1. Vous n'avez toujours pas répondu à ma question.

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Je pénétrai dans la vaste demeure, émerveillée malgré moi. Tout n'était que marbre, dorure, richesse. Le nez en l'air pour apercevoir les peintures murales, je trébuchai sur ma jupe. Je me rattrapai maladroitement à la première chose que je vis. Un buste. Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je reconnus le roi. C'était un buste du souverain. Je m'écartai aussitôt, les joues empourprées par la honte, et marchai encore une fois sur ma jupe. Mais cette fois-ci, je réussis à garder, difficilement, l'équilibre.

Lorsque je tournai mon regard vers le centre de la pièce, je me figeai. Stupéfaite, je tournai la tête vers le buste, puis de nouveau vers la personne qui se tenait avec moi. C'était le roi. Je portai une main tremblante à ma bouche, n'osant bouger. J'aurais souhaité pouvoir être foudroyée afin de ne plus ressentir cette terrible honte. Mais mes prières ne furent exaucées.

Le souverain fit un pas vers moi, l'air amusé :

« - J'imagine que vous êtes Charlotte de Rochechouart de Mortemart ? »

Je plongeai aussitôt dans une profonde révérence, souhaitant à tout prix disparaître. J'entendis ses pieds s'avancer, ses chaussures résonnant sur le sol en marbre. Il s'arrêta juste devant moi, et sa voix me parvint :

« - Relevez-vous. »

Je m'exécutai, la gorge nouée par l'angoisse. Son regard gris glissa sur moi. Je pris une grande inspiration, pour tenter de me détendre. Il déclara d'un ton neutre :

« - Vous n'avez toujours pas répondu à ma question. »

J'entrouvris la bouche, avant de la refermer, paralysée par la honte et la timidité. La première impression que je faisais au souverain était celle d'une jeune femme incapable de répondre à une simple question. Je répondis d'une voix mal-assurée :

« - Je suis navrée, Majesté, je... Je suis bien la sœur d'Athénaïs. »

Il acquiesça, puis se retourna, commençant à marcher :

« - Venez. »

Sa voix était posée, neutre. Comme se devait de l'être celle d'un roi.

Précipitamment, je m'empressai de marcher à sa suite. Il emprunta un couloir, puis ouvrit une porte, pénétrant dans une pièce. J'y rentrai à mon tour, et demeurai bouche bée. L'endroit était immense. Je n'eus pas le temps de détailler l'endroit que j'entendis des cris d'enfants. Je baissai aussitôt les yeux vers trois petits enfants, encerclant le roi. Un garçon, et deux filles. Le souverain se baissa pour les prendre dans ses bras. Un sourire m'échappa devant cette scène de tendresse.

Il se tourna vers moi, me faisant signe d'avancer. Lentement, je fis quelques pas vers eux. Aussitôt, tous les enfants tournèrent leurs regards vers moi, et je crus voir trois Athénaïs, lorsqu'elle était petite. Ils lui ressemblaient tellement ! Je déglutis difficilement. Le roi déclara :

« - Voici Charlotte. Elle s'occupera de vous, car Anne-Marie a dû partir.

- Pourquoi ? »

Celui qui avait parlé était un petit garçon, brun aux yeux noirs. Comme moi. Son père eut un sourire :

« - Elle a dû retourner auprès de sa famille. »

Puis, le souverain me présenta chacune des petites têtes :

« - Voici Louis-Auguste. C'était l'enfant qui l'avait interrogé. Louise Françoise. C'était une brune aux yeux noirs, comme sa sœur. Louise Marie Anne. »

Deux sœurs pour un roi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant