Chapitre 3 - Ne pas s'attacher

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Le chemin qui mène au bar me paraît interminable. Il est fait de pavés, et avec mes talons, je manque de me casser la figure à trois reprises, mais je me raccroche au bras d'Anna, qui se moque ouvertement de moi.

A peine installées à une table, un type se plante devant nous en souriant comme un crétin.

«Salut les filles! Vous ne venez pas souvent dans ce bar, je ne vous ai jamais vues je crois. Je m'appelle David.

Ouais, tu m'as l'air bien lourd, David...
Je le regarde brièvement. Mais t'es plutôt pas mal, bon point pour toi!
À vue d'œil, je lui donnerais un peu moins de trente ans, mais c'est difficile à dire avec certitude étant donné qu'il a une barbe brune de quelques jours, mais bien taillée.

Devant son regard insistant, je comprends qu'il attend une réponse de ma part, et je me secoue mentalement.

- Heu, salut, moi c'est Amélie, et elle c'est ma meilleure amie, Anna...
Bah merde elle est où encore?

Tournant la tête, je cherche où elle a bien pu aller.

- Je crois qu'elle est en train de rouler une pelle à un mec là-bas, regarde.

- Oh merde, déjà... Elle n'a pas perdu de temps!
Bon bah je suppose que je vais devoir rentrer sans elle ce soir...

- Je t'offre un verre?»

Je le regarde et me permets de le détailler, grand, brun, de magnifiques yeux verts, où je peux lire une grande gentillesse, et une bouche qui doit rendre complètement dingues de nombreuses filles...
Il sourit... Merde il a des fossettes quand il sourit!
Je trouve ça trop mignon. Je relève mon regard vers ses yeux, rieurs. Son putain de regard.

« Ça va? La vue te plait? me demande-t-il, taquin.

- Ça va, c'est plutôt pas mal vu d'ici, je réponds du tac-au-tac

Il rit, et je me retiens de faire la même chose, tant il est communicatif

- Et alors ce verre?».

Il a l'air doux. Trop doux. Un peu du même genre que Mathieu, à qui il faut tout expliquer, mais qui ne saisit toujours pas le sens caché des choses.

Au même moment, un autre mec s'approche et me murmure à l'oreille :

«entre nous, je suis sûr que je suis meilleur que lui, tu ne sais pas ce que tu rates ma belle»

Lui, je sais déjà qu'il n'a aucune chance de me plaire.
Il a l'air d'être le parfait gros con sans conversation.
Parfait! C'est exactement ce que je recherche : Un mec potable physiquement, mais dont la personnalité ne me plait absolument pas.
Ainsi, je suis sûre de ne pas m'attacher ni souffrir à nouveau.
Je décide de finir la soirée avec lui, c'est sans risque, et il semble trop con pour chercher une relation sérieuse.

Je me tourne vers David et lui dis :

«Une autre fois peut-être pour le verre. Salut!

- Attends, tu veux pas me donner ton numéro ou prendre le mien, pour un verre ou un café, une autre fois?»

Je lui souris, fais non de la tête et je suis l'autre type.
«Viens, on va ailleurs», lui dis-je.

J'attends à peine d'être dans sa voiture pour lui sauter dessus.

Il essaie de m'embrasser, mais je détourne la tête.
Il n'insiste pas et commence à caresser ma poitrine.
Il pince légèrement mes tétons durcis.
Je me cambre et sens son érection entre mes jambes.

Je me frotte contre lui et l'entends pousser un râle il soulève ma jupe et me caresse à travers le tissu de mon string.

Je gémis et défais son pantalon que je descends en même temps que son boxer. Je le caresse de haut en bas et entends son souffle s'accélérer.

