des grands yeux d'un vert envoûtant et des cheveux gris comme la cendre d'un ancien incendie meurtrier.

- J'ai quelqu'un avec moi, qui pourrait vous faire part de leur épreuve. Sourit-il.

La caméra sembla s'approcher d'une silhouette assise sur une chaise, et son visage était cachée par un draps. Le garçon aux cheveux de cendres blanches leva brutalement le tissu et mon cœur explosa. Le visage blessé, auparavant si assuré et moqueur de Kuroo, se présenta devant nos yeux.

Unité Commando - Haikyū!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant