Assise sur un nappe, dans l'herbe avec Louis César à mes côtés, j'observais les autres enfants courir dans les jardins. Je voyais bien le petit se tortiller à mes côtés, et cette vision me serrait le cœur. Je savais qu'il mourrait d'envie de courir avec ses frères et sœurs, mais il ne le pouvait pas. Doucement, je le pris dans mes bras pour le placer entre mes jambes. Il laissa sa tête se renverser en arrière, sur ma poitrine, et murmura :
« - Comme j'aimerais pouvoir jouer avec eux...
- Je sais, mon cœur... »
Il se retourna aussitôt vers moi, les yeux émerveillés :
« - Tu m'as appelé ton cœur ? »
En souriant, je caressai sa joue :
« - Eh bien oui. Cela te gêne-t-il ?
- Non, pas du tout ! Mère ne nous appelle jamais comme cela... »
Il se replaça normalement, le ton triste. J'enserrai sa taille d'un bras, le serrant contre moi :
« - Ne dis pas cela. Ta mère t'aime, j'en suis sûre. »
En réalité, je pensais qu'elle feignait d'aimer ses enfants devant le roi, afin de lui faire croire qu'elle avait de l'amour maternel. Mais je ne pouvais pas dire cela à ce petit garçon. Il tourna la tête vers moi :
« - Vraiment ? Tu le penses ?
- Oui. »
J'embrassai son front, regrettant qu'il ne s'agisse pas de mes enfants. Je les aurais aimés, moi. Comme une mère se devait d'aimer ses enfants. Attristée, je baissai les yeux sur l'herbe, retenant un soupir. Aurais-je un jour une descendance ? Cela semblait bien impossible à réaliser, surtout que je n'avais pas même un fiancé en vue. Et je préférais ne pas réfléchir à ma situation avec le roi. J'avais peur de me retourner la tête avec des hypothèses farfelues ou horribles. Je dormais déjà bien assez mal la nuit.
« - Charlotte ? Pourquoi tu parles pas ? Tu es triste ? »
Je n'avais pas vu Louis César se tourner pour me fixer. Je me rendis compte avec stupeur qu'une larme avait roulé sur ma joue. Je l'essuyai en tentant de sourire :
« - Ce n'est rien, j'étais perdue dans mes pensées. »
J'embrassai son petit front, humant son odeur rassurante d'enfant. Il se leva, se retournant complètement pour enlacer mon cou et se serrer contre moi :
« - Je t'aime beaucoup, Charlotte. Plus que ma mère. Toi, tu es gentille. »
Je reçus cet aveu avec un coup au cœur. Jamais des paroles ne m'avaient autant remuée... Je sentis de nouvelles larmes rouler sur mes joues. J'enfouis mon visage dans ses cheveux, le serrant contre moi en faisant attention à lui :
« - Moi aussi, je t'aime énormément, Louis César. J'aurais tellement aimé avoir un enfant comme toi...
- Cela peut encore s'arranger, Lottie. »
Je relevai le visage en reconnaissant la voix de Geoffroy. Il avait un sourire amusé aux lèvres, qui se fana lorsqu'il vit mes larmes. Aussitôt, il s'assit à mes côtés :
« - Bonjour, Louis César.
- Bonjour monsieur le frère de Charlotte ! »
Mon frère s'esclaffa, avant de me le prendre pour le serrer contre lui :
« - Et qu'as-tu dit pour faire pleurer ma Lottie ?
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Ficción histórica1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...