7. Je vous souhaite de passer une bonne journée, Charlotte.

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Je sentis vaguement un petit corps sur le mien. A peine réveillée, je le serrai contre moi, me retournant sur le flanc en soupirant de contentement. J'étais bien. Réellement bien. J'adorais cet instant, lorsque j'étais prête à sombrer dans les limbes du sommeil ; ou lorsque je venais juste de m'éveiller. J'étais en paix. En paix avec moi-même. En paix avec ma conscience. Je ne réfléchissais plus aux évènements passés, à ce que j'aurais dû dire, ou faire.

Je sentis un contact doux sur ma joue, comme si une personne la caressait. Un souffle satisfait m'échappa. Je marmonnai, si bas que j'aurais pu ne pas m'entendre :

« - Geoffroy... Retourne dans ta chambre... »

Un léger rire résonna à mon oreille. Un rire féminin. Athénaïs était donc venue jusqu'à mon lit ? Que me voulait-elle ?

Je fis l'énorme effort d'ouvrir les yeux. Et tombai nez à nez avec une petite tête au regard malicieux. Ce n'était ni mon frère, ni ma sœur. Je plissai les paupières. Alors, seulement, je reconnus Louise Françoise. Je desserrai mon étreinte sur sa taille, totalement perdue. Où étais-je ? Je roulai sur le dos, le regard fixé sur le plafond. C'était celui de ma chambre. Je demandai d'une voix rauque :

« - Quelle heure...

- L'heure de manger ! »

Elle descendit du lit pour tirer mes rideaux. Le soleil inonda la chambre, accentuant mon incompréhension. L'astre était haut dans le ciel. Pourtant... Je me souvenais que le roi et ma sœur étaient venus l'après-midi. Alors... Comment était-ce possible ?

Je m'assis lentement et difficilement. Mon corset me gênait. Je délaçai rapidement mon corsage, puis mon corset. Je me passai une main sur le visage, étouffant un bâillement. Je m'étais endormie comme une souche. Je me relevai, et capturai mon reflet dans un miroir. Mes yeux étaient cernés, mon teint froissé, et mes cheveux emmêlés. J'étais charmante. En soupirant, je m'accroupis pour que Louise Françoise se jette dans mes bras. Elle s'accrocha à mes épaules en babillant :

« - Papa est resté avec nous tard, parce que tu dormais encore, puis c'est un garde, parce que tu dormais, et il est revenu ce matin pour nous surveiller... »

Tout me revint. Il m'avait forcée à dormir, me promettant de veiller sur les enfants pendant mon repos. Aussitôt, je lâchai la petite pour passer une robe d'intérieure. Je la repris pour sortir de la chambre.

Dans le couloir, je manquai de heurter le souverain. Je ne lui laissai pas le temps de parler :

« - Je vous en prie, Majesté, pardonnez-moi, je... Je ne comptais pas dormir aussi longtemps, et je sais que je vous ai placé dans une position délicate, et je m'en excuse, mais...

- Calmez-vous, mademoiselle. »

Son ton était amusé. A bout de souffle, je pris une grande inspiration, levant les yeux pour croiser son regard gris. Mon ventre se serra. Je reposai Louise Françoise au sol, lui demandant en souriant :

« - Je te retrouve dans la salle de jeu ?

- Oui ! »

Elle s'éclipsa en courant. Je me tournai vers le roi, les joues rouges. Il me fixait, de nouveau impassible. Je murmurai, la gorge nouée par l'angoisse :

« - Mais... Ne m'en voulez-vous pas ? Parce que... Je suis en charge de vos enfants, et... Jamais je n'aurais dû dormir aussi longtemps...

- Je vous avais moi-même ordonné de dormir, mademoiselle. N'est-ce pas ? »

Je ne pouvais décemment pas le nier ! Alors, j'acquiesçai lentement, attendant craintivement la suite. Il reprit d'un ton plus léger, son regard fixé sur moi, semblant me transpercer par son intensité :

Deux sœurs pour un roi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant