Suite à l'appel de ma mère, je décide d'appeler Mathieu, mon copain, pour lui demander de passer la nuit chez moi.
J'espère ainsi penser à autre chose, ressentir un peu d'apaisement. Ou au moins autre chose que cette colère et cette déception.
J'ai beau dire que ça ne me manque pas d'avoir une relation soudée avec ma famille, puisque ce qu'on n'a jamais connu ne peut pas nous manquer, ça ne m'empêche pas d'en rêver. J'admire tellement celle de Mathieu. Ça m'a presque choqué quand je les ai rencontré. Avant ça, je n'avais jamais imaginé qu'on puisse être aussi proche et complice au sein d'un même foyer.
Avant ça, je croyais que toutes les familles se déchiraient et qu'il fallait faire avec.
Depuis, j'ai compris que la mienne était particulièrement dysfonctionelle. Et comme on ne peut pas forcer les autres à changer, je suis partie.
Quelque part au fond de moi, j'espère toujours que mes parents apprennent enfin à m'aimer comme je suis et pour ce que je suis.Je finis par raccrocher le téléphone, lorsque Mathieu accepte de venir me remonter le moral. Je le savais avant même de lui poser la question, parce qu'il m'aime à la folie.
Même s'il n'est physiquement pas parfait, avec son look un peu démodé, ses lunettes, et étant plutôt petit pour un homme, c'est un garçon adorable. Il est drôle, patient, et à l'écoute.
Bien sûr, il a ses défauts, comme tout le monde, mais je tiens beaucoup à lui, il est aussi mon meilleur ami.
Ça fait un an et demi qu'on est ensemble, avec des hauts et des bas, comme dans tous les couples.mon seul regret est de ne pas l'aimer comme il m'aime...
J'ai beaucoup de respect pour lui, mais je n'appellerais pas vraiment ça de l'amour.
L'amour avec un grand A...
Pour ce que j'en sais en tout cas.
Peut-être que j'en attends trop, finalement. J'ai dû lire trop de romans à l'eau de rose.Alors j'essaie tant bien que mal de me contenter de ce que j'ai, de ce qu'il m'offre : une relation stable, rassurante, quelqu'un sur qui je peux compter n'importe quand, qui connait tout de moi, et qui pourtant, est toujours là.
Il me semble que c'est ce que tout le monde recherche...***
«Amélie ça va?
- Oui, entre.
Mathieu me regarde et fronce légèrement les sourcils.
- Non, ça ne va pas. Raconte-moi.
- J'ai pas envie de parler Mat.»
Je me déshabille et vais dans ma chambre sans le regarder. Je n'ai pas besoin de vérifier qu'il me suit.
Il me rattrape et me prend doucement par la main pour que nous allions ensemble jusqu'à ma chambre.
Il me regarde un instant, comme si j'étais la seule personne qui comptait à ses yeux, puis il m'allonge doucement sur le lit en m'embrassant. Doucement, tendrement. Je gémis tandis que sa langue descend le long de ma gorge.
Il me caresse la poitrine d'une main et laisse l'autre descendre entre mes cuisses... Lentement... Trop lentement.Je n'ai pas envie d'attendre plus longtemps, je veux juste oublier.
«Arrête, je te veux maintenant», lui dis-je.
Obéissant, il se place entre mes cuisses et me pénètre tout doucement.
Il me fait l'amour tendrement, en m'embrassant à chaque endroit qui lui est accessible tout en me caressant délicatement.C'est trop doux, trop lent. Je ne ressens absolument rien d'autre qu'un profond ennui.
Frustrée, je m'avance vers son oreille et lui murmure :«plus fort.»
Il accélère légèrement, puis ose aller de plus en plus vite.
Je soupire, il était temps!
Je commence tout juste à sentir le plaisir monter, tandis que Mat arrive déjà à son point de non retour.
Il jouit en me disant combien je suis belle et combien il m'aime.
Dépitée, je tourne la tête et ne réponds rien.«Je ne peux pas vivre sans toi», me dit-il.
Je me fige et je fais comme si je m'étais endormie.
Je ne veux pas entendre ça. Surtout pas. Je ne supporte plus cet amour dégoulinant. C'est tellement lourd à porter.
Me dire que sans moi il ne survivrait pas, qu'il ne serait plus rien, ça m'étouffe. Je n'ai pas envie d'être indispensable pour qui que ce soit.Je n'ai pas d'enfant, pas de chien, pas de chat, pas de poisson rouge, pas même une plante verte. Parce que je ne suis absolument pas prête à m'occuper de quelqu'un. Il faudrait déjà que j'arrive à m'occuper de moi même...
Pourquoi je l'ai appelé? Je l'adore. Vraiment.
Mais je me demande en permanence ce que je fais avec lui, pourquoi je perds mon temps, et surtout le sien, ce que sera ma vie à ses côtés plus tard...La vérité, c'est que j'ai peur de finir seule.
Et j'ai énormément de mal à accepter l'idée de le blesser.
Parce que j'ai des sentiments pour lui, malgré tout, mais pas ceux qu'il mérite. J'ai espéré de toutes mes forces qu'en construisant une relation sérieuse avec lui, je finirais par l'aimer. J'ai essayé de toutes mes forces, mais je dois me rendre à l'évidence : ça ne marche pas.
Ça me fait tellement mal. Pour lui, et pour moi aussi. Plus j'y pense, et plus je me dis que je suis une handicapée des sentiments...Le lendemain, je lui demande de s'en aller.
«Ok ma chérie, tu veux que je revienne quand?
- Je veux juste que tu partes...
- Comment ça que je parte?
- Écoute... C'est... Je suis désolée, je veux juste que ça s'arrête. Je ne te mérite pas.
- Pourquoi tu dis ça? Arrête Amélie, toi aussi tu as droit au bonheur, après tout ce que tu as vécu. Ne me repousse pas s'il te plait. Je t'aime, tu es la femme de ma vie.
- Mais arrête putain!! Arrête de te mettre à genoux comme ça! Arrête avec ton amour, arrête! J'étouffe. J'ÉTOUFFE!!
- Je peux te laisser respirer plus, je ferais n'importe quoi pour toi. Je t'en supplie.»
Je fais une moue de dégoût.
«Justement Mat, je n'ai pas envie que tu fasses ça parce que je te l'ai demandé. Je n'ai pas envie que tu changes pour moi. Tu es quelqu'un de bien et pourtant je ne suis pas heureuse avec toi. Et toi non plus au fond.
Je me rends compte que je t'empêche de rencontrer une fille qui serait bien mieux pour toi. Va-t-en, et oublie moi»Je vois les larmes couler sur son visage.
Il ouvre la porte et s'en va sans un mot de plus.
Il me connaît suffisamment pour savoir que ma décision est prise.
Je le vois s'éloigner, les épaules basses.Je referme la porte, m'y adosse et me laisse glisser par terre. Je pleure à n'en plus finir.
Je suis une vraie garce. Il m'aime telle que je suis, et pourtant, je le dégage comme une merde.
Finalement on est malheureux tous les deux, lui de m'avoir perdue, et moi de savoir qu'il souffre par ma faute.
Mais qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre?Rester avec lui et étouffer? Je ne pouvais plus supporter ça, ni rester avec lui simplement pour ne pas finir ma vie seule.
Ou alors, j'aurais pu lui dire :
«Hé Mat... Comment te dire... je t'adore, tout est parfait entre nous, sauf que je ne prends pas mon pied et j'ai pas envie de passer ma vie à me forcer à passer à la casserole»
Non non non , c'est inenvisageable.J'ai essayé une dernière fois, et ça n'a toujours pas fonctionné.
Pourtant quand je me touche ça marche très bien... Bon bref. J'en ai marre de tout ça.
J'ai l'impression d'être maudite.
Les seuls mecs avec qui ça se passe plutôt bien au lit sont rares et ce sont surtout de vrais connards.Quand j'ai rencontré Mathieu, j'ai eu tout de suite confiance en lui, et j'ai voulu essayer, j'ai cru que ça serait différent, mais non.
Je l'ai détruit et j'ai perdu la complicité qu'on avait.
Je suis vraiment trop conne...
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Prouve moi que tu ne m'aimes pas (Terminé / En Correction!)
Romance«Ne fais pas l'erreur de tomber amoureux de moi. Tiens toi le plus loin possible, si tu ne veux pas souffrir. Crois-moi. Maintenant, rentre chez toi» Qui a dit qu'on cherchait tous l'amour? Certainement pas moi en tout cas. Quand on ne s'aime pas so...