« - Lottie, je ne t'ai pas... Charlotte ! »
Je sentis des mains me secouer. Lentement, je soulevai mes paupières, habitée par une immense faiblesse. Je croisai le regard noir de Geoffroy, qui semblait paniqué. Il prit mon visage entre ses mains :
« - Que fais-tu là, étendue par terre ? Et... Ton cou ! »
Je refermai les yeux. Je voulais mourir. Je le sentis me soulever. Il me déposa presqu'aussitôt sur une surface moelleuse. Mon lit. Mon frère me tapota les joues, son ton angoissé parvenant à mes oreilles :
« - Charlotte, je t'en prie ! Que se passe-t-il ? Veux-tu que j'aille prévenir le roi ? »
Aussitôt, les larmes me montèrent aux yeux. Je fondis en larmes, silencieusement. Je voulais mourir. La blessure dans mon cœur ne cessait de s'agrandir. Geoffroy me prit dans ses bras, me serrant avec force contre lui :
« - Non, ne pleure pas ! Ne pleure pas, Charlotte ! »
Il n'utilisait que mon prénom. Il était réellement paniqué.
« - Dis-moi ce qu'il t'arrive ! »
Je hoquetai, et soufflai dans un murmure rauque :
« - Je veux mourir... »
Il agrippa aussitôt mon visage, et le secoua :
« - Regarde-moi ! Charlotte, ouvre les yeux ! »
Je rouvris difficilement les yeux, pour croiser ses prunelles noires écarquillées par la panique :
« - Pourquoi dis-tu cela ? C'est... »
Il ouvrit de grands yeux, avant de souffler :
« - C'est de sa faute. »
Il ne pouvait parler que de Louis. De nouvelles larmes roulèrent sur mes joues. Et cela confirma ce qu'il venait d'avancer. Geoffroy me reprit dans ses bras, me serrant de toutes ses forces. Je m'agrippai à lui en sanglotant, dévastée. Repenser à la veille m'arracha une exclamation de douleur, étouffée par la veste de mon frère. Il me berça lentement, la respiration saccadée. Soudain, il siffla :
« - De quel droit a-t-il pu... Que t'a-t-il fait ?! »
Je déglutis difficilement, et soufflai :
« - Il est parti... Il est parti ! »
Je sanglotai plus fort, ravagée par la souffrance. J'avais l'impression de me décomposer, de me morceler, vivante. Comme si une personne s'amusait à me découper en petits morceaux. Je voulais mourir.
Geoffroy caressa mes cheveux, embrassant mon front d'un baiser peiné :
« - Charlotte... Pourquoi dis-tu cela ?
- Il a dit que... Que tout était fini ! Il... Il a entendu que j'étais... La maîtresse d'un homme, et... Et cet homme connaissait ma tâche ! »
Mes sanglots m'empêchaient de respirer. Mon frère prit mon visage entre ses mains, et colla mon front au sien :
« - Calme-toi, Charlotte... Je t'en prie, respire !
- Il m'a laissée... Comme si je n'étais qu'une menteuse !
- Je sais, mais calme-toi... »
Son ton apaisant, rassurant me permit de retrouver un court instant mes esprits. Je m'accrochai à sa chemise, et enfouis mon visage dans son cou en pleurant. Geoffroy recommença à me bercer, et me demanda, sa bouche près de mon oreille :
« - Est-ce lui qui t'a fait ces marques, sur ton cou ?
- Non... C'est moi...
- Oh, Lottie... »
Il resserra son étreinte autour de moi, et embrassa mon crâne :
« - Je ne te laisserai pas dans cette situation. Je vais rester avec toi.
- Je veux mourir, Geoffroy... Je ne veux plus souffrir !
- Je sais, ma petite poupée... »
C'était mon premier surnom, lorsque nous étions tous petits. Un instant, j'eus l'impression d'être de retour en enfance, lorsque je venais me réfugier dans ses bras, dans son lit, après que père m'eut humiliée devant tout le monde.
Sa bouche contre ma peau, il souffla :
« - Nous allons nous battre, Lottie. Tu vas te battre. Tu vas lui montrer qu'il a eu tort de te laisser ainsi, qu'il a cru à un mensonge. Je serai à tes côtés, et je ne te laisserai pas tomber. Je reconnais que j'ai été distant, depuis que tu t'occupes des enfants, mais... Ce temps est révolu. Je vais rester à tes côtés. Et tu vas lui montrer. Tu vas lui montrer que Charlotte Marie Gabrielle de Rochechouart de Mortemart est une femme forte, et innocente de ce dont elle est accusée. Tu feras honneur à ton nom. Et il se mordra les doigts. Je te le promets. Il reviendra. »
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Ficción histórica1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...