21. Père est mort.

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« - Et celui-là, Lottie ? »

Je portai mon attention sur Louise Françoise, qui venait de passer un de mes colliers autour de son cou. Assise devant ma coiffeuse, elle prenait plusieurs poses en affectant d'être une grande dame. J'embrassai le front de sa sœur, puis me levai pour venir vers elle. Je fis mine de l'examiner, et haussai une épaule :

« - Il est très joli, mais... Celui-ci sera bien mieux. »

Je dégrafai le collier, et fouillai dans ma boite à bijoux pour en dénicher un autre, plus fin et raffiné. Je le lui attachai, et la laissai juger du résultat. Elle eut un rire satisfait, avant de s'exclamer :

« - Je suis aussi belle que toi ! »

Je reçus le compliment avec un coup au cœur. Elle aurait pu dire qu'elle était plus belle que moi, comme le faisaient les autres enfants, mais... Non. J'embrassai sa joue en souriant :

« - C'est gentil, ma puce.

- Et c'est vrai. »

Je sursautai en me retournant. Louis s'était avancé dans la pièce, le regard fixé sur moi. Aussitôt, je pris conscience du désordre qui régnait dans ma chambre. Je déglutis difficilement, et tentai nonchalamment de pousser mes jupons sous mon lit. Mais il eut un sourire peu dupe :

« - Je dois avouer que j'aime beaucoup ce joyeux désordre...

- Vous avez vu, père ? La chambre de Lottie est toute pas rangée ! »

Il prit Louise Marie Anne dans ses bras en riant :

« - Oui, j'ai vu cela... »

Il l'embrassa, puis se tourna vers Louise Françoise :

« - Quel magnifique collier...

- Il est à Lottie ! Il est très beau ! »

Elle descendit du tabouret pour tourner sur elle-même avec un éclat de rire. Louis embrassa son front, puis demanda à sa fille :

« - Et comment est-ce que tu...

- Lottie ! »

Je me tournai vers la porte, pour voir Geoffroy se précipiter dans la chambre, l'air bouleversé. Il ne s'inclina pas devant le roi, venant directement à moi pour m'agripper par le coude :

« - Viens ! »

Il m'entraîna hors de la chambre avant que je n'aie le temps de réagir. Stupéfaite, je me laissai faire.

Il m'emmena jusque dans le petit salon, et me tendit une lettre :

« - Père est mort. »

Un grand froid m'envahit. Je sentis mes jambes se dérober sous moi. Aussitôt, il me prit par la taille, m'aidant à m'asseoir dans un fauteuil. Je balbutiai :

« - Mais... Comment...

- Athénaïs a reçu cette lettre il y a trois jours. Et elle n'a jugé bon de me la faire parvenir que maintenant. »

Je sentis ma respiration s'accélérer. Mon père était mort. L'homme qui m'avait rabaissée toute ma vie, qui avait dilapidé ma dot en m'empêchant ainsi de me marier, était mort. J'enfouis mon visage dans mes mains, essayant de me calmer. Geoffroy me prit dans ses bras :

« - Respire calmement. »

Je m'agrippai à lui, sentant des larmes me monter aux yeux. Même s'il s'était comporté comme une véritable ordure, il restait mon père... Mon frère me berça lentement, puis déclara avec douceur :

Deux sœurs pour un roi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant