Chapitre 6 : L'incident

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Le lundi matin, Gwenaëlle se leva et alla à la salle de bains pendant que ses parents déjeunaient. En se regardant dans le miroir, elle se trouva une mine affreuse. Elle n'était vraiment pas du genre coquette ou soucieuse des apparences mais là, elle était forcée de reconnaître que ces journées de collège et ces nuits sans sommeil commençaient à la trahir.

"M'immerger dans le travail d'accord. Mais il se pourrait que j'aie atteint une certaine limite. Le pire, c'est que je ne me sens pas si épuisée que cela. Pourtant, j'ai l'impression de voir un fantôme dans cette glace," se dit-elle.

Elle se détourna et attrapa une serviette. Elle prit une longue douche, se lava et se coiffa avec soin. Une fois habillée, elle se rendit compte que la douche n'avait rien changé à la taille de ses cernes et elle décida de se maquiller légèrement. Satisfaite du résultat, elle rejoignit ses parents à la cuisine. Ils furent un peu étonnés de voir un soupçon de fard à paupière sur ses yeux mais décidèrent de ne pas commenter. Après tout, il était normal qu'elle grandisse. Après le petit déjeuner, ils partirent et les parents de Gwenaëlle la déposèrent à son arrêt de bus. Elle rejoignit aussitôt Mathilda avec qui elle discuta de tout et de rien. Elles ne se séparèrent qu'à l'arrivée. La jeune fille marcha encore plus rapidement que d'habitude jusqu'à son collège. Elle sentait la pression monter à l'idée de confronter Laurent à ses mensonges. En arrivant, elle alla à son casier puis elle monta au CDI. Au bout d'une dizaine de minutes, elle commençait à s'impatienter quand elle entendit des pas derrière elle. Elle se retourna et vit Laurent.

"Salut, lança-t-elle d'un ton sec.

- Gwenaëlle, je suis content de te voir. 

Il lui sourit et s'approcha. Elle leva immédiatement la main pour l'arrêter.

- Fais ton hypocrite, ironisa-t-elle.

- Comment ? répliqua-t-il, méfiant cette fois-ci.

Son sourire avait disparu.

- Tu m'ignores tout le weekend, tu me donnes rendez-vous ici sans même te donner la peine de demander de mes nouvelles et, ah oui j'oubliais, tu embrasses Lena sous mes yeux !

La voix de Gwenaëlle était pleine de rage. Elle sentit la fatigue grimper en flèche en elle, comme si elle l'avait trop contenue. Elle luttait pour ne pas montrer à quel point elle se sentait étrange soudainement et conserver cette attitude défensive forcée, presque surjouée.

- Tu nous as vus ? bégaya le jeune homme, perdant définitivement sa contenance.

- Oh oui ! répondit l'adolescente. Mais tu as une défense, j'imagine.

Elle était écœurée par son comportement et espérait en finir au plus vite.

- Oui. A notre âge, on a besoin d'essayer, de tester. Entre mon baiser avec Lena et mes sentiments pour toi ce n'est pas du tout la même chose tu vois.

Gwenaëlle écarquilla les yeux face à cet ultime acte de lâcheté.

- Ah d'accord, visiblement tu ne comprends pas les sarcasmes ! Je ne veux plus te voir, tu m'as trahie et rejetée. Tu m'as aussi menti ! Je ne veux plus jamais être avec toi, c'est clair ?

- Attends Gwen, tu dois comprendre, tu..."

Mais la jeune fille, furieuse, s'éloignait déjà. Il lui courut alors après et la rattrapa par le poignet. Il n'aurait pas dû. Son ex petite amie pivota sur ses talons avec un cri rauque : ses yeux étaient verts. Au même moment, Laurent sentit la brûlure et il lâcha son poignet. Une flamme immense s'enroulait autour. Incapable de la contrôler, Gwenaëlle la vit monter bien plus haut que la dernière fois. Sans savoir pourquoi, elle se rapprocha tout de même de lui. Elle se sentait incapable de se contrôler et avait tout juste conscience que le monde se brouillait autour d'elle mais voulant finir cette conversation.

SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant