Cette voix grave me fit sursauter. J'échangeai un regard avec Geoffroy, avant de tourner la tête vers la porte. Le roi y était appuyé, ses prunelles fixées sur moi avec intensité. Je sentis une vague de chaleur m'envahir, alors baissai les yeux, les reposant sur son livre que j'avais toujours dans la main. Il demanda à mon frère :
« - Puis-je vous demander de nous laisser seuls ?
- Bien sûr, Majesté. »
Mon frère m'embrassa sur la joue, me soufflant à l'oreille :
« - Dis-moi dès que tu vas mal, Lottie. Il ajouta à voix haute. Porte-toi bien, je reviens dès qu'il me l'est possible. »
Je l'embrassai à mon tour, puis l'observai s'éloigner. Me retrouver seule avec le roi m'angoissait légèrement. Geoffroy referma la porte après un dernier regard pour moi.
Lorsque nous fûmes seuls, le souverain vint s'asseoir au bord de ma couche. Il eut un léger sourire en voyant ma main crispée sur son livre :
« - Je vois que vous tenez à mon présent. »
Je m'empourprai, lâchant l'ouvrage pour tordre nerveusement mes doigts sur mon ventre. Il prit mes mains dans les siennes, entrelaçant doucement nos doigts :
« - Calmez-vous, ma douce. Mais dîtes-moi... Athénaïs vient-elle voir nos enfants lorsqu'elle est seule ? »
Je relevai le visage pour croiser son regard, paniquée. Que pouvais-je lui dire ? Je ne pouvais répondre par la négative ! Alors, je murmurai :
« - Oui.
- Charlotte, Charlotte, Charlotte... Son ton était presque déçu. Je déteste les mensonges, surtout quand ils sortent de votre jolie bouche. »
J'écarquillai les yeux, le regardant craintivement. Il soupira, soudainement las :
« - Je sais parfaitement qu'Athénaïs n'éprouve pas d'amour pour sa progéniture. Vous devriez savoir qu'étant le roi, je sais tout. »
J'étais terriblement honteuse. A chaque fois que je mentais, il le savait. Je sentis mes joues rougir, et répondis d'une voix tremblante :
« - Je ne voulais point vous blesser...
- Ce qui me blesse, c'est que vous me cachiez des choses. Ou que vous vouliez m'en cacher, son ton devint amusé. »
Je baissai la tête, ne pouvant croiser son regard. Ma voix devint faible, presqu'inaudible :
« - Je suis désolée... Pardonnez-moi. »
Ses doigts s'enroulèrent autour de mon menton, relevant mon visage vers lui. Ses prunelles grises semblaient me gronder :
« - Ne vous excusez pas. J'ai compris que c'était dans votre nature de vous effacer, de chercher à préserver les autres.
- Cela vous dérange-t-il ? »
Il secoua aussitôt la tête :
« - Non, et vous le savez pertinemment. Si cela me dérangeait, je ne serais pas à votre chevet à cet instant. »
J'acquiesçai lentement, rassérénée. Il pressa tendrement mes doigts, me demandant encore :
« - D'autres hommes vous ont-ils touchée ? »
Je m'empourprai avec force en entendant cette question. Je répondis d'une voix si ténue que je ne l'entendis pas moi-même, la réponse s'étranglant dans ma gorge :
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Ficção Histórica1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...