8. Vous avez une beauté délicate...

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Je sursautai en entendant la voix du roi, toute proche de mon oreille. Je me retournai, pour m'apercevoir qu'il n'était qu'à quelques pouces de moi. Je sentis mes joues s'enflammer, tandis que les battements de mon cœur s'accéléraient. Je reculai, mon dos se heurtant au mur. Plus que consciente qu'il attendait une réponse, je bafouillai, la gorge nouée :

« - Oh, je... Rien, juste... Rien. »

Je ne pouvais lui parler sans m'embrouiller dans mes mots, et passer pour une idiote. Je le vis sourire. Une étrange chaleur emplit mes membres. Troublée, je baissai la tête.

« - Vous semblez fuir ma présence. »

Je relevai aussitôt le visage vers lui à l'entente de sa voix, les yeux écarquillés. Parlait-il de me renvoyer ? Qu'allait en penser Athénaïs ? Et qu'allait-elle me faire ? Je portai une main tremblante à mon cou, sentant les larmes emplir mes yeux. Aussitôt, il prit mon autre main entre les siennes, la portant doucement à ses lèvres :

« - Je vous en prie, Charlotte, ne pleurez pas. »

Son ton était doux. Il glissa sur moi comme une caresse. Je me sentis faiblir lorsque je sentis ses lèvres appuyer doucement sur le dos de ma main. C'était mal. Il était l'amant d'Athénaïs, le père de ses enfants, et... Le roi.

Sans réfléchir, je retirai ma main, et passai sous son bras pour rejoindre précipitamment ma chambre, sans oser regarder en arrière. J'étouffais. Que lui prenait-il, bon sang ?! Je claquai la porte de la pièce, puis la verrouillai avec des gestes précipités. Au bord des larmes, je me laissai glisser le long du battant, la respiration saccadée. Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi ?! Et pourquoi avais-je eu envie, rien qu'un instant, de le laisser faire ?

J'entendis des pas s'arrêter juste devant ma porte. Aussitôt, je me plaquai les mains sur la bouche pour étouffer de futurs sanglots. Un murmure me parvint :

« - Pourquoi me fuyez-vous ? »

Je serrai la mâchoire, ne voulant pas répondre. J'avais peur. Qu'allait-il m'arriver si je lui avouais que j'étais terrifiée par sa présence, par sa majesté ; que je ne voulais pas m'attirer les foudres d'Athénaïs ; que je refusais de devenir sa maîtresse et d'être bafouée ? Sa voix résonna :

« - Charlotte, je dois partir. Portez-vous bien. »

Ses pas s'éloignèrent. Je me recroquevillai, totalement perdue. C'était le roi, alors pourquoi agissait-il comme cela ? Les paroles de Geoffroy me revinrent en mémoire. « Il a sûrement un dessein bien précis. » C'était impossible ! Je n'étais pas belle, ni drôle, ni... Ni rien ! J'étais juste une pauvre femme pas mariée et horriblement timide. Je fondis en larmes d'incompréhension. Il avait déjà Athénaïs, et elle lui avait donné des enfants, alors... Pourquoi était-il aussi tendre avec moi ?

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J'avais très mal dormi, me retournant encore et encore, obnubilée par le comportement du roi. J'avais peur de le revoir aujourd'hui, qu'il me reproche quelque chose, ou... ou qu'il recommence. A peine les premiers rayons du soleil pénétrant dans ma chambre, je me levai. Je m'habillai lentement, bâillant presque toute les minutes. Je ne savais comment j'allais réussir à passer toute la journée sans m'endormir... Je me coiffai avec des gestes machinaux, puis sortis de ma chambre, mon recueil de poésie à la main. Les enfants se réveillaient toujours assez tard.

Je rentrai dans le petit salon, mais me figeai aussitôt. Le roi était assis sur un fauteuil. Je crispai ma main sur le livre, effectuant une profonde révérence. Sa voix grave me parvint :

Deux sœurs pour un roi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant