« - Charlotte ? Réveille-toi... »
Je grognai, me retournant dans les draps pour enfouir ma tête sous mon oreiller. Un frisson me secoua lorsque des doigts effleurèrent mon dos nu, sous les draps.
« - Charlotte, tu dois te préparer à partir... »
Cette voix... Louis ? Lentement, je sortis la tête de sous l'oreiller, pour faire face à deux prunelles grises. Je me redressai aussitôt :
« - Louis ? Mais... Qu'est-ce que... »
Il prit brusquement mon visage entre ses mains, et écrasa ses lèvres sur les miennes. Aussitôt, je me pressai contre son corps, savourant ses baisers. Contre ma bouche, il soupira :
« - Ton frère t'attend. »
Aussitôt, je le repoussai, les yeux écarquillés. L'espace d'une nuit, j'avais oublié mon départ. Devant ma mine déchirée, Louis me caressa la joue :
« - Tu dois te préparer...
- Reste avec moi. ! Je t'en prie, juste quelques instants !
- Bien sûr ! »
Il me prit doucement dans ses bras. Seul le drap séparait nos deux corps nus. J'enlaçai ses épaules en me serrant contre lui avec désespoir. Je me sentais entière, heureuse, femme. Et j'allais le quitter... Il me serra avec force contre son torse, enfouissant son visage dans ma chevelure dénouée :
« - Si j'avais voulu partir, je l'aurais fait après cette fabuleuse nuit passée avec toi.
- Fabuleuse ? Vraiment ? »
Je relevai la tête vers lui, surprise. Un beau sourire éclaira son visage :
« - Bien sûr, Charlotte. Cela faisait si longtemps que je n'avais ressenti de telles émotions et sentiments avec une femme... »
Je sentis une grande fierté m'envahir, alors cachai ma figure dans le creux de son épaule pour la lui dissimuler. Ses doigts caressaient doucement mon dos, comme un contact apaisant.
Mais trop vite, il m'écarta de lui :
« - Tu dois t'habiller. »
Geoffroy m'attendait ! Prise d'un soudain remord, je me levai brusquement, et passai ma chemise, abandonnée au sol. J'avais préparé mes malles la veille, et avais laissé une robe sur une chaise. Alors avec des gestes précipités, je passai mes multiples jupons, puis mon corset. Les mains tremblantes, je m'acharnai à le lacer quand la voix de Louis m'ordonna :
« - Ne bouge pas, je vais le faire. »
Je savais qu'il ne servait à rien de répliquer. Alors je laissai mes mains retomber le long de mes hanches. Mon corset se resserra peu à peu. Louis me passa ensuite mon corsage, qu'il laça également. Habillée, je restai sans bouger, le cœur déchiré. J'avais si peu de partir ! Mais je devais être forte ! Car si je pleurais sans interruption... Qu'allait-il penser de moi ?
Je ravalai difficilement mes larmes pour aller m'asseoir devant ma coiffeuse. Sans le regarder dans le miroir, j'entrepris de brosser mes longues boucles noires. Je sentais ma gorge se nouer douloureusement à chaque seconde qui passait dans ce lourd silence. Louis ne disait rien. En inspirant profondément, je remontai ma chevelure en un épais chignon, que je fixai avec des pinces. J'essuyai rapidement une larme qui avait coulé sur ma joue, et soudain, Louis apparut dans le reflet, derrière moi, en chemise. Il se mit à ma hauteur, son regard fixé dans le mien. Je le vis prendre mon poignet, qu'il embrassa doucement. Je murmurai :
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Deux sœurs pour un roi (Tome 1)
Ficção Histórica1676, France La Marquise de Montespan rayonne à la Cour et dans le coeur du Roi Soleil. Pour s'occuper de ses enfants légitimés, elle décide de faire appel à sa sœur, Charlotte. Mais bien vite, le roi remarque cette jeune et délicate jeune femme...