Pensive, j'admirai le fin bracelet en argent autour de mon poignet. Un présent de Louis. Et, visiblement, il avait pris en compte mes remarques. On pouvait croire que le bracelet m'avait été offert par Geoffroy.
« - Tu manges pas, Lottie ? »
Je clignai plusieurs fois des paupières, avant de relever la tête vers Louise Marie Anne :
« - Si, ma puce. Je... Je pensais à plusieurs choses.
- Tu pourras nous lire une histoire ? me demanda sa sœur. »
Je lui adressai un sourire amusé, et acquiesçai :
« - Bien sûr, mais avant de dormir. Pour que vous fassiez de beaux rêves.
- D'accord ! »
Elles baissèrent la tête vers leur assiette, continuant à manger. Mais j'en étais incapable. Une boule m'obstruait la gorge. Ce n'était qu'une mauvaise impression, mais... Je ne me sentais pas bien.
Je repoussai distraitement la nourriture vers les bords de mon assiette, le ventre noué.
« - Lottie ? Pourquoi tu as l'air triste ? »
Cette fois-ci, c'était Louis Auguste qui avait parlé. Je m'efforçai de lui sourire, de paraître rassurante :
« - Je ne suis pas triste, juste... Préoccupée. Par des... Par rien. C'est stupide. »
Mon sourire se crispa, mais les petits ne parurent pas s'en apercevoir. Ils eurent des mines soulagées, et j'avisai leurs assiettes vides :
« - Avez-vous terminé de manger ?
- Oui ! On veut une histoire ! »
Mon sourire devint sincère. Je me levai, et pris Louis César dans mes bras :
« - Alors allons-y. »
Ils se précipitèrent jusque dans leur chambre. Je les suivais, amusée de leur enthousiasme.
Lorsque j'entrai dans leur chambre, ils étaient occupés à se déshabiller pour se mettre au lit. Je déposai Louis César près de son lit, et l'aidai à se dévêtir. Comme toujours, il fixait ses yeux gris, si semblables à ceux de Louis, sur moi, observant chaque trait de mon visage. J'embrassai son front, et le soulevai dans mes bras pour le coucher.
Ensuite, je m'assis près de leur lit, pris le livre que nous étions en train de lire, et continuai la lecture. Je leur lisais en ce moment Le Malade Imaginaire de Molière. J'adorais entendre leurs petits rires fatigués, qui m'entouraient comme une nuée rassurante. Et comme toujours, lorsque je les sentis moins réceptifs, je terminai la scène en baissant la voix, et refermai l'ouvrage. Je déposai le livre sur une table, puis m'agenouillai près du lit de Louise Marie Anne pour embrasser doucement son front. Elle bougea à peine, déjà endormie.
Je fis de même avec les autres enfants, câlinant un peu plus Louis César, qui réclamait mes bras. Puis, je me levai, me dirigeai vers la porte, et murmurai :
« - Dormez bien...
- Toi aussi, Lottie ! »
En souriant, je refermai doucement la porte de la chambre des enfants, et me dirigeai vers ma chambre. Louis n'était pas encore arrivé, mais... Il n'allait sûrement pas tarder.
Avec habitude, je fermai ma porte, et m'assis devant ma coiffeuse. J'ôtai les épingles de mon chignon, laissant échapper un soupir de soulagement. Je supportais de moins en moins les lourds chignons, qui pesaient désagréablement sur mon crâne. Ma brosse à la main, j'entrepris de coiffer ma longue chevelure noire.
VOUS LISEZ
Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Ficción histórica1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...