Attristée, j'embrassai le front des enfants en m'efforçant de leur sourire :
« - Dormez bien... Je reviendrai vite, je vous le promets. »
Ils semblaient tous attristées. Au bord des larmes, je me relevai brusquement et sortis de la pièce. En pleurant silencieusement, je refermai la porte, et m'y adossai. Je reniflai, puis essuyai mes joues, les mains tremblantes. J'avais l'impression que l'on me lacérait le cœur. C'était comme si je me séparais de mes propres enfants. Je portai mes doigts à ma bouche pour étouffer une exclamation de désespoir. Je ne voulais pas partir !
« - Charlotte, je t'en prie... Calme-toi. »
Je sursautai, et tournai la tête pour apercevoir Louis, lui aussi adossé à la porte. Je l'avais oublié. En reniflant, je balbutiai :
« - Ils vont tellement me manquer...
- Je le sais... Et tu vas leur manquer aussi. »
Je haussai les épaules, sans répondre. Mais sa voix me murmura soudain, au creux de l'oreille :
« - Et tu vas fortement me manquer, à moi aussi... »
Je posai lentement mes yeux sur lui. Il s'était silencieusement rapproché de moi. Son bras s'enroula autour de ma taille, tandis qu'il se penchait pour m'embrasser. Et aussitôt, ma demande me revint en mémoire. Je voulais m'offrir à lui. Et il avait accepté.
Mais pour la première fois de ma vie, je voulais dépasser ma timidité maladive. Je voulais être à lui. Je voulais qu'il me voie comme une femme, et non pas comme Charlotte, la jeune femme timide qui le repoussait toujours. Alors j'enlaçai son cou en murmurant contre ses lèvres :
« - Je t'en prie, Louis... Aime-moi. Vraiment. Je suis sûre de ce que je veux, et... Je veux être à toi. »
Son regard gris se plongea dans le mien, mais je n'y lisais aucun amusement ni aucune moquerie. Il m'embrassa encore, tendrement, puis souffla :
« - J'ai tellement attendu cet instant... Cet instant où tu serais à moi... Rien qu'à moi. »
Il agrippa soudain mes hanches pour me soulever dans ses bras. Je m'accrochai à lui en étouffant une exclamation de surprise, et enfouis mon visage dans son cou. Mon cœur battait la chamade.
Louis me déposa au milieu de la chambre, puis s'éloigna pour refermer la porte. En repoussant l'hésitation et la peur qui grimpaient en moi, je passai mes mains dans mon dos pour délacer mon corsage. Cette sensation de risque, loin du confort de ma timidité était grisante. Lorsqu'il se retourna vers moi, son visage exprima de la surprise mêlée à un profond désir. Alors qu'il faisait un pas vers moi, je secouai la tête :
« - Non, je... Je veux te montrer que...
- Tu n'as rien à me prouver, Charlotte. Tu es parfaite comme tu es. »
Il s'approcha de moi, et m'attira à lui pour m'embrasser. Je m'agrippai à sa veste, un feu ardent courant dans mes veines. Ses mains s'aventurèrent dans mon dos, délaçant habilement mon corsage et mon corset. Il les fit tomber à mes pieds, sans quitter mes lèvres, et fit subir le même sort à mes jupes et jupons.
Soudain, sans que je ne comprenne comment, je me retrouvais allongée sur le lit, presqu'écrasée par le corps imposant de Louis. Il s'écarta un instant pour se déshabiller, ne gardant que sa chemise. Et à partir de cet instant, je fus incapable d'aligner deux pensées cohérentes. Mon esprit n'était envahi que par le désir d'être embrassée, aimée.
Louis me retira ma chemise, me laissant nue et haletante sous lui. Une vague de honte me submergea. Je croisai les bras sur ma poitrine, fuyant son regard gris. Toute ma détermination s'était envolée. Soudain, ses mains se glissèrent sous moi et me retournèrent. J'étais maintenant étendue sur le ventre. Je voulus bouger, mais un corps chaud se plaça sur le mien, tandis que deux mains pressaient mes épaules, les collant contre la couche. Une voix me susurra :
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Historical Fiction1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...