Lorsque je pénétrai dans le petit château, je vis aussitôt Charlotte. Elle était confortablement blottie dans un fauteuil, dos à moi. Je ne voyais que son épaisse chevelure noire, relevée en un chignon lâche. Je m'approchai d'elle, ravagé par l'impatience de l'embrasser à nouveau. Elle tourna soudain la tête vers moi, et un sourire heureux étira aussitôt ses lèvres. Elle posa un livre sur la petite table à côté du fauteuil, puis se leva brusquement. J'ouvris les bras pour la recevoir, alors qu'elle se jetait contre moi. Brusquement rassuré de l'avoir dans mes bras, je me penchai pour l'embrasser. Elle se pressa contre mes lèvres, s'agrippant à moi comme si elle avait peur que je ne parte soudain. Elle faisait toujours cela.
Je séparai doucement nos bouches, et plongeai mon regard dans ses beaux yeux noirs. Tout son visage semblait taillé dans de la porcelaine. Sa peau était extrêmement pâle, attirant aussitôt l'attention sur ses prunelles sombres et sa bouche rosée. Je l'embrassai encore une fois, fugacement, pour savourer le goût délicieux de ses lèvres. De délicates rougeurs prenaient possession de ses joues pâles, accentuant encore le trouble qui s'emparait de moi lorsque j'étais en sa présence. Charlotte me rendait fou. Fou d'elle.
Je résistai à la pressante envie de l'embrasser encore et encore, et pris son fin poignet entre mes doigts :
« - Viens, je dois te montrer quelque chose. »
Son front se plissa légèrement, signe qu'elle était curieuse. Je pouvais lire chaque émotion sur son visage. Elle était réellement fascinante. Un sourire prit brusquement possession de ses lèvres :
« - Est-ce une surprise ? »
Ses beaux yeux étaient écarquillés, comme l'étaient ceux de Louise Marie Anne lorsque je lui faisais une surprise. Charlotte était comme une enfant. Innocente.
J'acquiesçai en souriant, et l'entraînai dehors :
« - Oui. Une surprise. »
Impatiente, elle s'empressa de marcher à mes côtés, la mine heureuse. Sa petite main se glissa doucement dans la mienne. Je pressai ses doigts, baissant la tête pour la regarder. Elle était plus petite que moi, mais si délicate... Elle sautillait presqu'à mes côtés, sa main palpitant presque dans la mienne.
Je l'emmenai dans un coin un peu reculé des jardins, savourant à l'avance la joie qui allait se peindre sur son beau visage. Alors que nous approchions du bosquet, un hennissement se fit entendre. Et aussitôt, je sentis Charlotte se crisper à mes côtés. Surpris, je baissai les yeux vers elle, mais son visage baissé m'empêchait de voir son expression. Sa main se crispa sur la mienne, comme apeurée. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas. Pourquoi un simple hennissement la mettait dans un tel état ?
Nous débouchâmes près du bosquet, et j'aperçus aussitôt les deux étalons, comme je l'avais ordonné. L'un, le mien, était blanc. L'autre était noir. Noir comme les cheveux et les yeux de Charlotte. Je la sentis s'immobiliser, tandis que sa main se crispait presque brutalement sur la mienne. Aussitôt, je me plaçai en face d'elle, inquiet :
« - Charlotte ? Qu'as-tu ? »
Ses yeux écarquillés par la panique se posèrent sur moi. Elle me lâcha pour reculer d'un pas, et secoua la tête :
« - Je... J'ai peur des chevaux... »
Stupéfait, je la fixai. Pourquoi n'en savais-je rien ? Je voyais clairement sur son visage la peur d'être brutalement rejetée. Sans réfléchir, je l'attirai brusquement à moi, l'emprisonnant dans mes bras, et enfouis mon visage dans sa douce chevelure :
« - Charlotte... Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
- Parce que... »
Sa douce voix tremblait. Je resserrai mon étreinte autour de son corps frêle, comme la rassurer. Je sentis ses doigts s'agripper à ma veste, s'agrippant à moi. Et elle souffla :
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Ficción histórica1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...