Je me réveillai en sursaut. Le cœur battant, je repoussai ma lourde chevelure noire. Je sentis ma peau se couvrir de sueur. Et, comme la nuit où j'avais surpris le roi, le bruit d'une porte que l'on ferme retentit. Mon cœur se serra d'appréhension. Mais l'excitation secoua ma nuque de frissons. Je repoussai les couvertures, et allumai ma bougie. Je ne pris pas la peine de nouer mes cheveux. Je pris mon bougeoir, et sortis de la chambre. A chaque pas qui me rapprochait de la chambre des enfants, mon cœur tambourinait avec plus de force dans ma poitrine. Je frissonnais d'avance à l'idée de recevoir d'autres baisers.
Sur le seuil de la pièce, je me raclai la gorge en apercevant, comme l'autre soir, le roi debout devant les lits. En m'entendant, il se tendit. Ses épaules se raidirent. Je demandai d'une voix douce :
« - Majesté, pourquoi ne pas venir voir vos enfants dans la journée ? »
Il se redressa, puis se retourna vers moi. Un cri d'épouvante mourut dans ma gorge quand mon regard se posa sur le poignard qu'il avait en main. Mes yeux remontèrent sur son visage. Ce n'était pas le roi, mais un inconnu. Son regard glissa sur mon cœur avec concupiscence. La terreur me noua la gorge. Lorsqu'il fit un pas vers moi, un hurlement de panique m'échappa. La main crispée sur le bougeoir, je tournai les talons, voulant m'enfuir. J'entendis ses pas derrière moi. Il s'était lancé à ma poursuite. Des larmes de panique roulaient sur mes joues tandis que je me précipitais vers la grande porte. Mais en me jetant sur le battant, je compris qu'il était fermé. Un sanglot hystérique m'échappa. Je l'entendais se rapprocher. Sans réfléchir, je me précipitai dans ma chambre. Je lâchai mon bougeoir, qui retomba au sol avec un bruit métallique, et essayai de m'enfermer dans la pièce. Mais l'homme pesa de tout son poids contre la porte, me susurrant :
« - Voyons, ma jolie... Ouvre cette porte. »
Un hoquet terrifié m'échappa. Je m'acharnai à pousser le verrou, mais mes mains tremblantes me desservaient. Je l'entendis tonner :
« - Ouvre la porte !
- Laissez-moi ! »
Ma voix avait des notes plaintives, et les larmes brouillaient ma vue.
Soudain, un coup fut porté contre la porte. Instinctivement, je reculai, terrifiée. Le battant s'ouvrit brusquement, et heurta mon front. Une vive douleur m'envahit. Mes jambes se dérobèrent sous moi. Ma tête heurta le sol, et je sentis soudain mes forces m'abandonner. Le sol sous moi était froid, et apaisa un instant la douleur sourde qui pulsait dans mon crâne.
Je sentis un corps peser sur le mien. Des mains me palpaient sans délicatesse, se glissant sous ma chemise pour toucher ma poitrine. Un gémissement plaintif franchit mes lèvres devant cette intrusion. Je rouvris les yeux. Un visage me faisait face, hideux. Ses yeux semblaient avides, fous. La lueur lubrique dans ses yeux acheva de me faire reprendre mes esprits. J'agrippai ses épaules pour le repousser, pour qu'il arrête de souiller ainsi mon corps de ses mains. Mais il me repoussa brutalement, m'arrachant un cri de douleur et de terreur. Je le vis se soulever pour défaire le bouton de sa culotte. Aussitôt, une telle frayeur m'envahit que ma respiration se bloqua. Il allait abuser de moi.
Alors qu'il abaissait se culotte, je m'écriai en pleurant :
« - Non, arrêtez ! Laissez-moi !
- Tais-toi ! »
Il me gifla avec force, mais je continuai à m'égosiller, le suppliant d'arrêter. Il plaqua sa main sur ma bouche pour me faire taire, mais je le griffai au visage. Je n'avais plus rien à perdre. Il eut un cri de rage, et son poing s'abattit sur ma joue. Une exclamation de douleur m'échappa. Je portai mes mains à mon visage en pleurant. J'avais si mal ! Je bougeai mes jambes dans l'espoir de le frapper, mais il agrippa brutalement mes chevilles.
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Fiction Historique1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...