Il prend un préservatif et me le tend. Je lui enfile après avoir enlevé mon string et il s'enfonce en moi d'un coup.
Mon souffle se coupe tandis qu'il accélère les va-et-vient .
Il me prend de plus en plus fort et me tire les cheveux. C'est ça que j'aime, quand c'est fort et sauvage, pas quand c'est lent et parsemé de mots doux.
Je pose mes mains sur ses fesses et l'incite à prendre un rythme plus rapide, plus vite, plus fort.
Je ferme les yeux pour savourer ce moment.
Je pousse un cri quand je sens le plaisir monter.
Sa respiration s'est accélérée, je sais qu'il va bientôt jouir. Il me fait gémir de plaisir quand il me mord l'épaule. Je crie en lui griffant le dos tandis qu'il jouit.

Moi, non. Comme d'habitude.
C'est compliqué avec moi.
Soit je ne prend pas de plaisir du tout, je pense à ma liste de courses, à mon travail, mon passé, soit,
(c'est plus rare mais certains mecs y arrivent) je prend énormément de plaisir, comme à l'instant, mais l'orgasme vient pas. Je ne sais pas pourquoi. Enfin si, plus ou moins. Je n'ai pas la chance de pouvoir en parler à ma mère pour savoir si je suis normale ou si un truc déconne chez moi.
Comme ça marche bien quand je me touche, je présume qu'il ne manque rien, physiquement en tout cas.
J'imagine que c'est une histoire de confiance. Il faudrait que je lâche prise peut-être, mais je ne sais pas comment faire.

Parfois, je me demande pourquoi je fais ça. Pourquoi je continue à coucher avec tous ces hommes alors que je prends bien plus de plaisir seule. Je devrais peut-être rester seule et vieillir avec 12 chats dans mon appart.
Quelque part, j'essaie sans doute de me prouver que ne je suis pas complètement cassée. Et puis j'espère probablement encore un jour en trouver un avec qui j'y arriverai, même si je suppose que c'est illusoire...

Au fond, je sais que je plais aux hommes. Et ça me dégoûte, parce que pour la plupart, ils ne s'intéressent qu'à mon physique.
Je ne suis pas non plus un top modèle, je suis même un peu ronde, mais j'ai un joli visage. A force qu'on me le répète, j'ai pris conscience que mes yeux et mon sourire plaisaient.

Mais les hommes ne cherchent pas à connaître celle que je suis vraiment. Et je me dis que si j'étais laide, personne ne viendrait me parler.
C'est triste, parce que ça ne voudrait pas dire que je suis moins intelligente ou moins intéressante.

D'un autre côté, ça me rassure un peu. Je me dis que ça ne se voit pas tout ce que j'ai vécu, ça me prouve que ce n'est pas écrit sur mon front comme je l'ai longtemps cru.

Le type me prend dans ses bras et me caresse les épaules en déposant des baisers dans mes cheveux.
Je me crispe instantanément.
Oh pitié pas ça.

Qu'il arrête, c'est bon, on a baisé, je veux juste me barrer maintenant...
Il se permet de m'embrasser. Je ferme les yeux et essaie de penser à autre chose, mais ça me dégoûte.
C'est complètement con, j'en suis consciente, je viens de coucher avec lui, et ça m'a plu, dans l'ensemble. Alors pourquoi des caresses et des baisers ça me rebute comme ça?

C'est comme ça. Ai-je forcément besoin d'une raison? Après tout, il y a aussi des mecs qui couchent et qui ne veulent pas de câlins après leurs parties de jambes en l'air. Pourquoi ça serait différent pour moi?

Je le repousse doucement et remets mon string.

«C'était trop bien, poupée j'ai jamais connu ça à ce point, me dit-il

- Ouais, ok merci, c'était cool. Bon bah j'y vais, à plus!

- Non mais... Attends, tu veux pas qu'on discute un peu? Je sais même pas comment tu t'appelles.

- C'est pas la peine. Écoute t'as l'air sympa hein, mais je suis un nid à emmerdes, crois moi, t'attaches pas à moi ça vaut mieux pour toi. Je vais te faire souffrir sinon. Qui s'y frotte s'y pique», lui dis-je avec un clin d'œil.

Je sors de la voiture et m'en vais sans me retourner.

Prouve moi que tu ne m'aimes pas (Terminé / En Correction!)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant