Chapitre 18 : Un pont entre deux existences

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Suite au discours de la mage rousse, Gwenaëlle avait aussitôt décidé de passer ses trois jours à étudier. Elle n'aimait guère être enfermée et souhaitait s'octroyer plus de liberté quand tout cela serait terminé.

Le lendemain, elle gagna donc la salle d'études après le petit déjeuner et y travailla toute la journée. Appliquée et concentrée, elle paraissait indifférente au reste. Elle avait rapidement appris comment masquer ses émotions et n'en ressentait qui plus est aucune à la perspective du verdict. Le soir tombé, elle dîna rapidement et monta voir Fenris qui avait avancé durant la journée. Avec Gaïa, ils passèrent la nuit à évoquer différentes possibilités concernant les métamorphoses de l'adolescente. Ils commencèrent surtout à lui apprendre les sorts basiques permettant de passer d'une forme à l'autre. C'étaient les mêmes sorts pour toutes les métamorphoses et ils permettaient de choisir le moment de sa transformation et non de la subir aléatoirement. En effet, contrairement à Fenris, aucune pleine lune n'engendrerait la métamorphose de la jeune apprentie : une fois qu'un événement environnemental rare aurait engendré son premier changement, elle seule déciderait de devenir une jument sauvage. Finalement, emportée et passionnée par le sujet, montrant un réel enthousiasme pour la première fois depuis son arrivée, Gwenaëlle dormit à peine quatre heures avant de regagner la salle d'études. Elle y retrouva Ankris qui, lui, ne pouvait s'empêcher de tourner en rond à l'idée de connaître la décision de Lys le lendemain. Il craignait, sans oser se l'avouer, de perdre Gwenaëlle. Voyant cette dernière se replonger dans le Manuel, il lui demanda sèchement comment elle faisait pour rester aussi calme. Comme elle ne répondait pas, il insista avec anxiété : 

" On dirait presque que tu serais heureuse d'être renvoyée. Tu me diras, c'est peut-être le cas puisque tu retrouverais ainsi ton amour parfait..., ironisa-t-il, amer.

La mage tirée de sa concentration bondit et se dressa devant lui : 

- Ne t'avise jamais de répéter ça, c'est clair ? Cet amour parfait dont tu te moques ne changera pas, il se nomme Léo et il aura mon cœur pour longtemps ! Ce n'est pas parce que tu es mon nouvel ami que tu peux te permettre ce genre de réflexion, d'autant plus que je ne risque pas de me confier à toi ! cria-t-elle, folle de rage. Sa voix raisonna dans la salle comme un coup de tonnerre.

Elle était tellement en colère qu'une flamme s'enroula autour de son poignet. S'en rendant compte, la jeune fille inspira profondément, lui lança une dernière œillade assassine et se rassit. Avec la fatigue, s'emporter n'était peut-être pas l'idée la plus judicieuse... L'elfe, le regard éteint et pâle, sortit, sans un mot. Ambre, qui entrait au même moment, parut étonnée mais Gwenaëlle lui fit signe de ne surtout pas intervenir.Elle réussit ensuite à éviter Ankris durant le reste de la journée et ils ne se retrouvèrent dans la même pièce que le lendemain, quand Lys les convoqua tous dans son bureau : 

"Gwenaëlle, commença-t-elle, à compter d'aujourd'hui tu es privée de voir Hermès durant deux semaines (et c'est là le seul moyen de t'atteindre, songea-t-elle). De plus, tu devras suivre des cours renforcés de maîtrise de pouvoirs. Ils étaient prévus mais seront plus intensifs, plus longs plus encadrés, d'autant plus que d'autres incidents se sont produits ces derniers temps. Il est hors de question que tes émotions gouvernent ton pouvoir, est-ce compris ? 

Elle avait martelé ces derniers mots. L'apprentie concernée hocha la tête. Seule la contraction de sa mâchoire indiquait que l'allusion de la mage rousse lui déplaisait, tout comme le fait d'être séparée de son étalon.

- Jules, continua Lys, pour avoir mis en danger la vie d'une apprentie de première année, alors que tu es le plus âgé, mais également pour l'avoir menacée depuis son arrivée, avec une arrogance ne convenant guère à un futur mage, tu es renvoyé. Tu as deux heures pour préparer ton départ et contacter éventuellement ta famille. Libre à toi ensuite d'essayer de passer l'Examen final (cdlt : l'épreuve du feu) dans une autre école, conclut-elle. Je n'interférerai pas contre toi. 

SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant